Nina saison 2

Série - xxxxxxxx à 20.55

Chapô

Comment présenter la série à ceux qui la découvriraient avec cette deuxième saison ?
La série Nina raconte le quotidien d’un service de médecine interne dans un grand hôpital de la région parisienne. Elle le raconte plus particulièrement à travers le regard et la vie d’une jeune infirmière, d’abord stagiaire et à présent titulaire. Nina s’inscrit donc dans le genre télévisuel de la série médicale, un genre qui a ses codes, ses références et aussi ses grands classiques. Mais qui est plutôt anglo-saxon, il me semble. En France, à ma connaissance, on s’y est peu aventuré, on a toujours privilégié les fictions policières. Pour être honnête, je dois avouer que je ne suis pas tellement amatrice de séries médicales. Je connais – comme tout le monde, j’imagine – Urgences, Dr House ou Grey’s Anatomy mais je ne les ai pas beaucoup suivies. Pourtant, quand Laurence Bachman – qui m’avait remarquée dans Le Réveillon des bonnes*, sur France 3 en 2007 – m’a proposé le rôle, le côté série médicale ne m’a pas rebutée et j’ai tout de suite aimé le mélange de comédie, de réalisme, de suspense aussi. Nina est une série familiale (de chaque côté de l’écran). Bien sûr, on y parle de maladies, on y résout des cas, on emploie des termes parfois compliqués, mais l’hôpital fournit surtout un point de vue sur la vie, la société d’aujourd’hui, les sentiments, c’est un lieu où s’entremêlent des histoires. Et puis, à l’inverse de certaines séries, qui mettent en scène des hommes entourés de femmes, Nina défend, je crois, un regard sinon féministe, du moins féminin. Enfin, il y avait une part de hasard (si tant est que cela existe) : ma mère et ma tante ont travaillé comme infirmières, et la seconde... à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges, où est tournée la série.

Et Nina, alors ? Comment présenteriez-vous ce personnage ?
Dans la première saison, on a fait sa connaissance à un tournant de sa vie. Elle décidait de devenir infirmière après avoir dû s’occuper pendant une dizaine d’années de sa fille gravement malade et après avoir divorcé. Et elle se retrouvait stagiaire dans un service dirigé... par son ex-mari, joué par Thomas Jouannet. Nina est une jeune femme qui a des comptes à régler, qui est facilement révoltée, grande gueule mais qui est aussi très empathique. C’est à la fois une faiblesse et une force. Une faiblesse parce qu’elle a parfois du mal à garder ses distances, à compartimenter les choses, qu’elle prend tout en pleine face. Évidemment, quand on travaille avec son ex, qu’on habite en colocation avec une de ses collègues, ça n’aide pas, non plus. Mais, en plus de ça, je crois que ce qui la caractérise, c’est la culpabilité. Celle de ne pas être aussi forte que sa mère, pas aussi brillante que son père – tous les deux médecins –, la culpabilité liée à la maladie de sa fille, etc. Au fond, en tant qu’infirmière, elle voudrait régler tous les problèmes mais, en tant que femme, mère, fille, elle n’arrive pas à régler les siens. Un bulldozer contre sa poitrine et le poids du monde sur ses épaules. Son chemin, ce sera d’apprendre que, si on veut aider les autres, il faut au préalable réussir à s’occuper de soi-même.

Cette empathie, c’est ce qui l’oppose en particulier au docteur Proust, interprété par Grégoire Bonnet, qui représente un peu la médecine technicienne...
C’est vrai, jusqu’à un certain point. Proust a l’air d’un amputé des sentiments pour qui un malade est d’abord un cas médical et qui semble avoir besoin d’une absence totale d’affect pour pouvoir réfléchir et être bon. Et il est bon. Mais, d’abord, ce n’est pas si simple que cela, je vous laisse le découvrir. Peut-être en a-t-il, des sentiments... Trop ? Ou peut-être est-ce tout ce qui lui reste, le caractère... Et puis, il ne faut pas faire passer Nina pour une sorte de mère Teresa incapable de ne pas s’attacher à ses patients. Elle aussi veut résoudre des cas. Et justement – c’est pourquoi je disais que sa faiblesse est aussi sa force –, son empathie, son intuition, son écoute lui permettent d’emprunter des chemins qui ne sont peut-être pas explicables par la médecine. Au fond, parfois, je la verrais bien proche de pratiques comme l’ostéopathie ou l’étiopathie, qui considèrent l’individu comme un tout et tentent de s’attaquer aux causes des maladies pour éliminer ou prévenir les effets.

