Secrets d’histoire : Caroline, née Bonaparte, épouse Murat

L’ambition et la soif de pouvoir, elle en a à revendre – et ce n’est pas peu dire dans une famille dont chaque membre semble en avoir reçu plus que la moyenne. Elles lui feront réaliser de grandes choses en tant que femme et souveraine, en France et surtout en Italie, où elle gouverne depuis les palais royaux de Naples et de Caserte. Mais elles rendront aussi ses colères redoutables.
Troisième fille et avant-dernier des sept enfants de Charles et Maria Letizia Bonaparte, Caroline n’a pas 18 ans quand son frère Napoléon s’empare du pouvoir, le 18 brumaire an VII (9 novembre 1799). Quelques mois plus tard, elle épouse l’un des fidèles du nouvel homme fort et futur maître de l’Europe (qui écrira pourtant, plus tard, à propos de Joachim Murat : « Un très grand courage mais fort peu d’esprit »). Quatre années encore et c’est la proclamation de l’Empire. Tous les frères du nouveau monarque sont faits princes impériaux mais on oublie les sœurs. Colère de Caroline : elle fait céder Napoléon I^er. La voilà altesse impériale. La principauté de Neuchâtel ? Trop petite. Elle obtient pour son époux le grand-duché de Berg. Murat bataille en Espagne ? Elle intrigue pour lui obtenir des titres. Las ! La couronne espagnole revient à son frère Joseph, qui se démet du même coup du trône de Naples. Eh bien, ce sera Naples.
Son tempérament, sa détermination et sa hauteur de vue font de Caroline une véritable reine, douée d’une intelligence politique et engagée au service de ses sujets, des arts, de la mode et de la culture. Elle a su embellir tous les palais qu’elle habitait, dont, à Paris, celui de l’Élysée, acheté et restauré en 1805, qui porte encore son empreinte, notamment le somptueux Salon d’argent, un modèle de raffinement néoclassique. À Naples, son goût pour l’archéologie la pousse à légiférer en faveur des célèbres fouilles de Pompéi. Son amour pour le corail va relancer la production et engendrer les plus belles créations de l’époque.
Mais Caroline est aussi une femme amoureuse qui forme avec Joachim Murat un couple solide et passionné, dont les disputes résonnent encore. On lui prête aussi quelques relations extraconjugales (son mari en faisant autant), notamment avec le célèbre peintre Ingres, pour lequel elle sera prête à toutes les folies. Côté privé, ce numéro de Secrets d’histoire nous fait découvrir le quotidien d’une souveraine jalouse et colérique, dont son frère Napoléon disait qu’elle était celle qui lui ressemblait le plus. En revenant sur les traces de son enfance en Corse, jusqu’à son éducation à Paris auprès de la célèbre institution pour jeunes filles dirigée par Madame Campan, Stéphane Bern s’attache à comprendre comment cette femme s’est forgée un caractère volcanique et explosif, épousant véritablement le destin de son mari jusqu’à s’opposer à son propre frère et à renverser les alliances…