À l'occasion de la Journée internationale de la biodiversité du 22 mai
Le pôle Outre-mer de France Télévisions vous propose de découvrir le documentaire événement « La fabrique des pandémies ».
Dengue, chikungunya, covid-19, sida, Ebola : le nombre de maladies émergentes – jusqu'alors inconnues – a explosé ces quarante dernières années. La plupart d'entre elles sont des zoonoses, des maladies infectieuses transmises aux hommes par les animaux.
Dans ce documentaire exceptionnel, la comédienne Juliette Binoche cherche à saisir les causes de cette épidémie de pandémies. Elle part à la rencontre de scientifiques du monde entier pour comprendre quels sont les liens entre la santé humaine et la santé des écosystèmes.
Depuis les années 2000, l’humanité est confrontée à au moins une nouvelle maladie infectieuse par an. 70 % des maladies sont transmises par des animaux aux humains. La dernière en date, la covid-19. La tentation est forte d’éradiquer les virus en exterminant les espèces qui en constituent les réservoirs, mais le remède serait pire que le mal : pour les spécialistes qui les étudient, c’est précisément la fragilisation des milieux sauvages qui crée les conditions d’émergence des « zoonoses ».
En précipitant l’effondrement de la biodiversité, les activités humaines sont les responsables de cette « épidémie de pandémies », selon un grand nombre de scientifiques. « La santé planétaire », c’est la réponse qu’ils proposent face à cette menace : une conception globale de la santé pour prendre soin tout à la fois des hommes, des animaux et des écosystèmes.
Partie à la rencontre de ces « écologues de la santé » dans le monde (Asie, Afrique et Amérique), Juliette Binoche découvre comment, sur le front de la déforestation, des monocultures et de l’élevage industriel, mais aussi du dérèglement climatique, aux quatre coins du monde, de multiples vigies scientifiques surveillent la propagation de nouveaux agents pathogènes, et travaillent avec les populations locales pour en limiter les risques.
Le constat est sans appel : si nous ne nous attaquons pas aux causes environnementales, les alertes aux pandémies prendront le pouvoir sur nos vies et le coût – financier, humain et écologique – sera colossal.
Diffusions : en Outre-mer à partir du lundi 23 mai sur les chaînes du Réseau La 1ère et à revoir dès le jeudi 23 juin sur La1ere.fr, l'offre numérique Outre-mer de France Télévisions.
147 min
Réalisation
Marie-Monique Robin
Avec
Juliette Binoche
Musique
Emily Loizeau
Production
M2R Films
Direction de la stratégie éditoriale transverse du pôle Outre-mer
Rémi Festa
Gabrielle Lorne
Directeur de la stratégie éditoriale
Pôle outre-mer - France Télévisions
Luc de Saint-Sernin
2022
« Préserver la biodiversité, c’est protéger notre santé »
Marie-Monique Robin, réalisatrice
Entretien avec Juliette Binoche
Entretien avec une artiste engagée désireuse d'« apprendre et de comprendre ».
- Comment est née l’idée de participer au film ?
Juliette Binoche : En regardant les films documentaires de Marie-Monique Robin, j’ai eu immédiatement envie de la contacter pour la rencontrer et lui proposer de faire partie du jury du Porquerolles Film Festival (Cinéma & Environnement) dont j’étais présidente en août 2020. Marie-Monique, qui était en pleine écriture de son livre, m’a transmis le synopsis du documentaire qu’elle avait rédigé à partir de ses entretiens avec une soixantaine de scientifiques. Elle m’a ensuite fait part de son désir de m’intégrer à son projet. Elle ne savait pas encore comment, mais son envie d’ouvrir son travail de journaliste d’investigation à un public potentiellement plus large avec une artiste, et de partager ses connaissances, s’est peu à peu imposée. Notre rencontre a été tout de suite passionnée et fraternelle. De mon côté, cette passion est nourrie par le désir d’apprendre et de porter un projet d’intérêt public mais surtout humain.
- Que cherchez-vous à comprendre ?
J. B. : Dans la confusion générale face à la pandémie et ses conséquences, nourrie par des avis parfois très opposés, j’ai eu envie de relayer la parole des chercheurs qui vivent et travaillent dans différents pays du monde, pour comprendre comment la nature est reliée à l’humain, comment nous coexistons dans le vivant, quel est le lien réel qui nous tient ensemble. Cette interdépendance est parfois difficile à concevoir, car nous avons pris l’habitude dans nos villes d’être coupés de la nature et de la connaissance du vivant. Une coupure qui se vit aussi malheureusement dans les campagnes, puisque l’agro-industrie, l’arrachage des haies, la chimie ont largement pris le dessus.
J’aimerais dans ce film, grâce aux rencontres internationales avec ces scientifiques, éclaircir les raisons du déséquilibre de notre biodiversité. J’ai besoin de comprendre comment nous sommes reliés à ce virus, comment il est apparu et comment il peut être évité. Car cette pandémie est un avertissement. La vie sur Terre nous appartient-elle ? À l’heure de l’intelligence artificielle et des techniques toujours plus performantes qui fascinent tant, il est urgent de nous remettre en question. L'équilibre de la biodiversité est perturbé par le rythme effréné de notre mode de vie, ce qui nous fragilise gravement. Ce n’est qu’un début, et c’est la raison de l’urgence de ce film.
- Pourquoi avez-vous envie de rencontrer des scientifiques ?
J. B. : C’est certainement un des chemins les plus excitants, car avec des méthodes scientifiques, méticuleuses et posées, l’intuition est aussi un moteur de découverte. Le monde scientifique m’est assez lointain et c’est la raison pour laquelle j’ai très envie de rencontrer ces chercheurs, car je pense que la passion est le pont réel entre tous les humains.
- Que peut apporter la collaboration entre une artiste et une journaliste d’investigation ?
J. B. : Je pense que nous avons l’une et l’autre conscience de l’urgence de notre situation actuelle, de notre fragilité, mais aussi de notre potentiel de retournement. Les réalisateurs ont en tête une certaine idée de leur film et de ce qu’ils veulent dire. Mon travail est d’aider à cette réalisation mais en le tirant vers d’autres questions possibles, d’autres ouvertures. Je pense que nous pouvons vraiment nous compléter, la rigueur de Marie-Monique d’un côté et de l’autre mon désir d’emmener les spectateurs vers une sensibilité nouvelle.
Propos recueillis par M2R Films
Teaser
Visuels