États-Unis : la ruée vers l’herbe

Gilles Biassette et Frédéric Biamonti proposent un documentaire aux allures de road trip à travers les États-Unis. D’ouest en est, les voilà partis sur les traces de l’or vert. Car l’aventure américaine de la « marijuana » commence en 1996, quand la Californie en légalise l’usage thérapeutique. Cette légalisation est l’aboutissement d’un combat mené depuis les années 1980 par des gens comme Steve DeAngelo. Cet entrepreneur et pionnier de l’industrie du cannabis explique ce changement dans la législation par les ravages du sida à l’époque. Consommer de l’herbe était alors pour les malades incapables de s’alimenter un moyen de retrouver un semblant d’appétit. Un argument sanitaire qui fait mouche partout où il passe. Ainsi, dans l’État conservateur du Colorado, c’est le destin de la petite Charlotte, épileptique, qui va émouvoir l’opinion publique et permettre la légalisation du cannabis.

Un « bang » économique

Même si le cannabis réussit là où les autres médicaments échouent, on ne sait encore que très peu de choses sur la plante elle-même. À Chicago, on en étudie le génome avec des perspectives de brevets et de retombées économiques sans précédent. Il faut dire qu’en 2016 le marché pesait 6,7 milliards de dollars, soit une hausse de 34 % par rapport à 2015. La weed industry représente donc une bouffée d’oxygène pour une économie américaine moribonde. Les investisseurs se bousculent, des villes ravagées par les crises successives renaissent, les exploitations agricoles fleurissent un peu partout et un puissant lobby pro-cannabis se met en place. Rien ne semble devoir arrêter la vague verte. Désormais, ce sont près de 60 % des Américains qui vivent dans un État où l’herbe est légale, et plusieurs autres États doivent encore se prononcer sur la question dans les années à venir. Dans l’Amérique conservatrice de Donald Trump, la marchandisation de la culture alternative est en train de vaincre les clichés et les préjugés qui entourent toujours une plante au potentiel pharmaceutique inespéré.

Ludovic Hoarau