ILS ETAIENT JUIFS ET RESISTANTS
La Case du siècle

Ils étaient juifs et résistants

Documentaire - Dimanche 29 janvier 2017 à 22.35

Dès 1940, de nombreux Juifs issus de mouvements de jeunesse ou de partis politiques, parfois à peine sortis de l’adolescence, entrent en résistance contre l’occupant allemand. Dans ce film qui leur rend hommage, plusieurs d’entre eux reviennent sur leur engagement et racontent leur guerre.

« Qu’on me cite un maquis, un réseau, un parti, de la gauche à la droite, qu’on me cite une organisation dans laquelle les Juifs ne se sont pas engagés. » À l’instar de Charles Palant, beaucoup de jeunes gens choisissent de passer à l’action contre l’ennemi. Certains, dès les premiers mois de l’Occupation. En 1940, les Juifs ne représentent que 0,7 % de la population, soit environ 300 000 personnes. Pourtant, et contrairement aux idées reçues, par idéal ou conviction politique, ils vont être nombreux à s’ériger, par tous les moyens, contre l’oppression nazie. Le pays est alors coupé en deux. On compte déjà un million et demi de prisonniers et autant de familles en difficulté.

La solidarité et l’entraide s’organisent notamment au sein du comité Amelot, constitué à Paris, dans la rue éponyme, à la mi-juin 1940, par des dirigeants d’organisations juives de gauche non communistes. Sous la houlette de Léo Glaeser, un avocat d’origine lettone, le comité dispense argent, nourriture, formation éducative et culturelle, et soins médicaux. Parallèlement à cette aide officielle, les membres de la rue Amelot vont bientôt entrer dans l’illégalité en fournissant de faux papiers, de fausses cartes d’alimentation et en assurant le sauvetage de Juifs émigrés. D’autres, comme Hanna Kamieniecki, s’engagent auprès de mouvements comme Solidarité, « créé par le Parti communiste au début de la guerre pour aider les femmes de soldats, les prisonniers et les familles dans le besoin ».

Vers les grands mouvements de résistance

Répondant à l’appel d’un général encore peu connu du public, des lycéens, des élèves de classes préparatoires ou de grandes écoles rejoignent les Forces françaises libres. « Non pas en tant que Juifs », selon l’historienne Renée Poznanski, « mais pour servir une certaine idée de la France. » À Paris, Frida Wattenberg, du haut de ses 16 ans, décide de suivre le mot d’ordre de De Gaulle. Accompagnée de quelques camarades, elle distribue des tracts et colle des affiches pour appeler les jeunes à la résistance. Affilié aux Jeunesses communistes, Laurent (Lazare) Goldberg mène lui aussi une activité de propagande similaire. Il fera plus tard partie de la célèbre 2e division blindée du général Leclerc.

Dans la zone libre, à partir de l’été, se constituent les grands mouvements de résistance : Libération-Sud à Clermont-Ferrand, Combat et Franc-Tireur à Lyon, au sein desquels de nombreux Juifs s’illustreront. Après l’invasion de l’URSS, en juin 1941, c’est dans la MOI (Main-d’Œuvre immigrée), section étrangère de la CGT qui compte bon nombre de Juifs d’Europe centrale et orientale, que l’on va puiser les combattants des FTP (Francs-tireurs et partisans). L’heure n’est plus à la propagande. La lutte armée démarre symboliquement avec l’attentat de la station de métro Barbès-Rochechouart commis par Pierre Georges, plus connu sous le nom de colonel Fabien. Malgré les représailles, les actions menées par des petits groupes se poursuivent. Avec l’intensification des persécutions et des arrestations, il s’agit désormais de sauver des vies. Les Éclaireurs israélites, branche juive du scoutisme, entrent dans la clandestinité et constituent la Sixième. Ils formeront ensuite, avec d’autres, l’Armée juive. Partout, en ville comme dans les maquis, ces jeunes Français combattent avec les maigres moyens dont ils disposent. Beaucoup y ont laissé leur vie. Quelques-uns de ceux qui ont survécu témoignent.

Beatriz Loiseau

ILS ETAIENT JUIFS ET RESISTANTS

Documentaire

Durée 52 min

Réalisation Alain Jomy

Production Ugoprod

Année 2014

 

#lacasedusiecle

EXTRAITS

Denis Peschanski, historien : « Au moment où il y a les actions les plus spectaculaires, entre juin et septembre 1943, ils sont soixante-cinq (FTP-MOI) sur toute l’Île-de-France. On a les listes. […] Soixante-cinq en comptant les combattants, les filles qui amenaient les armes sur place, ceux qui repéraient les cibles, le service médical, le service des faux papiers… Des gosses, pour la plupart, qui se trouvent face à des professionnels de la police. »

Hubert Herz, FTP-MOI Lyon et Grenoble : « C’était presque notre pain quotidien de nous attaquer aux industries qui travaillaient pour les Allemands. Avec le recul du temps, je pense que c’étaient les actions les plus utiles ; plus que les exécutions, ce qu’on faisait aussi. »

Pierre Juresco, maquis du Vercors : « Quand il y a eu les premières grandes rafles à Nice, un copain m’a conseillé de partir dans le Vercors. […] C’était un maquis dont l’action était intégrée dans les plans des Alliés en cas de débarquement dans le Midi. On y avait reconstitué deux éléments de l’armée française ; donc, à 16 ans, j’étais dans l’armée. »

Anna Grinberg, FTP-MOI Paris : « C’est une période de ma vie que je ne souhaite à personne. Je ne trouve pas que ce soit de l’héroïsme, c’était faire ce qu’il fallait faire. »

Jacquot Szmulewicz, FTP-MOI Lyon et Grenoble : « J’ai été un combattant parce que j’ai estimé qu’il fallait se battre, et j’ai été fier de l’avoir fait parce que, d’une certaine manière, j’ai vengé mes trois sœurs et mes deux beaux-frères. »

Maurice Wiener, Armée juive — maquis de l’Espinassier : « Je suis très content d’avoir fait ça. Avec du recul, je me dis que si j’étais resté à ne rien faire, j’aurais perdu mon estime de moi. »

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