Une femme, deux visages, un étourdissant triangle amoureux...
Margaux, 20 ans, fait la connaissance de Margaux, 45 ans : tout les unit, il s’avère qu’elles ne forment qu’une seule et même personne, à deux âges différents de leur vie…Deux femmes séparées mais liées, qui ne cessent de veiller sur l’une et l’autre. Des quiproquos subtils et savoureux mêlés à des instants de grâce.
En DVD et VOD le 14 juillet
France - 1h36
Un film de Sophie Fillières
Avec Sandrine Kiberlain, Agathe Bonitzer, Melvil Poupaud
Prix TTC conseillé :
14,99 € le DVD
CONTENU :
- Le film
- Bonus : Scènes du film commentées par la réalisatrice (Séquence d'ouverture, Séquence du miroir, Séquence des oeufs) - produits par l’ACRIF - association des cinémas de recherche d’Île-de-France
Avec Sophie Fillières
Comment est né ce projet ?
Sandrine Kiberlain avait joué dans mon premier court métrage, mon film de fin d’études DES FILLES ET DES CHIENS. C’était également sa toute première apparition au cinéma. Nous avons, en quelque sorte, débuté ensemble. J’avais très envie 25 ans plus tard de retravailler avec elle.
J’avais par ailleurs l’idée d’un nouveau film qui explorerait, peut-être davantage encore que les précédents, la connaissance de soi, la rencontre avec soi-même au sens littéral : une jeune femme fait la rencontre, en chair et en os, de la femme qu’elle est devenue. Une sorte de portrait dédoublé. J’ai proposé ce bref résumé à Sandrine à qui ça a plu, et j’ai écrit ensuite en pensant à elle. Sa voix, sa précision et son intelligence du jeu, son physique même, m’ont portée et inspirée durant l’écriture, autant du point de vue de la femme qu’elle est que de la comédienne que l’on connaît. Une fois l’écriture terminée, j’étais suspendue à son retour. Je n’aurais pas fait ce film sans elle.
Avez-vous pensé Margaux comme une seule et même femme interprétée par deux comédiennes ou bien deux femmes distinctes qui forment un unique personnage à deux âges de sa vie ?
C’est difficile de trancher. Je n’ai pas cessé de me poser régulièrement cette question pendant l’écriture, c’était d’ailleurs nécessaire d’interroger cet aspect des choses pour tenir ce pari improbable qui est du registre du fantastique. C’est aussi peut-être une question que le spectateur se posera mais pour moi, le plus important est de se laisser porter par l’histoire, d’accepter ce postulat – aussi énorme soit-il – sans encombre et même avec jubilation, et en quelque sorte de « profiter ». C’est un véritable vertige bien sûr mais c’est aussi et avant tout pour moi un enchantement.
Je pense néanmoins, s’il fallait absolument se prononcer, mais pourquoi le faudrait-il ?, qu’il n’y a qu’une seule Margaux constituée de son passé, de son présent et de son futur. J’avais à coeur d’unir deux comédiennes dans un seul personnage. D’ailleurs, le film assume leurs différences physiques car en réalité Sandrine et Agathe ne se ressemblent pas tant que ça, mais elles ont cette même singularité, elles ont en commun une présence singulière au monde. Jamais je n’ai pensé grimer une seule et unique comédienne par exemple, pour moi ça fait partie du charme et c’est le charme, le sortilège, qu’elles soient deux. Deux actrices, deux personnes.
Vous filmez deux comédiennes convergeant vers la rencontre…
Je souhaitais qu’on les suive chacune dans leur vie avant qu’elles ne se rejoignent en utilisant un montage plus ou moins alterné. C’était nécessaire et incontournable. Quand le film démarre, les deux Margaux sont a priori très différentes même s’il y a des correspondances dans leurs personnalités, la plus jeune est perdue dans le bouillonnement de la jeunesse, comme lui dit son amie Esther « tu fais n’importe quoi »… L’autre est une femme accomplie mais un peu mystérieuse, peut-être un peu seule. Elles sont chacune à un
moment charnière de leur vie où elles ont une envie de changement, elles sont en attente de quelque chose mais quoi exactement ?, et cela les rapproche forcément, de fait elles sont comme élancées l’une vers l’autre et leur rencontre est inévitable.
Agathe Bonitzer a été un choix doublement naturel pour incarner le versant plus jeune de Sandrine : en plus d’être une comédienne que j’admire, c’est ma fille ! Mais elle possède aussi cette essence féminine, cette même rareté, cette luminosité, ce côté piquant, qui caractérisent tant Sandrine. J’avais déjà fait un film avec Agathe quand elle était beaucoup plus jeune (UN CHAT UN CHAT) et j’ai eu envie de montrer son avancée, sa marche vers une plus grande maturité. C’est aussi ça que je voulais filmer. La façon dont deux personnes (et deux comédiennes) peuvent se rejoindre.
