Suivez les aventures originales et pétillantes d’un gros ours marginal et d’une petite souris malicieuse.
L’HISTOIRE
Célestine, une petite souris orpheline, a grandi dans le monde souterrain des rongeurs. Comme beaucoup de ses semblables, elle est destinée à devenir dentiste. Mais Célestine préfère dessiner. Elle est aussi la seule à ne pas avoir peur du grand méchant ours. Il faut dire que les ours et les souris se détestent. Les souris vivent en bas et les ours en haut, c’est comme ça dans ce monde-là.
Mais un jour, Célestine tombe dans une poubelle et manque de se faire dévorer par un ours mal léché, un peu fauché, un peu musicien mais surtout très affamé nommé Ernest. Elle ne se laisse pas faire et peu à peu une amitié se noue en eux que rien ni personne ne pourra empêcher.
Avec les voix de Lambert Wilson et Pauline Brunner
Un film réalisé par Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier
Scénario et dialogues Daniel Pennac
D’après les albums de Gabrielle Vincent
Durée 79'
2012
Quel est le plaisir de jeu que vous éprouvez en tant qu’acteur, en vous retrouvant derrière un micro pour incarner un personnage de dessin animé comme Ernest ?
C’est le plaisir de la liberté, de l’invention. On peut se débarrasser de sa propre image, dans laquelle on est enfermé, et se métamorphoser. On peut changer sa voix, oser des choses loufoques, s’amuser, trouver des couleurs très éloignées de soi.
Qu’est-ce qui vous a touché dans les albums d’Ernest et Célestine ?
Ce qui me plaît beaucoup, c’est que ce n’est pas mièvre. C’est poétique sans jamais être trop sucré. Mon personnage peut être presque antipathique parfois. Il est tendre, mais aussi râleur, grognon. C’est intéressant de la part des créateurs d’imaginer des personnages qui ont plusieurs dimensions, avec tous les défauts de l’humanité.
Est-ce cela qui vous a donné envie de prêter votre voix au personnage d’Ernest ?
C’est un exercice que j’aime bien. Ce qui m’a plu dans ce projet, c’est de collaborer avec l’équipe dès le début de la création du film. La première session d’enregistrement a été réalisée en utilisant un montage avec des esquisses. C’est passionnant pour l’acteur de faire des propositions qui vont aider et influencer le dessin. Cela a été un travail de longue haleine, en plusieurs couches successives jusqu’à l’enregistrement définitif, où nous avons pratiquement tout refait.
Comment avez-vous travaillé la voix d’Ernest ? Quels étaient les directions que vous vouliez éviter, et les traits de personnalité que vous vouliez y glisser ?
Jean-Marc Pannetier, en accord avec le metteur en scène, voulait éviter le cliché de la grosse voix d’ours, et suggérer la personnalité d’un bon gars, qui peut être à la fois tendre et grognon. Je n’ai donc pas transformé ma voix, mais je l’ai seulement baissée un peu. Ernest a une voix d’adulte, qui contraste avec la voix juvénile de Célestine.
Aviez-vous des références de personnes réelles en tête quand vous jouiez Ernest ?
Je pensais un peu à une grande gueule à la Gérard Depardieu ! Un type qui aime bien bouffer, qui a un sens de bateleur, ce côté chanteur des rues…
Comment avez-vous travaillé avec Pauline Brunner, la voix de Célestine ? Avez-vous enregistré vos scènes communes ensemble ou séparément ?
Nous avons fait les deux. C’est surtout la dernière couche d’enregistrement que nous avons joué ensemble, avec des pistes séparées, mais en étant tous les deux dans le studio. Pauline a fait un travail formidable sur la voix de la souris. C’est une actrice que j’ai trouvé extrêmement habile et très agréable dans le travail. Je l’estime beaucoup. Il est clair que c’était beaucoup plus facile d’être ensemble dans le studio, en même temps.
Comment s’est déroulé le travail avec Benjamin Renner ? Comment avez-vous répété puis enregistré les scènes pour arriver au résultat que vous souhaitiez dans tous les registres d’émotions du personnage ?
Pour Benjamin, c’était quelque chose de très nouveau. Au début, il était fantastiquement timide avec les acteurs. Il n’osait pas tellement demander des choses, ne savait pas comment les formuler… Il a changé complètement en un an de travail. Il a pris de l’assurance et a donné des indications de plus en plus spécifiques. Benjamin est un perfectionniste, qui demande ce qu’il veut par des moyens doux, mais fermes ! C’était étonnant de voir l’évolution de sa confiance et de son expérience.
Vous chantez aussi une chanson dans le film. Quelles étaient les difficultés liées à cet exercice, qui consistait à chanter avec la voix d’Ernest et non pas la vôtre ?
C’est tout ce que j’aime dans le chant pour acteur. Je n’aime pas chanter sans le filtre d’un personnage. Et là, c’était Ernest qui chantait. Quand on avance un peu masqué, comme cela, on a plus de liberté. Dans ce cas précis, je n’avais pas à me préoccuper de chanter joliment… C’était plus de l’ordre du braillement que de la chanson ! (rires)
Quel est votre regard d’acteur et de spectateur sur le film, à présent qu’il est terminé ?
Au moment où nous parlons, je n’ai vu que de grands extraits, mais je les ai trouvés d’une délicatesse et d’une poésie très originale, autant dans les décors que dans le scénario. Ce traitement à l’aquarelle des décors est particulièrement audacieux à une époque où l’on bombarde les enfants avec des images très colorées, pleines d’effets spéciaux, de 3D. Là, on est dans quelque chose d’un grand raffinement, d’une grande fraîcheur. En tant qu’adulte, je suis sous le charme.
Propos recueillis par Pascal Pinteau