L’Heure H

Quel est le principe de ce nouveau programme ?

F.F : L’Heure H est une émission entièrement nouvelle qui repose sur la narration de grands événements de 1950 à nos jours. Notre objectif est de faire revivre ces faits d’histoire contemporaine en refixant les idées qui sont un peu vagues et en donnant la parole aux principaux témoins. Il s’agit ainsi de raconter une histoire palpitante, avec du suspense et de la dramatisation, en s’inscrivant notamment dans la lignée de conteurs comme Alain Decaux. Nous réalisons une sorte de compte à rebours pour remonter le temps et comprendre comment se sont mis en place tous les éléments qui ont conduit à l’événement.

Diana et Dodi Al-Fayed © Martange Productions.

Comment choisissez-vous les faits historiques que vous souhaitez décrypter ?

F.F : Nous choisissons des événements qui ont un fort potentiel dramatique. Il s’agit de donner aux téléspectateurs le sentiment d’être, en quelque sorte, dans l’action. Les trois premiers numéros de L’Heure H mettent en lumière des événements qui ont laissé des images fortes dans l’inconscient collectif, à commencer par la mort de la princesse de Galles, le 31 août 1997. Chacun d’entre nous se souvient de ce qu’il faisait lorsqu’il a appris la disparition brutale de Diana. Même moment de stupéfaction mondiale avec l’attentat contre Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre, le 13 mai 1981. Et puis, fait historique sans doute moins connu, ou en tout cas estompé dans la mémoire du public, l’assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate, le 6 octobre 1981, lors d’un défilé militaire commémoratif. La force de cet événement est d’autant plus sidérante que celui-ci a été entièrement télévisé, filmé en direct à la télévision.

Le Vatican © Martange Productions.

Quels éclairages apportez-vous sur ces trois événements très médiatisés à leur époque ?

F.F : Nous essayons de les revivre de l’intérieur, de redresser toutes les petites contre-vérités qui ont pu être dites. Les grands événements font souvent l’objet de toutes sortes de rumeurs. Nous tentons de nous approcher au plus près de la vérité. Pour cela, nous bénéficions du soutien et de la collaboration de témoins qui se trouvaient au cœur de l’événement : Paul Burrell, le majordome de la princesse de Galles (le confident intime de la défunte) ; le cardinal Stanislaw Dziwisz, ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II, qui était aux côtés du pape, dans la voiture, au moment de l’attentat ; ou encore la veuve de Sadate, Jihane el-Sadate, présente dans la tribune à l’instant fatidique où l’on a tiré sur son époux. Elle raconte tout ce qui s’est passé dans les 72 heures qui ont précédé le drame.

Jihane el-Sadate, veuve du président égyptien © Martange Productions.

Pour chaque fait historique, jusqu’où remontez-vous dans le temps ?

F.F : Jusqu’à ses origines, c’est-à-dire jusqu’à ce moment charnière où s’est cristallisée la situation qui devait aboutir au drame.

Le numéro « Ils ont tué Sadate » a une forte résonance aujourd’hui...

F.F : En effet, car les assassins du président Sadate étaient des frères musulmans, des intégristes islamistes. Nous ne nous sommes pas interdits d’interviewer un certain nombre de témoins, comme un avocat islamiste, par exemple. Nous restons bien sûr extrêmement vigilants sur la teneur de ses propos. Mais, d’une certaine manière, il nous a semblé intéressant d’avoir le point de vue des assassins. Notre mission, notre rôle, est de montrer l’événement sous tous ses aspects, dans la mesure évidemment où cela est diffusable.

Obtenir les contributions de témoins majeurs a-t-il été compliqué ?

F.F : D’une façon générale, l’émission sur Sadate a été assez difficile à réaliser et à mettre en place. Pour mille raisons. Il n’a, en effet, pas été évident d’obtenir la participation de certains protagonistes. De plus, envoyer une équipe filmer en Égypte en ce moment est assez difficile. Un tournage contraignant pour Simon Thisse, l’auteur de ce film, qui a dû recourir à des relais sur place.

Idem pour Camille Ménager qui signe l’enquête sur la mort de Lady Di. Les acteurs de ce drame restent très frileux à s’exprimer sur le sujet. Mais elle a réussi à en convaincre quelques-uns.

Enfin, l’enquête de Christian Huleu sur Jean-Paul II a fait l’objet de longues tractations pour pouvoir décrocher l’entretien avec le cardinal Dziwisz.

Le cardinal Stanislaw Dziwisz © Martange Productions.

Un indice sur ce que nous réservent les prochains numéros de L’Heure H ?

F.F : On sera sur le même genre de faits historiques, à forte portée, mais avec un peu moins de meurtres tout de même !

Propos recueillis par Sylvie Tournier