La Case du siècle
Protestants de France
Série documentaire - Dimanche 24 avril 2016 à 22.25 (1/2)
Après « Musulmans de France » (2010), « Noirs de France » (2012) et « Asiatiques de France » (2013), France 5 poursuit son exploration des différentes composantes de notre société. Retour, dans ce documentaire en deux épisodes, sur l’histoire des protestants. Des hommes et des femmes qui, de tout temps, se sont battus pour leur liberté de pensée et de parole.
Les protestants fascinent et dérangent. Ils ont nourri mythes et fantasmes pendant des siècles. Ils ont suscité haine et rejet. Cette minorité, la plus ancienne sur le sol français, la plus secrète et jusqu’en 1940 la plus persécutée, reste méconnue du grand public. Elle a pourtant contribué à inventer la France d’aujourd’hui. Leur histoire, c’est la nôtre. C’est celle d’une blessure française, marquée par l’intolérance et la répression. Mais c’est aussi celle d’une intégration. Les protestants de France ont participé à l’essor du capitalisme. Au nom de la République, ils ont adhéré aux grands combats chers aux Français : la démocratie, l’école, la laïcité.
Malgré l’essor du mouvement évangélique, les protestants représentent désormais une infime minorité. Est-ce là le prix à payer pour leur goût de la laïcité ? Quel est l’avenir de cette communauté ? Qui sont les protestants ? Pour la première fois, hommes politiques, pasteurs, artistes… s’expriment sur cette histoire intime et collective. Leur récit croise la parole des plus grands historiens et spécialistes du protestantisme.
Série documentaire
Durée 2 x 52 min
Auteure-réalisatrice Valérie Manns
Commentaire Irène Jacob
Production Compagnie des Phares et Balises, avec la participation de France Télévisions, avec le soutien du Centre national du cinéma et de l’image animée, de la Procirep — Société des producteurs et de l’Angoa
Année 2015
#lacasedusiecle
Deux millions de protestants vivent aujourd’hui en France. Pourtant, on ne sait rien d’eux. Qui sont-ils, pourquoi cachent-ils leur identité ? Pourquoi sont-ils invisibles ? L’histoire de cette minorité religieuse, la plus ancienne et la plus secrète de notre pays, est celle de combats, de résistances, mais aussi de fuites, d’exils et d’emprisonnements. La naissance de la Réforme bouleverse l’Europe du XVIe siècle en inventant la modernité. Interdits de pratiquer leur religion, persécutés, ils n’acquièrent la citoyenneté qu’avec la Révolution française. Dès lors, ils vont prendre leur revanche en accompagnant la montée du capitalisme. À la fin du XIXe siècle, ils sont définitivement réintégrés dans la société. Plusieurs d’entre eux — pasteur, hommes politiques, industriel, acteur — lèvent le voile sur leur passé encore inconnu des Français et sur ce qui les fait vivre aujourd’hui.
Patrick Cabanel, historien du protestantisme : « Ce qui continue de définir beaucoup de protestants en France aujourd’hui, c’est la mémoire, plus collective que familiale, des persécutions. […] Souvent, ce qui reste dans une minorité, une fois que la religion a été oubliée, que les gens ont cessé de pratiquer et de croire, c’est le souvenir des blessures du passé. »
James Woody, pasteur du temple de l’Oratoire du Louvre : « Ce qui m’a intéressé dans le protestantisme, c’est que j’avais le droit de penser, de m’interroger et de ne pas être d’accord avec ce j’apprenais au cathé. »
Michel Rocard, Premier ministre (1988-1991) : « C’est une fierté d’être les héritiers de cette écriture magnifique qu’est l’édit de Nantes — le premier document européen qui reconnaît les protestants comme chrétiens — et à inventer une cohabitation. Beaucoup plus tard, on va appeler ça la laïcité. »
Pierre Joxe, ancien ministre : « Avant la Révolution, ils n’existaient pas, ne pouvaient pas se marier. Ils vivaient en concubinage, les enfants étaient des bâtards. Il faut voir ce que c’était la non-citoyenneté d’un protestant. »
Sébastien Fath, historien : « C’est péché de faire bombance, de s’acheter des vêtements, une voiture, un château extraordinaire… Donc, que fait le protestant qui s’enrichit ? Au lieu de s’offrir le château, il va investir l’argent. Ça s’appelle le capital. »
Thierry Peugeot, ancien président du groupe PSA : « Les protestants sont des gens réalistes et, en même temps, ils ont cette caractéristique d’être face à Dieu ; quelque part, ça vous laisse au niveau où vous êtes, les pieds sur terre. Le but en soi, c’est de rendre service sur la Terre, de travailler, de développer, de créer. »
Alain Duhamel, politologue : « Je pense que les protestants ne sont pas toujours conscients de la trace qu’ils ont laissée dans l’histoire ni sur les lois de la République. Au bout du compte, c’est peut-être très bien comme ça. »
Alain Duhamel : « Ils passent aussi pour ne pas être drôles du tout ; à l’expérience, c’est assez vrai. »
Michel Rocard : « Le protestantisme a laissé dans beaucoup de cervelles, dont la mienne, une référence à l’éthique, à l’exigence de droiture et d’honnêteté, peut-être un peu plus forte que la moyenne. C’est un trait d’éducation. »
Didier Sicard, professeur de médecine : « Le protestantisme est une façon de se tenir dans la vie et dans le monde plus qu’une conscience religieuse. Se tenir debout, ce n’est pas être vertical, c’est ne jamais renoncer, affronter. »
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