Temps fort semaine 03
Après la Seconde Guerre mondiale, la série « Le jour où… » s’intéresse au processus de décolonisation. En trois volets, elle raconte ces journées décisives qui ont permis aux anciens territoires français de commencer à recouvrer leur indépendance. Tout en retraçant, grâce à de nombreuses images d’archives, les grandes étapes qui y ont conduit. Ce soir, Laurent Joffrin et Laurent Portes font revivre la fin de l’Indochine.
À Genève, ce 10 juillet 1954, Pierre Mendès France s’adresse aux Français et leur annonce le « rétablissement de la paix en Orient ». Après d’âpres négociations avec les différentes forces internationales en présence, il vient d’obtenir l’accord qui doit permettre à la France de maintenir une partie de son influence en Indochine, tout en évitant une guerre totale et destructrice. Comment l’homme politique a-t-il réussi ce tour de force après huit années de conflit ? Le 18 juin 1954, il a promis au peuple français qu’il trouverait une solution diplomatique sous trente jours ou alors serait contraint d’engager toutes les forces armées. Or, à Diên Biên Phu, les combattants du Viêt-minh viennent d’infliger à la France une lourde défaite — plus de deux mille morts et douze mille prisonniers —, qui sonne le glas du gouvernement en place. Pierre Mendès France, appelé à la rescousse pour en former un nouveau, marque la rupture avec ses prédécesseurs de cette IVe République instable. Fervent partisan de la négociation politique pour l’accès à l’indépendance du Vietnam, il s’impose à la conférence de Genève, où la guerre en Corée devait être le sujet principal. Mais l’affront infligé par les combattants communistes « en sandales » à l’une des grandes puissances occidentales redistribue, en pleine guerre froide, la carte des priorités.
De Potsdam à Genève
Le sort de l’Indochine, « la perle de l’Empire français », avait été scellé en août 1945 lors de la conférence de Potsdam : Soviétiques, Américains et Britanniques définissant le 16e parallèle comme ligne de démarcation entre la Chine nationaliste et le Sud sous administration britannique. Inacceptable pour la France ! Deux mois plus tard, Hô Chi Minh, leader de l’opposition au colonialisme et fondateur du Parti communiste indochinois, proclame la naissance de la République démocratique du Vietnam. En mars 1946, suite aux négociations voulues par de Gaulle avec Hô Chi Minh, la France reconnaît le Vietnam comme un État libre, acceptant d’adhérer à l’Union française. Mais, en juin, le haut-commissaire, vice-amiral Thierry d’Argenlieu, farouche partisan du maintien de l’Empire, déclare la République autonome de Cochinchine sur tout le sud du Vietnam. Dès lors, Hô Chi Minh entre en clandestinité, en novembre le port d’Haiphong est bombardé, Hanoi se soulève en décembre, la guerre d’Indochine commence…
Un fervent défenseur de l’indépendance
Pour y mettre fin, en 1954, Pierre Mendès France a deux objectifs : partager les zones d'influence au niveau du 18e parallèle, et repousser la date des élections dans le Sud afin d’effacer le contexte favorable au Viêt-minh. Pendant quelques jours, le président du Conseil va multiplier les rencontres informelles en marge des séances plénières. Dans la résidence de l’ambassadeur de France sur les bords du lac Léman, il reçoit successivement Molotov, le représentant soviétique, l’Américain John Dulles, le Chinois Zhou Enlai, et surtout celui vers qui tous les regards se tournent, Pham Van Dong, « le neveu préféré de l’oncle Hô » et un des principaux organisateurs de l’armée de libération du Vietnam, qui demeure inflexible : « Nous sommes venus pour que vous reconnaissiez votre défaite. » À l’aide de reconstitutions, ce film relate ces différentes discussions jusqu’à la dernière tentative, in extremis, pour sauver la paix.
Anne-Laure Fournier
Série documentaire
Durée 3 x 52 min
Auteurs Laurent Joffrin et Laurent Portes
Réalisateur Laurent Portes
Production Et la Suite..! Productions et l’INA, avec la participation de France Télévisions
Année 2017
#lacasedusiecle