Communiqué de presse
Pourquoi certains complotistes sont-ils aujourd'hui prêts à passer à l’acte ? À basculer du militantisme de clavier à l’action violente ? Qui sont les influenceurs conspirationnistes qui les encouragent à faire sécession ? Retour sur « l’affaire Mia » — du kidnapping d’une fillette de 8 ans au projet fou de « renversement » de l’État français.
Ce drame familial survenu il y a un an, en avril 2021, raconte la dérive numérique d’une jeune maman qui va organiser l'enlèvement de sa propre fille, Mia, avec l’aide d’inconnus rencontrés sur Internet. Lola Montemaggi, désocialisée, a rejoint le mouvement des Gilets jaunes, puis des anti-vaccins, et basculé petit à petit dans une sphère complotiste radicale. Comme elle, certains assimilent aujourd’hui la République à une dictature et veulent faire sécession, derrière des groupes comme One Nation, une nébuleuse qui ne reconnaît plus l’État. À sa tête, Alice Pazalmar, qui prône « l’émancipation » des êtres « de toute forme d'autorité illégitime ». Prise dans l'engrenage des réseaux sociaux, Lola Montemaggi va rencontrer des individus liés à Remy Daillet, un gourou conspirationniste installé en Malaisie.
À en croire ces gourous d’un nouveau genre, dans une période troublée, propice à l’émergence et à la récupération des colères, il n’y aurait plus qu’une solution : vivre en dehors de la société, ou la renverser.
Du complotisme au terrorisme, il n’y a qu’un pas et les services de renseignement craignent aujourd’hui un « 6 janvier » à la française, référence à l’assaut du Capitole à Washington par des conspirationnistes américains.
Note d'intention de Félix Seger
Ce film s’attache à démontrer la dangerosité des théories QAnon. Nées aux États-Unis en 2017, elles sont aujourd'hui influentes en France. Notamment à travers ce discours viral : les enfants seraient victimes d'un complot pédocriminel organisé par les élites au pouvoir.
Quelle meilleure proie qu’un parent dont les enfants ont été placés, ou dont ils ont perdu la garde ?
Manipulés, bombardés de vidéos et de messages, des parents décident de déscolariser leurs enfants et de vivre en autarcie, ils ne reconnaissent plus l’école ni les institutions de la République, ils se définissent en tant qu'« êtres souverains ». Et peuvent aller jusqu'à enlever des enfants. Persuadés de faire le bien, ils vont les « délivrer » d’un réseau organisé.
En partant de l'enlèvement de la petite Mia, l'enquête remonte le fil numérique de cette affaire : on y découvre des leaders charismatiques qui recrutent à tour de bras : des Gilets jaunes aux manifestants anti-pass sanitaire, toutes les colères sont bonnes à être exploitées pour attiser une haine des institutions et une défiance envers le gouvernement.
D’où viennent ces théories et à qui profitent-elles ? Comment une mère peut-elle passer à l’acte ? Comment des individus qui ne se connaissent que via Internet risquent tout, dans un rapt minutieusement préparé ? L'enquête décortique cette sémantique et ses nouveaux canaux de diffusion, souvent plus discrets que Facebook et YouTube, pour éviter les modérations et passer sous les radars des autorités.
Ces nouveaux gourous n'hésitent pas à menacer la République française. D’inquiétants rapprochements s’opèrent avec l’ultradroite violente, qui rêve de coup d’État et d’actes terroristes. Une convergence des luttes, qui fait craindre des passages à l’acte, et inquiète les services de renseignement.
« La fabrique du mensonge »
est une collection documentaire
portée par Karim Rissouli
qui explique comment naissent et se propagent les fausses informations, qui en sont les instigateurs et comment ont contre-attaqué ceux qui en ont été la cible.
90 min inédit
Un film écrit et réalisé
Félix Seger
Commentaire
Karim Rissouli
Coproduit par
Babel Doc
Stéphanie Lebrun
Together Media
Félix Suffert Lopez
Avec la participation de
France Télévisions et
du Centre National du Cinéma et de l’Image animée