Chutes, agressions, accidents de la route ou de sport entraînent chaque année, en France, quelque 150 000 traumatismes crâniens. Parfois avec des conséquences non négligeables mais indécelables. Témoignages de patients et explications de médecins à l’appui, ce film revient sur ces séquelles invisibles qui handicapent la vie au quotidien.
Ils s’appellent Véronique, Romain ou Marie et ressemblent, de prime abord, à tout un chacun. Seul point commun entre eux : un accident ou une agression à l’origine d’une lésion cérébrale. Tous en ont conservé des séquelles importantes bien qu’invisibles à l’œil nu et même parfois indécelables par l’imagerie médicale classique. Des troubles qui les empêchent de mener une vie normale et vont jusqu’à altérer leur personnalité. Des problèmes que leur entourage a du mal à comprendre et qui restent largement méconnus. La plupart des 150 000 traumatismes crâniens recensés chaque année en France sont considérés comme légers, car ils n’entraînent pas une longue perte de connaissance. Pourtant, un tiers de ces derniers sont responsables de séquelles neurologiques qui peuvent durer quelques jours, quelques mois ou se transformer en handicap permanent.
Enfin pris au sérieux
Depuis une banale chute à patinette, il y a trois ans, Véronique souffre de troubles de la mémoire importants qui l’obligent à dresser des listes pour effectuer les gestes les plus simples du quotidien. Des pense-bêtes pour ne rien oublier, y compris d’aller dormir. Victime d’un accident de scooter, il y a six mois, Romain, toujours en rééducation, a du mal à contrôler ses émotions. À 25 ans, il a l’impression d’être devenu un autre et est pour l’instant incapable de reprendre son métier de cuisinier. Quant à Marie, la sportive, elle a été obligée d’abandonner le rugby à 26 ans, suite à de multiples chocs qui ont affecté sa mémoire immédiate. Jusqu’à il y a très récemment, ce type de séquelles était souvent ignoré et même remis en cause par le corps médical qui les regroupait sous le nom de « syndrome subjectif ». Mais, aujourd’hui, ces troubles commencent à être pris en charge, notamment au CHU du Kremlin-Bicêtre. Depuis 2015, le Pr Nozar Aghakhani y reçoit des patients atteints de troubles neurologiques après un traumatisme crânien léger récent (moins de trois mois). Objectif : la mise en place d’une rééducation précoce. Il s’agit pour l’instant de la seule consultation de ce genre en France. La soirée se poursuit par un débat avec des spécialistes, suivi de la diffusion du documentaire Le Coma et ses mystères.
Beatriz Loiseau
Documentaire
Durée 52 min
Réalisation Olivier Pinte
Production Ligne de Front, avec la participation de France Télévisions
Année 2016
#LMEF
Véronique : Quand on me dit : « Tu te rappelles pas ? », c’est comme si vous disiez à quelqu'un qui est en chaise roulante « Tu peux pas marcher ? ». Non, je ne peux pas, c’est dur pour moi.
Romain : Je fais beaucoup de sport pour essayer de contrôler mes pulsions. […] Je n’avais jamais tapé dans un mur. Le moi d’avant n’aurait jamais fait ça. Mon moi d’avant n’a jamais été violent. Tout ce dont je rêve, c’est de récupérer celui que j’étais avant l’accident.
Marie : Ce qui est dur avec ce genre de choses, c’est que ce n’est pas quelque chose de physique. Personne ne peut le voir ; il n’y a que moi qui le sais.