En 2014, Dominique Deyber, conservatrice en chef des collections des musées de Bourges, découvre dans une réserve du musée un morceau de bois sculpté. Il s’agit en fait d’un casse-tête ayant appartenu à un grand chef kanak du XIXe siècle. En tirant ce premier fil, elle tente de reconstituer l’histoire de ces objets kanak légués par un natif de la ville, un déporté de la Commune de Paris : Gervais Bourdinat. Une enquête menée des deux côtés du globe.
« Ce nouveau documentaire rejoint ma préoccupation de contribuer à documenter l’histoire (les histoires) des plus anciens habitants de la Nouvelle-Calédonie : les kanak », explique en préambule le réalisateur Mehdi Lallaoui. Ce film s’inscrit en effet un peu dans le prolongement de ses précédents documentaires « Ancêtres kanak à Paris », « Le retour d’Ataï » et récemment « La métamorphose du Caillou ».
À travers la découverte d’une collection d’objets kanak oubliés dans les fonds d’une réserve muséale, « Kanak, histoire d’une collection » remonte et prolonge 140 ans plus tard le fil de l’histoire et l’enquête initiée par Dominique Deyber la conservatrice des musées de Bourges. « Notre ambition pour ce film à caractère historique sera d’aborder plusieurs thématiques transversales », reprend le réalisateur. Grâce au directeur du musée du quai Branly Emmanuel Kasarhérou, il donne ainsi à voir et à comprendre les objets kanak découverts à Bourges en 2014.
Patrimoine kanak
Le documentaire aborde en parallèle le thème du patrimoine kanak dispersé dans le monde et leur inventaire initié par Jean-Marie Tjibaou dans les années 80. Puis, à travers Gervais Bourdinat, déporté de la Commune et légataire des objets kanak à sa ville de Bourges (donation réalisée en 1884), le film dresse le portrait de ce charpentier qui fut l’ami de Louise Michel.
« Nous raconterons son enfance à Bourges, sa participation à l’insurrection parisienne comme garde national, sa déportation à l’Ile des Pins en Nouvelle-Calédonie, puis son ascension sociale et professionnelle à Nouméa où il devint conseiller municipal de la ville », poursuit Mehdi Lallaoui.
Quelle fut sa vie à Nouméa après son amnistie ? Comment collecta-t-il les objets qu’il léguera à sa ville natale ? Existe-t-il aujourd’hui des descendants de ce personnage capable de nous parler de cet homme décédé à Nouméa en 1899 ? La troisième partie de l’enquête se déroule en Nouvelle-Calédonie, sur les anciennes terres de la tribu du grand chef Poindi Paitchili dont plusieurs objets font partie de la collection retrouvée à Bourges.
« C’est donc une enquête entre le Berry et la Nouvelle-Calédonie que nous proposons dans ce documentaire pour lequel, nous en sommes certains, de nouvelles découvertes seront au rendez-vous… », conclut le réalisateur. Un film à découvrir le mardi 20 septembre sur NC La 1ère.
Réalisation : Mehdi Lallaoui
Production : Mémoires Vives Productions et NC la 1ère
Durée : 52 minutes