Le Paradis des milliardaires, au cœur des îles Caïmans

Situées dans l’archipel des Caraïbes, à 7 000 kilomètres de l’Europe, les îles Caïmans ont la réputation sulfureuse d’être un paradis fiscal. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’il s’agit d’un territoire d’outre-mer appartenant au Royaume-Uni. Ces îles ont bénéficié dès les années 1960 d’un statut fiscal particulier permettant la création en toute légalité de comptes offshore pour les entreprises et les banques du monde entier. Une solution économique plutôt avantageuse pour ces dernières, vu que, aux îles Caïmans, il n’existe aucun impôt.

La fortune totale amassée sur ce territoire s’élève à 19 000 milliards d’euros. Et ni le gouvernement local ni les habitants n’en voient le moindre centime. Mais alors, comment ces îles fonctionnent-elles ? Le journaliste d’investigation britannique Jacques Peretti se rend sur place pour démêler le vrai du faux. Il se confronte à une réalité plutôt troublante. Toute la nourriture est importée, et les prix dans les supermarchés sont exorbitants. Il n’existe aucune aide gouvernementale pour les plus démunis, et l’ensemble des services que fournissent les États d’Europe à leurs citoyens sont ici confiés à des associations caritatives. Les quartiers pauvres côtoient les villas et les voitures de luxe. Il s’avère donc que, pour une grande partie des Caïmaniens, ne pas payer d’impôts a tout de même un prix. Les gagnants de ce système sont les grandes entreprises internationales et leurs filiales. Elles sont près de 20 000 à avoir un compte dans les banques du pays, sans même y être installées physiquement.

Au Royaume-Uni, l’évasion fiscale représente un manque à gagner de 25 milliards d’euros par an. Une somme dont sont détroussés les Britanniques en toute légalité. Alors, quand Jacques Peretti se tourne vers les dirigeants pour savoir s’ils trouvent ce système équitable, tous se renvoient la balle : un simple « malentendu » pour le Premier ministre, ou un problème de droit fiscal anglais pour la gouverneure, représentante du gouvernement sur place. Mais le cas des îles Caïmans n’est pas isolé, il existe beaucoup d’autres paradis fiscaux de ce genre. En fait, nous dit Jacques Peretti, notre système financier repose entièrement sur eux...