Reflets bruts

« Je filme pour apprendre à me défendre » lâche Bilel. « Moi, je veux comprendre pourquoi il y a autant d'inégalités » avance Nabila. Ils ont entre seize et vingt ans, s'appellent aussi Mansour, Sofian, Angèle, Mayssa ou Zohra et filment le quotidien de la cité Saint-Assiscle, un quartier populaire à la périphérie du centre-ville de Perpignan.

Plus ils filment, plus l'expérience les modifie. Ce qui chez eux se construit, c'est une manière de regarder autour de soi ; ce qui prend corps, c'est une prise de conscience des réalités sociales et de leurs places dans ce monde.  Peu à peu, ils vont élargir leur terrain d'action, définir eux-mêmes leurs sujets et leur propre outil de production, les « Jeunes reporters citoyens » et tenter de porter, hors de leur milieu habituel, une parole originale, un regard sincère sur leurs conditions, et avec le désir communicatif d'envisager une société plus juste. Leur « entrée en société » se fait en s’interrogeant sur les valeurs fondamentales de la démocratie, malmenée dans leur quotidien.

Dans le quartier, leur projet ne passe pas inaperçu, suscite la curiosité des anciens et va jusqu’à faire des émules : des adolescents de douze à quinze ans, à leur tour, commencent à filmer. La relève est assurée.

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