Temps fort semaine 04
Le 19 février 1962, après plus d’une semaine d’âpres négociations entre émissaires du gouvernement français et du gouvernement provisoire de la République algérienne, un accord met enfin un terme à la guerre d’Algérie. Un conflit qui aura duré presque huit ans…
Le 5 février 1962, le général de Gaulle s’adresse aux Français dans une allocution télévisée : « Il s’agit d’aider l’Algérie à prendre en main son destin en nous tenant prêts à reconnaître sans nulle restriction ce qui ne manquera pas de sortir de l’autodétermination, c’est-à-dire un État souverain et indépendant. » Moins d’une semaine plus tard, le 11 février, les représentants du gouvernement français et ceux du gouvernement provisoire de la République algérienne se retrouvent pour négocier les accords qui mettront peut-être un terme à la guerre d’Algérie. Le climat est tellement tendu que les négociations doivent se tenir dans le plus grand secret par peur des attentats. L’exaspération de la société française pèse lourdement sur les négociations. La guerre d’Algérie, qui a fait des centaines de milliers de morts, a créé une profonde blessure morale dans la société française.
« Toussaint rouge »
C’est huit ans plus tôt, dans la nuit du 1er novembre 1954, quelques mois seulement après la défaite française en Indochine, que les indépendantistes algériens se lancent dans la lutte armée pour mettre un terme à plus de cent ans d’occupation coloniale. Les meneurs de l’insurrection commettent cette nuit-là plusieurs dizaines d’attentats sur le sol algérien. C’est la « Toussaint rouge », qui marque le début des hostilités. Alors ministre de l’Intérieur, François Mitterrand prévient les rebelles : « La seule négociation, c’est la guerre. » L’enchaînement des événements va être sanglant. Entre actions terroristes des insurgés et représailles des forces armées françaises, les actions de guerre se multiplient. L’armée ayant besoin d’hommes, le gouvernement fait appel aux appelés du contingent. Toute une génération de jeunes hommes bascule dans une « sale guerre » où elle doit faire face à un ennemi insaisissable. Les interrogatoires sous la torture se généralisent. En face, la rébellion s’intensifie. Tout d’abord ciblés contre les représentants de l’État français, les attentats visent bientôt les civils et se veulent les plus meurtriers possible.
Rupture sans retour
En métropole, la violence des exactions pousse de plus en plus les Français à souhaiter que des négociations s’engagent avec le Front de libération nationale (FLN). Investi président du Conseil le 1er juin 1958, le général de Gaulle renonce progressivement à l’Algérie française, souhaitant arriver à une forme d’indépendance qu’il espère le plus favorable possible aux intérêts français. Les pieds-noirs et les militaires se sentent trahis par celui qu’ils ont porté au pouvoir. Entre les Européens d’Algérie et le gouvernement de métropole, la rupture est sans retour et, sur place, la situation continue à se tendre. Émeutes, barricades, putsch militaire en Algérie, vague d’attentats de l’Organisation armée secrète (OAS) et violences policières meurtrières en métropole (massacres lors d’une manifestation pacifiste aux abords du métro Charonne)… De Gaulle décide de précipiter la reprise des négociations. C’est dans le village des Rousses, dans le Jura français, qu’elles se tiendront, dans une simple pension de famille. Elles dureront plus d’une semaine. Le 19 février 1962, à 5 heures du matin, le projet d’accord est enfin scellé. Un mois plus tard, le 18 mars 1962, à Évian, les accords de paix entre la France et le gouvernement provisoire de la République algérienne sont officiellement signés. La guerre d’Algérie est enfin terminée.
Jean-François Parouty
Série documentaire
Durée 3 x 52 min
Auteurs-réalisateurs Laurent Joffrin et Laurent Portes
Production Et la Suite..! Productions et l’INA, avec la participation de France Télévisions
Année 2017
#lacasedusiecle