Né quelque part, de Mohamed Hamidi, retrace l’itinéraire d’un jeune Franco-Algérien qui, pour des raisons familiales, retourne un beau jour dans le pays de ses parents, de l’autre côté de la Méditerranée. Au casting de ce long-métrage drôle et intelligent, on retrouve notamment Tewfik Jallab et Jamel Debbouze.
Farid, jeune étudiant en droit, apprend du jour au lendemain qu’il va devoir découvrir le pays de ses aïeux plus tôt qu’il ne le pensait. Son père, souffrant, est averti que l’État algérien souhaite l’exproprier de sa maison pour pouvoir la démolir. Sa santé l’empêchant de se rendre sur place, il missionne donc son fils aîné pour aller s’opposer à la transaction. Censé durer une semaine, le séjour de Farid se révèlera bien plus long et imprévisible qu’il ne le pensait.
Arrivé sur place, il se confronte à une langue qu’il maîtrise mal, aux réseaux de téléphonie mobile inactifs, à des paysages à la beauté surréaliste qui s’étendent à perte de vue et, surtout, aux membres d’une famille qu’il n’a pas vus depuis des lustres.
Drôles, facétieux et attachants, ces derniers traînent le petit Français dans des lieux inattendus, où joie de vivre, humour et solidarité colorent des existences bercées de désillusions, et où privations et crainte envers les autorités font partie du quotidien. Sauf qu’il ne faut jamais trop faire confiance, même à sa famille éloignée ! Farid l’apprendra à ses dépens lorsque, après une escapade nocturne avec son cousin (Jamel Debbouze), il constate au réveil que ce dernier a disparu… avec son passeport. Le séjour se transforme alors en cauchemar. Comment Farid va-t-il retrouver son cousin et surtout ses papiers ? Aux dernières nouvelles, l’usurpateur d’identité aurait pris la tangente du côté de Barbès. Autant dire que Farid n’est pas vraiment au bout de ses peines...
Comédie des plus originales, Né quelque part pose la question du déracinement avec recul et amusement. Les personnages authentiques séduisent par leur humour corrosif et subtil, qui tourne sans cesse en dérision des situations personnelles et collectives révoltantes. « Ici, il n’y a pas de manifestation. Il n’y a pas de place de la République ni de place de la Bastille… Si t’es pas content, tu fais la manifestation à la maison, dans ton salon, avec ta femme et tes enfants », explique Fatah sur le ton de l’humour. Ou encore cet échange entre Secteur, barman du bistrot, et Farid, qui lit une lettre du consulat de France adressée à Mustapha, un comparse de la bande : « Je suis au regret de vous annoncer que votre demande de visa n’a pas été retenue », dit Farid en lisant le courrier officiel. « 43 demandes, 43 regrets… On va l’appeler Mustapha Regrets… », ironise Secteur. Touchant, émouvant, désopilant, Né quelque part a ce quelque chose en plus qu’on ressent devant les films qui interrogent et font réfléchir.
Avec Tewfik Jallab, Jamel Debbouze, Fatsah Bouyahmed...
Réalisateur : Mohamed Hamidi.
Producteur associé : Eric Toledano.