QUI A TUE NEANDERTAL ?

Depuis la découverte en 1856 du premier fossile dans la vallée de Néander, en Allemagne, Néandertal fascine et intrigue. Qui était donc cet être aux sourcils saillants ? « L’idée qu’un homme différent ait pu exister était dure à accepter pour beaucoup de chercheurs, souligne le Pr Antoine Balzeau, paléoanthropologue au Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Simplement parce qu’à l’époque on n’en connaissait pas d’autres dans le registre fossile. » La communauté scientifique considéra longtemps Néandertal comme une créature fruste et archaïque, le représentant sous des traits primitifs, voire simiesques, avant de reconnaître faire face à une autre espèce d’hominidé. Car les archéologues exhumeront au total plus de 270 fossiles, répartis sur 130 sites. Mais à quoi ressemblait ce chasseur-collecteur qui laissa son empreinte des côtes espagnoles aux confins de la Sibérie pendant près de 400 000 ans ? Est-il un ancêtre, un cousin ? De quelle lignée est-il issu ? Comment et de quoi vivait-il ? Que mangeait-il ? Quels outils utilisait-il ? Était-il capable de communiquer ? Et, surtout, pourquoi a-t-il disparu il y a 40 000 ans ?

Un thriller préhistorique
Depuis cent cinquante ans, les scientifiques cherchent à percer ce mystère. Son extinction est-elle due à des problèmes de subsistance ou de maîtrise technique ? A-t-il été victime d’un changement climatique, d’une épidémie dévastatrice ? Ou la proie d’un terrible prédateur ? Exterminé par d’autres hominidés ? Homo sapiens est-il le suspect numéro un ? Dans ce thriller préhistorique, des chercheurs du monde entier entreprennent de retracer le fil de son histoire. Des plages du Cotentin aux grottes des monts de l’Altaï en Sibérie, en passant par le site d’Umm el Tlel en Syrie, la grotte de Kébara en Israël ou encore le Roc de Marsal en Dordogne, ils traquent le moindre indice, analysent la plus petite preuve, remontent petit à petit la piste du disparu. Au fil de leur enquête se dessine un portrait très différent de l’image de brute épaisse qu’il a longtemps traînée. Et si, en fait, Néandertal n’avait pas complétement disparu ?