La Tombe de Gengis Khan, le secret dévoilé

« Il est mort en août, probablement en 1227, à un âge assez avancé, raconte John W. Woods, professeur d’histoire de l’Iran et de l’Asie centrale à l’Université de Chicago. Les Mongols disent qu’il avait 65 ans, mais on ne le sait pas précisément. Alors, qu’a-t-on fait du corps ? Pour tous ceux qui cherchent sa tombe, c’est la grande question. » Depuis le XIII^e siècle, cette illustre énigme archéologique a passionné des générations d’aventuriers, de scientifiques et d’historiens : quelque part en Mongolie se cache la tombe du plus grand conquérant de tous les temps, Gengis Khan. Mais où se trouve-t-elle exactement ?

Pour tenter de résoudre ce mystère, le Pr Pierre-Henri Giscard a décrypté les textes anciens et étudié les rites funéraires des Mongols au Moyen Âge, ainsi que ceux de leurs ennemis héréditaires, les Chinois. Directeur scientifique de l’Institut des déserts et des steppes, il arpente, depuis plus de vingt ans, les territoires d’Asie centrale à la recherche de sites archéologiques. Avec le rêve inavoué de découvrir, un jour peut-être, la tombe de Gengis Khan dans le massif du Khentii, au nord de la capitale, Oulan-Bator, qui a vu naître le futur empereur.

Sur la piste de l’empereur mongol

« Dans le folklore mongol, on enterre les morts près de leur lieu de naissance », explique John W. Woods. Mais comment localiser dans cette immensité l’emplacement précis de la sépulture ? Pour l’archéologue français, « tout converge vers la montagne du Burkhan Khaldun ». « Nous savons que ce mont, dont le sommet culmine à plus de 2 000 mètres, a joué un rôle très particulier dans la vie de Gengis Khan, puisqu’il lui attribuait son salut, confirme Iaroslav Lebedynsky, historien des peuples de la steppe à l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales). Pourchassé par ses ennemis, il s’était réfugié dans la montagne et y avait passé un certain temps. Enfin sauvé, il avait promis de sacrifier chaque jour de sa vie au Burkhan Khaldun, au “génie de la montagne”. […] Donc il existe entre le personnage et ce mont un lien sentimental très fort qui justifierait que sa tombe soit cherchée dans ces parages. »

L’entreprise s’annonce difficile, car, en Mongolie, Gengis Khan est considéré comme le père de la nation. Le Burkhan Khaldun est situé dans une zone sacrée et interdite d’accès depuis le Moyen Âge. Aucun archéologue n’a jamais pu y pénétrer. Déterminé à retrouver la piste de l’empereur mongol, huit siècles après sa mort, le Pr Pierre-Henri Giscard a réussi à négocier quatre jours sur place. L’archéologue emmène avec lui dans cette mission d’investigation hors normes Julien Guery, géomorphologue, et Raphaël Hautefort, spécialiste en imagerie scientifique aérienne et souterraine. Leur objectif ? Modéliser le terrain pour détecter et analyser tout relief anthropique. Grâce aux nouvelles technologies, il serait en effet maintenant possible de localiser la tombe sans intrusion, sans destruction, sans même donner un seul coup de pioche. Mais avant d’atteindre leur but, il leur faut d’abord traverser les quatre-vingts kilomètres de marécages qui protègent naturellement « la montage sacrée »…

Amandine Deroubaix