L'ÉPOPÉE DES GUEULES NOIRES
Infrarouge

L’Épopée des gueules noires

Suivi d'Une vie après la mine
Documentaires - Inédits - Mardi 31 janvier 2017 à partir de 20.55

Les gueules noires sont à l’honneur sur France 2, avec la diffusion de deux documentaires inédits. Leur sacrifice a non seulement permis à la France de se chauffer mais aussi d’entrer dans l’ère industrielle et d'y prospérer. Treize ans après la fermeture de la dernière mine de charbon exploitée, à La Houve en Moselle, retour sur l'histoire de ces mineurs de fond.

« Qui se rappelle que la France était couverte de puits de mine et de chevalements, du Nord au Sud, de l’Est au Midi ? » extrait de L’Épopée des gueules noires.

Alors que le 45e président des États-Unis, Donald Trump, a promis de ressusciter les mines de charbon américaines, et ce, malgré une demande en déclin, la France a depuis 2004 définitivement tourné le dos à l’extraction de la houille. Jugée peu rentable et trop polluante, elle a été remplacée par le pétrole, le nucléaire et, aujourd’hui, les énergies renouvelables. Bref, extraire du charbon en grande quantité n’est plus du tout d’actualité sur le sol français.
Il suffit pourtant de regarder les premières minutes du documentaire de Fabien Béziat et Hugues Nancy pour réaliser combien cet or noir a compté dans le façonnage de notre pays. Sans lui, quel serait aujourd’hui le visage de la France ? Aurions-nous réussi à compter parmi les grandes puissances mondiales ? Impensable. Extraire du charbon a été un formidable atout mais aussi l’une des pires aventures industrielles des XIXe et XXe siècles. Car pour parvenir à fournir les millions de tonnes de charbon nécessaires à l’essor économique et industriel des entreprises françaises – et accessoirement chauffer des millions de foyer –, des centaines de milliers de mineurs ont bravé pendant près de deux siècles le danger, la peur, le noir, la chaleur, les coups de grisou et la silicose. À plus de 1 000 mètres de profondeur, dans les méandres de la terre, ils ont cherché toujours plus de houille pour un salaire dérisoire.
Certains pourraient croire, à tort, que cette vie de labeur ne fut plus d’actualité avec la mécanisation des mines ou l’utilisation des marteaux-piqueurs mais il n’en est rien, et le documentaire le prouve. Ainsi, les galibots sont restés présents dans les galeries jusque dans les années 70. À 14 ans, la majorité des fils de mineurs entraient à la mine comme on fait sa profession de foi. Comme le décrit l’un d’eux, impossible d’oublier la première descente à 16 mètres seconde, le bruit et le bourdonnement qui vous cueillent en bas. La peur de mourir et l’impossible marche arrière pour « pas que le père ait honte ».
Certes, être mineur apportait quelques avantages, dont un toit et le chauffage gratuit – si vous étiez marié – dans l’un des corons construits à proximité des sites d’extraction. Et aussi quelques avancées sociales. Ils furent ainsi les premiers à bénéficier, dès 1894, d’un régime vieillesse et d’un système d’assurance maladie obligatoire, avant que ces derniers ne soient généralisés à toute la classe ouvrière. Des avancés sociales acquises au prix de multiples revendications ou soulèvements. Et toujours synonymes de revers. À peine les mineurs obtiennent-ils de travailler huit heures par jour (dans les années 20) que les compagnies leur imposent le chronométrage et une productivité horaire. N’étant plus payés au rendement mais à la journée, ils voient leur rémunération baisser.

Difficile d’imaginer les sacrifices des gueules noires, leur quotidien, tout au long de ces deux siècles d’exploitation, pour maintenir les rendements, coûte que coûte. Si les mineurs se sont définitivement tus à l’entrée du XXIe siècle, sachons se souvenir que, sans eux, la France ne se serait jamais relevée des deux conflits mondiaux qu’elle a vécus au XXe siècle.

C.R.