À quoi doit-on s’attendre dans cette deuxième saison ?
C’est un exercice périlleux, il ne faut pas que j’en dise trop... Parmi ce qu’on peut dire : les choses reprennent exactement là où on les avait laissées. La saison 1 s’achevait avec un début de cuite, la saison 2 commence avec la fin de la cuite... Vous voyez, ce genre de réveil vaseux où on se dit « Mon Dieu, que s’est-il passé ? Qu’ai-je fait ? Mais à qui est ce bras ? » [rires]. Dans la première saison, Nina s’était attelée à faire oublier qu’elle était l’ex du patron... Patatras ! Je n’en dirai pas plus mais cela complique beaucoup les choses. Du coup, Thomas Jouannet (qui joue Costa Antonakis), Farid Elouardi (qui joue Djalil Bensaïd) et moi étions ravis que les cartes soient rebattues, que cela remettent en question nos scènes ensemble, notre jeu. Au-delà de ce départ en fanfare, il me semble que, dans cette saison, tous les personnages gagnent en complexité. Et si Proust n’était pas aussi mauvais bougre qu’il paraît, Dorothée pas aussi naïve, Léo pas aussi indépendante, Nadine pas aussi forte... ? Les intrigues deviennent plus graves, il y a une montée crescendo, la mort est plus présente, et la série y gagne en réalisme et en maturité. Oui, nous sommes tous plus adultes aussi parce qu’en 2015, nous avons tous perdu un peu d’insouciance. Je me souviens que plusieurs d’entre nous avaient des proches présents au Bataclan et que, si l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges n’a pas fait partie du plan blanc, parce qu’il était trop éloigné de Paris, c’était dans toutes les conversations... Pour ne pas rester sur cette note grave, il faut aussi mentionner dans cette saison quelques guests – Astrid Veillon, Frédérique Bel, Armelle Deutsch, Alex Descas... – qui sont venus se mêler à la « famille » de Nina.

Quelques mots tout de même, puisque vous parlez de famille, sur l’une de ces guests, qui joue la directrice des ressources humaines de l’hôpital ? Vous voulez parler de ma sœur Élodie ? Oui, c’était chouette de jouer avec elle. Ça ne nous était jamais arrivé en dehors d’un court métrage.

Dans la saison 3 de Cherif, où elle a un rôle récurrent, vous ne faisiez que vous croiser. Vous jouiez alors non pas une infirmière, mais un médecin comme on ne souhaite pas tellement en rencontrer...
Bah, un médecin qui ne faisait que protéger son fils... et tenter de tuer Cherif, c’est vrai... [rires] ! Élodie et moi, ça fait un peu « Viens dans ma série, je viendrai dans la tienne » ! Je crois qu’à l’origine l’idée avait été lancée par François Hitter, conseiller de programmes à la Fiction de France 2. Vous savez, dans la première saison de Nina, il avait été question qu’Élodie joue ma meilleure amie. À la réflexion, je trouvais que c’était trop proche de nous. Finalement, elle joue la DRH de l’hôpital. C’est un très beau rôle, pas facile, et elle m’a beaucoup émue. Et en même temps, j’ai été contente que, dans nos scènes, il se mêle à cette émotion un peu de distance, d’humour et même de l’ironie.

 

* Série de 8 épisodes de 52 minutes, diffusée sur France 3 et réalisée par Michel Hassan (production Telfrance, BE-Films et Motion Investment Group).

Propos recueillis par Christophe Kechroud-Gibassier

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