traitement des récoltes
Enquête de santé

Les Nouveaux Poisons de notre quotidien

Magazine - Mardi 31 janvier 2017 à 20.45

Ils sont partout. Dans la cuisine, la salle de bains ou le jardin, nous sommes en contact du matin au soir avec des perturbateurs endocriniens. Comment agissent ces molécules ? La diffusion du documentaire sera suivie d’un débat animé par Marina Carrère d’Encausse, Michel Cymes et Benoît Thevenet.

Il y a seize ans, en achetant sa maison à Grez-en-Bouère, dans la campagne mayennaise, Patrick imaginait une retraite paisible, entre potager et poulailler. Mais le rêve s’est transformé en un véritable cauchemar. En 2009, on lui diagnostique un lymphome non hodgkinien. Deux ans plus tard, des taux anormalement élevés de polychlorobiphényles (PCB) sont détectés autour de l’usine voisine d’Aprochim, chargée de dépolluer les transformateurs électriques. Ces produits synthétiques extrêmement toxiques, interdits depuis 1987, ont contaminé l’air, les sols, les animaux — près de 400 bovins ont été abattus — et les riverains. « Je suis persuadé que cela a été le déclencheur de ma maladie, confie-t-il. C’est là qu’on s’est rendu compte qu’il y avait de plus en plus de gens malades et qu’on a commencé à entendre le terme de perturbateurs endocriniens. » Ces substances chimiques très variées sont capables d’interférer avec notre système hormonal, même à des doses parfois infimes, en bloquant, modifiant ou mimant l’action de nos hormones.

Une pollution multiple 

Pesticides pour protéger les récoltes, bisphénols pour améliorer les emballages alimentaires ou parabens pour la conservation des cosmétiques… ces molécules invisibles ont envahi notre quotidien en soixante ans. Non sans conséquence pour notre santé, comme l’explique le Pr Robert Barouki. « Les premières pathologies qui ont intéressé les médecins et les chercheurs sont les effets sur la reproduction, car ce sont des systèmes qui nécessitent l’action d’hormones, développe ce toxicologue et biochimiste à l’université Paris-Descartes. Il y a aussi des composés qui ont des effets cancérigènes, ceux qu’on appelle des obésogènes et puis ceux qui auraient des effets sur le développement neurologique et psychomoteur. »

Un héritage chimique inquiétant

Notre corps contiendrait entre 50 et 100 résidus de composés chimiques, dont la plupart interdits depuis des décennies, mais qui subsisteraient dans notre organisme. Peut-on encore échapper à ce cocktail de polluants rémanents et omniprésents ? Quand y sommes-nous le plus exposé ? Existe-t-il des conséquences sur la vie fœtale ? Chef du service d’endocrino-pédiatrie au CHU de Montpellier, le Pr Charles Sultan s’inquiète de l’impact de cet héritage chimique sur les générations à venir. Il reçoit en consultation de plus en plus de petits garçons avec des malformations génitales sévères et des fillettes touchées par des pubertés précoces. Selon lui, « c’est un scandale sanitaire que de laisser nos enfants, nos nouveau-nés et, a fortiori, nos fœtus dans ces conditions de pollution multiple qui ne feront qu’entraver demain, à la fois le développement somatique, mais aussi le développement cérébral ».

Amandine Deroubaix

PERTURBATEURS ENDOCRINIENS, TOUS INTOXIQUES ?

Magazine

Durée 50 min

Présentation Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes, avec la participation de Benoît Thevenet

Réalisation Bernard Faroux

Production Pulsations, avec la participation de France Télévisions

 

Documentaire « Perturbateurs endocriniens, tous intoxiqués ? »

Durée 52 min

Réalisation Cécile Tartakovsky

Production Pulsations, avec la participation de France Télévisions

Année 2016

 

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