L’Épopée des gueules noires
Un film écrit et réalisé par Fabien Béziat et Hugues Nancy
Coproduit par Program33 et l’INA
Avec la participation de France Télévisions
Avec le soutien du Centre national du Cinéma et de l’Image animée et de la Procirep-Angoa

Une vie après la mine
Un film écrit et réalisé par Fabien Béziat, Hugues Nancy et Guillaume Terver
Coproduit par Program33 et l’INA
Avec la participation de France Télévisions
Avec le soutien du Centre national du Cinéma et de l’Image animée et de la Procirep-Angoa

Avec la participation de Jean-François Caron, Joëlle et Gaston Pirih, Loris Ravasio et Bernard Glanois, Patrice Winnwa et sa femme Germaine, François Dosso, Brigitte Parella, Désiré Lefait, René Lukasiewicz, Jacques Potier, Patrick Garcia, Yannick Béteille, Rémy Vin, Pascal Bernardi et Olivier Pucek.

Édito

Lorsque les derniers puits de mine ont fermé en 2003 et 2004, la France venait de vivre la lente agonie de son industrie charbonnière. Il avait fallu presque vingt années entre la décision définitive de fermeture prise en 1986 et la destruction du dernier chevalement en activité à La Houve (Moselle) en 2004.
L’arrêt des mines a plongé la communauté du charbon, comme tous les territoires miniers, dans une profonde crise à la fois économique et existentielle.
Si par leurs luttes, parfois violentes, les mineurs ont obtenu un congé charbonnier très favorable (80 % de leur rémunération jusqu’à la retraite), leur monde ne s’en est pas moins effondré. De « l’aristocratie ouvrière », les mineurs sont passés au statut de « nantis », voire de « parias ». Issus d’un monde particulièrement hiérarchisé au sein duquel les Charbonnages de France se chargeaient de l’organisation de la vie quotidienne comme des loisirs de leurs salariés (maternités, écoles, églises, services médicaux…), les mineurs se sont souvent sentis perdus et abandonnés lorsque les Charbonnages de France ont cessé leur activité. Pire, dans les années 90, lorsque les dernières fosses ont fermé dans la région Nord-Pas-de-Calais, la société a tenté de rejeter l’héritage minier, préférant tourner la page et oublier un passé industriel dont elles avaient presque honte.
Les territoires miniers ont été frappés de plein fouet par l’arrêt de leur principale activité économique. En quelques années à peine, ce sont plus de 50 000 emplois qui ont été détruits. En quelques décennies, plus de 200 000. Toute l’organisation sociale, politique et économique en a été bouleversée. Pire les communes minières ont eu à traiter les graves conséquences environnementales de l’exploitation minière et se sont souvent retrouvées avec des quartiers entiers rétrocédés par les Charbonnages de France. Des milliers de kilomètres de voies privées, des dizaines de milliers d’habitations, souvent en très mauvais état sont venus tout à coup agrandir les périmètres de l’action publique, les maires se trouvant confrontés à des défis gigantesques sans les moyens d’y faire face.
C’est pour comprendre ce qu’a été cette vie après la mine que nous avons choisi de nous rendre dans trois territoires miniers ayant vécu dans leurs chairs comme dans leurs terres, les douloureuses conséquences de décennies d’industrie houillère.
Dans la dernière région minière du pays, la Lorraine (devenue Grand Est), au cœur du plus grand et du plus puissant bassin minier, le Nord-Pas-De-Calais (devenu Hauts-de-France) et dans le bassin minier historique de Carmaux-Cagnac-les-Mines dans le Tarn, nous avons tenté de saisir la vérité de la vie après la mine auprès des anciens mineurs de fond, ces gueules noires frappées par la maladie, en quête de reconnaissance et menant un combat mémoriel pour ne pas être totalement engloutis par la modernité.
Tout au long de notre plongée au cœur du pays des gueules noires oubliées, nous avons décidé de suivre plus particulièrement l’expérience du maire d’une commune minière emblématique : Loos-en-Gohelle, dans le Nord-Pas-de-Calais. Avec Jean-François Caron, nous avons cherché à comprendre ce qu’a représenté l’arrêt de cette industrie dans la commune aux 9 puits de mine. Il nous a fait partager son combat crucial pour la défense de la mémoire des mineurs, un combat qui a connu un incroyable aboutissement avec le classement du bassin minier au patrimoine mondial de l’humanité. Loos-en-Gohelle explore les voies de la résilience pour ces communes désindustrialisées qui doivent s’inventer un autre avenir sur les ruines de l’une des industries les plus polluantes au monde.
Dégâts miniers sur les hommes et la terre, combats mémoriels pour redonner une dignité à une corporation qui l’avait perdue et résilience territoriale de communes sinistrées, tels sont les enjeux d’Une vie après la mine.

Fabien Béziat, Hugues Nancy et Guillaume Terver

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