Plongez pour trois soirées haletantes dans l’univers tortueux et glamour des héros de The Night Manager ! Tirée d’un roman de John le Carré, la mini-série, servie par un scénario machiavélique, des acteurs brillants et une production éblouissante, a obtenu douze nominations et le prix du «meilleur réalisateur pour une mini-série » pour Susanne Bier aux Emmy Awards.
Le Caire, au plus fort du Printemps arabe, Jonathan Pine, gérant de nuit d’un hôtel de luxe, reçoit un appel au secours de la sublime Sophie Alekan. Maîtresse du puissant mais dangereux propriétaire de l’hôtel, Sophie détient les preuves d’une vente d’armes qui permettrait d’écraser le soulèvement populaire. Pine contacte un ami à l’ambassade britannique. Ce sera son premier pas dans l’univers luxueux mais terrifiant de Richard Roper, trafiquant d’armes. Les informations de Sophie arrivent jusqu’à Angela Burr, agent d’un obscur bureau de renseignement, qui entend détruire l’empire de Roper. Une fuite dans le réseau de Burr provoque une tragédie. Quatre ans plus tard, lorsqu’il croise de nouveau Richard Roper en Suisse, Jonathan Pine y voit une occasion de se venger. Il contacte Angela Burr, et ils décident de torpiller l’organisation criminelle de Roper de l’intérieur.
La note d'intention de John le Carré, les interviews des comédiens, les personnages et les résumés des épisodes sont à retrouver dans le dossier de presse
Vous êtes surtout connue pour vos longs-métrages au cinéma, pourquoi avez-vous été attirée par ce projet ?
J’ai toujours été une inconditionnelle de John le Carré, alors j’aurais accepté n’importe quel projet avec lui ! Toute l’intrigue est très énigmatique, sans parler du côté thriller et de l’approche psychologique. Impossible de résister.
Que pensez-vous de John le Carré et de la place qu’il occupe en tant que maître du roman d’espionnage ?
Je pense qu’il a su trouver un équilibre très intéressant entre une histoire excitante, angoissante, sans pour autant sacrifier l’approche humaine qui est souvent inattendue. Ses personnages sont souvent complexes, pleins de failles, imprévisibles ; alors, même si on s’identifie à eux, si on les apprécie, on n’est jamais certain de pouvoir leur faire confiance, c’est terriblement excitant.
Quels ont été les principaux obstacles à franchir pour adapter cette intrigue en série télévisée ?
Le défi majeur consistait à traduire la complexité du roman de John le Carré pour conserver le côté thriller et l’excitation qui va avec, sans perdre de vue que rien n’était évident. Il fallait aussi donner un ton contemporain à une histoire écrite il y a vingt ans. Le roman se déroule en Amérique du Sud, mais nous avons décidé de moderniser l’intrigue en la transposant au Moyen-Orient. Nous avons également changé certains personnages, en particulier les personnages féminins, pour les rendre plus modernes et maîtresses de leur destin.
Pourquoi avez-vous pensé à en faire une mini-série plutôt qu’un film ?
Comme un certain nombre de réalisateurs de cinéma, j’ai remarqué qu’aujourd’hui on trouvait d’excellents scénarios à la télévision et que le fait de traiter une intrigue sur la durée présentait un sacré défi. De plus, l’histoire est beaucoup trop riche pour la traiter en deux heures, les personnages sont bien trop nuancés pour cela. En plus, dans une mini-série, même les personnages secondaires sont très intéressants, excitants et complexes. C’était génial de disposer d’une galerie de personnages aussi amusants que fascinants et, encore mieux, de ne pas savoir où ils allaient.
Comment décririez-vous l’identité visuelle de la série ? Comment l’avez-vous définie avec le directeur de la photographie ?
J’ai eu de grandes conversations avec le chef décorateur, le directeur photo, le chef costumier et le chef maquillage à propos du style sexy, séduisant, moderne et original de la série. Parfois, pour décrire un monde où évoluent les riches, on peut facilement tomber dans le cliché et la banalité, du coup, nous lui avons donné un look sophistiqué et somptueux mais pas vulgaire. Il a fallu trouver un équilibre.
