Révélations sur Pompéi

C’est l’un des vestiges les mieux conservés de la Rome antique. Rayée de la carte en seulement quelques heures par l’éruption du Vésuve en l’an 79, Pompéi est restée plusieurs siècles enfouie sous des millions de tonnes de cendres volcaniques et de pierre ponce. « Les habitants n’avaient sûrement aucune idée de ce qui se passait, raconte Max Nelson, historien à l’université de Windsor, au Canada. Les débris se sont accumulés jusqu’à bloquer les portes. Les murs et les toits se sont effondrés et beaucoup ont péri pris au piège dans leur maison. Six coulées de lave et de cendres ont déferlé sur la ville et l’ont ensevelie, ne laissant aucun survivant. » Découverte il y a maintenant près de deux siècles et demi, devenue célèbre avec ses corps pétrifiés, la ville garde encore bien des trésors. Pour tenter de percer ses mystères, les scientifiques se tournent aujourd’hui vers les dernières innovations technologiques. L’archéologue Éric Poehler, de l’université du Massachusetts, aux États-Unis, étudie en détail la voirie et la circulation. En compilant toutes ces données dans sa tablette, il a vu émerger un réseau de rues à sens unique. « Les cités antiques comme Pompéi étaient organisées avec un système de grille, comme Manhattan par exemple », analyse l’archéologue.

Des technologies de pointe au service du patrimoine

À Grenoble, une autre équipe a peut-être trouvé le moyen de percer les secrets des rouleaux de papyrus calcinés découverts au XVII^e siècle dans la ville voisine d’Herculanum. Trop fragiles pour être déroulés, les parchemins sont bombardés de rayons X à une vitesse proche de celle de la lumière dans un synchrotron pour tenter de récupérer ce qu’ils contiennent. « Grâce à la déviation de la lumière, nous pouvons faire la différence entre le papyrus carbonisé et l’encre à base de carbone », explique Emmanuel Brun, chercheur en imagerie à l’ESRF (Installation européenne de rayonnement synchrotron). Si le processus est extrêmement lent, il garde bon espoir de pouvoir étudier cette immense bibliothèque dans les prochaines années.

Sur place, des scientifiques font appel à la technologie du laser pour restaurer les fresques et les peintures murales qui se détériorent très rapidement, notamment à cause de la pollution. Tout le site fait d’ailleurs l’objet d’un immense chantier de sauvegarde, car il est menacé par le tourisme de masse et les intempéries. L’architecte Raffaele Martinelli et son équipe se sont donc lancés dans un travail de titan : réaliser une réplique numérique, insensible aux agressions et aux assauts du temps, de toute la cité. Chaque centimètre carré des 66 hectares du site est donc digitalisé à l’aide d’un scanner laser haute résolution. Le résultat : une représentation en 3D qui permet aussi de redonner vie à Pompéi telle qu’elle était à son âge d’or. Mais aussi de pérenniser cette fenêtre ouverte sur l’histoire, car la force tellurique qui a autrefois ravagé la ville pourrait bien se réveiller à nouveau…

Amandine Deroubaix