
Au travers des témoignages de plusieurs malades, ce documentaire lève le voile sur une affection psychiatrique, fréquente et très invalidante. Rencontre avec des bipolaires qui racontent leur mal de vivre. Puis, après la diffusion du film, place au débat avec des experts.
« J’ai un cerveau qui est en vitesse accélérée, et donc je vais être capable de faire beaucoup plus de choses, et ça part dans tous les sens. » Chez Yves, lieutenant-colonel de sapeurs-pompiers, la maladie s’est d’abord manifestée par une imagination débordante. En 2011, en quelques semaines, il invente une nouvelle combinaison et un vêtement anti-attaque chimique, dont il est persuadé qu’ils vont révolutionner le monde des soldats du feu. Il traverse alors une phase d’euphorie qui se traduit par « un travail intense, une diminution du temps de sommeil. Je pouvais dormir que deux à trois heures par nuit […]. Après, ça retombe et ce qu’on a projeté s’arrête parce que, intellectuellement, on n’est plus capable de suivre ». Virginie, elle, s’est toujours sentie différente : « Déjà étant jeune je crois que j’avais une personnalité atypique […]. J’étais hyper-excessive, hyper-émotive, très désinhibée. Une désinhibition qui provoque un sentiment de surpuissance avec un désir de faire des choses qui, normalement, ne se font pas. »
Un diagnostic difficile à établir
Comme près d’un million de personnes en France, tous deux souffrent de troubles bipolaires. Une maladie psychique grave, puisque la moitié des personnes touchées présente des conduites suicidaires et qu’entre 20 et 25 % d’entre elles mettent fin à leurs jours. Selon le Pr Chantal Henry, psychiatre à l’université Paris-Est, « ces patients vont avoir des fluctuations de l’humeur récurrentes, [avec] à la fois des épisodes dépressifs sévères qui les empêchent de fonctionner et des épisodes d’exaltation maniaque ». Encore faut-il pouvoir reconnaître une affection dont les symptômes varient d’un malade à l’autre avec des crises plus ou moins fréquentes et plus ou moins aigües. La pose du diagnostic demande ainsi dix ans en moyenne. Une errance médicale non sans conséquences pour les personnes concernées et leurs familles. Surtout en raison de la gravité des épisodes dépressifs.
Manuel, un ancien chef d’entreprise, a tout perdu : « On tombe dans un gouffre, je sais pas comment le décrire, c’est abyssal… on est dans la détresse la plus totale. » D’origine multifactorielle, la maladie touche indifféremment les deux sexes, mais se déclare de préférence chez le sujet jeune à partir de l’adolescence. Pour soigner les troubles bipolaires, les médecins ont recours à un régulateur de l’humeur, le lithium, qui demeure le chef de file des traitements.
Dans certains cas, des séances d’électroconvulsivothérapie, ou ECT, mieux connues sous le nom d’électrochocs, peuvent être nécessaires pour diminuer l’angoisse et stabiliser le malade. Et si on ne sait pas encore guérir la bipolarité, selon le Dr Jean-Paul Mialet, « on peut déjà quand même au moins, soit espacer les rechutes, soit les atténuer considérablement ».
Beatriz Loiseau
Magazine
Durée 50 min
Présentation Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes, avec la participation de Benoît Thevenet
Production Pulsations, avec la participation de France Télévisions
Documentaire : « Troubles bipolaires, d’un extrême à l’autre »
Durée 52 min
Réalisation Cécile Tartakovsky
Production Pulsations et 17 Juin Média, avec la participation de France Télévisions
Année 2018
allodocteurs.fr/enquete-de-sante.asp
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