Ostéoporose : vraie menace ou fausse maladie ?

Responsable chaque année de milliers de fractures du col du fémur, du poignet ou des vertèbres, l’ostéoporose touche majoritairement les femmes après la ménopause. Mais pas seulement. En France, quelque trois millions de personnes seraient concernées par ce que les médecins considèrent depuis maintenant trois décennies comme une épidémie silencieuse. Il s’agirait donc d’un problème majeur de santé publique. Pourtant, aujourd’hui, des spécialistes remettent en cause cette version alarmiste. En fait, l’ostéoporose est due le plus souvent au vieillissement de notre système osseux.

Selon le Pr Martine Cohen-Solal, rhumatologue, « au cours de la croissance, il y a une période de modelage pendant laquelle on constitue un capital osseux ; ensuite, à partir de l’âge de 20 ans, cette constitution est terminée et l’on observe uniquement du remodelage ». À partir de la cinquantaine, les cellules chargées de reconstruire l’os sont moins actives, ce qui entraîne une perte osseuse. Le Dr Jean-Pierre Poinsignon précise : « Le vieillissement, c’est quelque chose de physiologique, c’est la vie ! Mais on veut en faire un marché important. » Comment et pourquoi, en effet, un processus naturel est-il devenu en quelques décennies une maladie à soigner impérativement ?

Une aubaine pour les laboratoires

L’histoire remonte aux années 1970. Des études américaines montrent alors que les traitements hormonaux de la ménopause peuvent favoriser l’apparition de certains cancers. Or, lors des essais cliniques d’un de ces médicaments, le laboratoire pharmaceutique qui le commercialise a constaté un impact positif sur les os des patientes. Un effet mineur qui va permettre à la firme de lancer une grande campagne de communication pour continuer à vendre son produit. L’ostéoporose devient un véritable sujet de santé. D’autres s’enfoncent dans la brèche de la perte osseuse et mettent au point une nouvelle classe de médicaments spécialement conçus pour renforcer la solidité des os : les bisphosphonates. Vantés auprès des médecins, largement prescrits de manière préventive, ces derniers ne diminueraient pourtant pas de manière significative le risque de fractures. Pis, ils ont des effets secondaires qui peuvent se révéler particulièrement graves. Aux États-Unis, des milliers de malades se retournent déjà contre les laboratoires, accusés d’avoir dissimulé sciemment les risques liés aux traitements. Un grand procès devrait avoir lieu dès l’année prochaine.

Beatriz Loiseau