Il n’y a pas de place pour le doute entre les deux Margaux…
Margaux-Agathe le dit elle-même à sa meilleure amie Esther qui lui demande qui était la femme avec elle dans la salle de bain : « cette fille, c’est moi ». Margaux-Sandrine ne formule pas cette évidence par la parole, mais son regard en dit tout aussi long. Elle comprend tout de suite qu’elle est face à elle avec 20 ans de moins, elle se reconnaît complètement , elle se revoit.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si leur rencontre intervient devant un miroir. La scène est vue intégralement depuis leur reflet qui emplit tout le cadre. L’enchantement se déploie de manière très réaliste, ce qui était pour moi une vraie gageure de mise en scène. Leurs regards se croisent, elles se jaugent et l’évidence s’impose au fur et à mesure des phrases qu’elles échangent et des points communs qui s’affirment : le même train, à la même heure, pour la même destination.
Le film fait donc le pari du réalisme pour raconter une histoire qui relève du genre fantastique…
Je voulais filmer mes personnages dans le réel de leur vie tout en poussant mon travail vers plus de fiction. J’avais envie d’avancer d’un cran. J’ai toujours fait un cinéma qu’on peut appeler décalé, mais c’était surtout au niveau du ton que le décalage s’opérait. Là, j’ai eu envie d’aller plus loin, de mélanger réalité et fantastique et aussi de retrouver une forme d’amusement au sens fort du terme. C’est un jeu, il y a quelque chose de ce qui nous vient de nos désirs enfantins de savoir qui on sera, qui on deviendra. C’est une question qu’on peut se poser aussi à n’importe quel âge de la vie.
Mais la façon très quotidienne d’aborder ce twist improbable du réel me tenait beaucoup à coeur. C’est par une certaine forme de comédie, ou plus exactement par l’entremise d’une forme de légèreté que je voulais traiter cette histoire qui est au fond assez grave, et
poignante. Savoir qui l’on est, s’accepter soi-même, littéralement ici, est une affaire assez sérieuse ! Et un peu bouleversante.
C’est aussi l’histoire d’un triangle amoureux avec l’irruption de Marc…
Oui il fallait que se tende un fil romanesque et j’avais envie de romance. Et bien sûr s’est très vite posée la question de l’amour. Elles aiment forcément le même homme. Il fallait un personnage masculin qui puisse s’interposer entre les deux Margaux et qui permette de souligner autant leurs différences que leurs similitudes. L’arrivée de Marc dans la vie de Margaux-Agathe et son retour dans celle de Margaux-Sandrine vient aussi renforcer la complicité des deux femmes.
J’ai essayé de dessiner une figure masculine qui soit celle de l’homme idéal : il n’est pas exempt de défauts, mais Marc impose une force tranquille entre décontraction et élégance, détachement et implication. J’avais même eu le béguin pour lui, ce personnage, en écrivant le scénario ! Pour moi, Marc est le principal point de convergence entre les deux Margaux. Il incarne, un peu comme Esther la meilleure amie, cette collusion dans le temps, la réunion du passé et du futur. Et il fallait qu’il soit absolument « craquant », irrésistible.
Pourquoi ce titre LA BELLE ET LA BELLE qui renvoie à l’univers du conte ?
J’avais déjà ce titre en tête avant même d’écrire la première ligne du scénario comme souvent d’ailleurs quand je m’attèle à un nouveau projet. Au départ, je voulais faire un film sur deux filles qui avaient le même prénom, et puis j’ai évolué très rapidement et comme une évidence vers deux femmes qui seraient la même personne.
C’est un titre qui ouvre une porte sur l’imaginaire, et l’imagination plus simplement. Et de par la répétition de « belle », sur la question d’être à la fois deux et la même.
Après la première rencontre entre les deux Margaux devant le miroir de la salle de bain, Margaux-Agathe répond à une question posée par sa meilleure amie, elle lui dit « oui je m’imagine des choses vraies ». C’est ce que j’ai essayé de faire avec ce film : m’imaginer des choses vraies, atteindre une vérité à partir d’un impossible total, et rendre possible l’impossible. C’est impossible mais c’est vrai !
Bande-annonce
La presse en parle !
Une mélancolique comédie d’apprentissage se confond ainsi avec une étrange comédie de remariage. Précisions que c’est non seulement brillant, mais aussi hilarant presque de bout en bout. - Libération
La légèreté de ton, de touche, recouvre ici une vraie finesse de l’écriture et du propos, jamais asséné mais sensible au travers de la progression du film, en intelligence avec lui. - Les Cahiers du Cinéma
On savait que Sophie Fillières avait du talent. Elle vient de signer son meilleur film. - Le Figaro
De cette uchronie a priori angoissante, Sophie Fillières tire une comédie pleine de charme, où humour et nostalgie se mêlent avec entrain, [...]. - Les Fiches du Cinéma
Un film très réussi, parfaitement équilibré, mûr, comique et grave, mais plein d'espoir. - Les Inrockuptibles
Une comédie farfelue qui dynamite les lois barbantes du temps qui passe. - Marianne
Une comédie optimiste doublée d'un beau portrait de femmes. - Voici