ILLEGITIME

Illégitime

Interview de Guy Marchand

Guy Marchand joue Maurice, propriétaire d’un tabac de la banlieue lilloise. Un dimanche matin, il est victime d’un braquage qui tourne mal et tue son agresseur. Second rôle essentiel de cette terrible intrigue, Guy Marchand montre qu’à 81 ans il a encore l’énergie et le talent d’un très grand.

Avez-vous hésité avant d’accepter ce rôle ?
Pas du tout. Je n’hésite jamais quand je suis à découvert au Crédit Agricole de Cavaillon. Je rigole, en ce moment je tourne beaucoup. Mais il faut dire que sur Illégitime, tout le monde était adorable. Même les producteurs, c’est vous dire !

Quel est votre meilleur souvenir sur le tournage d’Illégitime ?
Le matin quand j’allais courir à 6 heures, avant que tout le monde ne se lève. On était logés dans un ancien monastère réhabilité en hôtel, il y avait une forêt et j’allais faire mon footing pendant quarante-cinq minutes. Et quand je revenais, ils étaient tous à table pour leur petit déjeuner… c’était génial, je les adore !

Comment était l’ambiance entre vous ?
Thierry a quelque chose de vrai. Il y a des acteurs qui sont grands parce qu’ils savent tricher, d’autres parce qu’ils ne voient qu’eux-mêmes, mais ils ont des super réflexes d’acteurs, de stars, quoi. Lui, il est là. Il se fiche de la caméra. Quand il arrive, il me fait un gros bisou et quand il repart, il me fait encore un gros bisou. Il est content qu’on ait joué ensemble. Jouer ! ça veut dire quelque chose ! On s’est amusés, ça a fait plaisir au vieux… [Rires.] J’ai très peu de scène avec Rachida, mais elle était là tout le temps, on s’est souvent croisés, elle est très chaleureuse !

Que pensez-vous de ce genre de fait divers ?
Entre nous, j’ai ressenti un petit malaise quand il a fallu tourner la scène dans laquelle je tire sur le môme et qu’il est étendu à terre. Ça m’a fait un choc. Moi, je n’aurais pas tiré. C’est tellement triste qu’un petit jeune, au début de sa vie, meure pour une connerie comme ça. Par réflexe d’ancien légionnaire, Maurice, quand il tire, il ne rate pas… contrairement au gosse. Toujours est-il que le film s’appelle Illégitime. Le débat est ouvert. Mais le sujet est polémique et le film fait pour ça ! À 81 ans, ce serait normal que ma vie s’arrête et que la sienne continue. Pourquoi ça finit ainsi pour le gamin ? C’était à moi de mourir. À mon âge, il faut me trouver une fin romantique, hein les gars ! [Rires.]

Dernièrement, on vous a plus vu au cinéma qu’à la télévision, est-ce un choix de votre part ?
Il n’y a pas de choix du tout ! Galabru me disait toujours : « Faut tout faire ! Qu’est-ce que t’en as à b… » [Rires.] Plus sérieusement, il faut que les rôles soient forts et originaux. Là, c’est un vrai personnage. Tant qu’on ne me demande pas de marcher doucement et de jouer les grabataires. J’ai la forme, je fais encore quatre cents pompes par jour (par séries de cinquante), mais c’est surtout pour mourir en bonne santé [Rires]. Et j’interdis à mes petits-enfants de m’appeler papi…

Avec cette fiction, vous faites votre retour sur France Télévisions. Heureux ?
J’étais surtout très malheureux quand Nestor Burma s’est arrêté. Des études d’audience montraient que le personnage était jugé anachronique, misogyne, plus de son époque… Mais moi, c’est ce que j’ai fait de mieux ! Nestor Burma est intemporel, c’est un personnage universel. Alors oui, ça m’est arrivé d’être tyrannique et de refuser que les filles qui allaient se faire assassiner courent en jean. Il fallait talons hauts et tailleur. Mais que voulez-vous, j’aime les films en noir et blanc, je rêve en noir et blanc. Cocteau disait : « Le pire pour un artiste, c’est de suivre la mode ». Mon rêve d’acteur aujourd’hui serait de refaire des Burma.

Propos recueillis par Ludovic Hoarau

Verbatim de Guy Marchand

« Je n’ai pas le rôle principal du film, mais j’ai le rôle principal de l’histoire. Parce que les rôles principaux, ce sont Thierry (Neuvic) et Rachida (Brakni), qui nous ont fait un numéro fantastique, carrément racinien ! »

« Prenons le cas de la boxe (j’ai fait une vingtaine de combats amateurs). Si je rencontre un père de famille qui m’agresse, j’aurais tort de répondre avec mes crochets ou mes directs. Ce que j’ai appris est supérieur à ce qui caractérise son agression. Il faut que la défense soit toujours équivalente à l’attaque. Une balle qui vous tue, c’est exagéré par rapport à un vol. »

« Moi, j’ai un gros défaut : je n’ai peur de rien, par contre, j’ai peur de tout le monde ! Une concierge en colère, ça me fait peur, un mec à qui je vends une voiture qui me dit qu’elle ne marche pas, ça y est, je ne dors plus de la nuit ! »

« Dans le film, vous pouvez voir une photo de moi à la Légion en Algérie, on ne la voit pas beaucoup mais je l’attendais avec impatience, avec vanité même. Je n’ai tué personne, rassurez-vous ! J’ai traversé la légion comme j’ai traversé le cinéma. En touriste ! »

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