Filmographie
1987 De saliges – premier prix au Festival de films d’école de Munich – Channel 4 en acquiert les droits de diffusion.
1991 Freud quitte la maison, avec Gunilla Röör, Ghita Nørby
1994 Affaires de famille, avec Philip Zanden, Ghita Nørby, Ana Padrão
1997 Sekten, avec Sofie Gråbøl, Ellen Hillingsø, Sverre Anker Ousdal
2004 Brothers, avec Ulrich Thomsen, Nikolaj Lie Kaas, Connie Nielsen
2006 After the Wedding, avec Mads Mikkelsen, Sidse Babett Knudsen, Rolf Lassgård Nomination pour l’Oscar du Meilleur film étranger.
2008 Nos souvenirs brûlés, avec Halle Berry, Benicio Del Toro, Alison Lohman
2011 Revenge, avec Mikael Persbrandt, Trine Dyrholm, Markus Rygaard – Golden Globe du meilleur film étranger, oscar du meilleur film étranger
2012 Love is all you need, avec Pierce Brosnan, Trine Dyrholm, Molly Blixt Egelind
2014 Serena, avec Bradley Cooper et Jennifer Lawrence
Tom Hiddleston, Hugh Laurie et Tom Hollander
Tom Hiddleston
Susanne a soif de vérité, et elle a un sens extraordinairement précis de ce qui paraît naturel et plausible en termes de narration. Je n’avais jamais travaillé avec une réalisatrice décidant avec autant d’autorité naturelle ce qu’elle peut sacrifier au cours du tournage sans perdre de vue son objectif final. C’est essentiel pour une intrigue de ce genre.
Dans une histoire d’espionnage ou dans toute histoire qui requiert une certaine cohérence, c’est très facile de faire des compromis parce que c’est plus beau à l’écran ou que ça facilite le calendrier de tournage. L’excuse consiste à dire que le public ne s’en rendra pas compte, mais le public le voit et Susanne aussi. Avec elle, le maillage est si précis, si délicatement tissé qu’il n’y a aucune faille et que tous les nœuds de l’intrigue sont bien noués. Elle ne laisse rien au hasard et elle est incroyablement rigoureuse sur l’histoire et la manière d’agencer les pièces du puzzle pour que tout soit cohérent.
Hugh Laurie
The Night Manager, c’est elle. Sa vision, ses goûts, son approche ont défini chaque détail de ce que nous faisions, et c’était un grand plaisir d’y participer. Sans parler du fait qu’elle et moi sommes toujours d’accord… non… en fait, nous sommes rarement d’accord. En réalité, lors de notre première rencontre, l’une des seules choses sur lesquelles nous nous sommes entendus était le fait que nous ne serions jamais d’accord. Pourtant, c’est très agréable d’être dirigé par une réalisatrice qui a tant de goût et d’intelligence, qui est aussi attentive aux détails qu’à l’ensemble de l’histoire. L’intrigue se développe sur une période assez longue, sur plusieurs continents, avec une pléiade de personnages et, pourtant, chaque détail faisait l’objet de toute son attention. J’espère que le Carré ne m’en voudra pas de dire ça, mais il décrit plus des pensées que des actions, et bien sûr, cela complique les choses au cinéma. Les poursuites en voiture et les trucs qui explosent, ce n’est pas vraiment son truc, même si nous avons eu notre content de ce type de scènes. Cependant, l’histoire est fouillée, avec une véritable approche psychologique. Et, pour cela, il fallait une réalisatrice avec certaines compétences bien particulières. Je crois sincèrement que Susanne était la seule à pouvoir le faire avec une telle élégance, un tel panache. D’ailleurs, je ne vois pas trop avec qui d’autre j’aurais aimé le faire. C’était un plaisir sans partage, du début à la fin.
Tom Hollander
C’est une réalisatrice européenne, son attitude est donc très différente de celle du réalisateur télé classique qui est obsédé par le plan de tournage et se force à filmer tant de pages par jour. Elle est très créative et laisse venir les choses. Elle nous réunissait tous en début de journée pour prendre le temps de parler des scènes. Peu de réalisateurs font ça. Chacun parlait de son interprétation des scènes et à partir de tous ces avis différents, elle composait sa propre version. C’est un processus très intéressant pour débuter la journée qui permet à chacun de s’investir pleinement dans le projet. Hugh Laurie était très impliqué, il adorait ça. Sa voix a beaucoup compté.