Confrontations : Sainte-Lucie, la folie des grandeurs

Successivement française puis anglaise, Sainte-Lucie, située à 65 kilomètres au sud de la Martinique, a obtenu son indépendance en 1979. Cette île volcanique offre des paysages sublimes, de belles plages et un climat tropical très appréciable toute l’année. Sur le recto de la carte s'affichent la douceur de vivre à la caribéenne et la garantie de vacances les pieds dans l’eau, un cocktail à la main... Prisée par les touristes nord-américains, elle attire aussi beaucoup de Martiniquais qui s’y précipitent le vendredi soir lors des « street parties », des fêtes de rue où le rhum coule à flots. 

Le tourisme, comme dans la plupart des îles de la Caraïbe, est la principale source de revenus du pays. Ce secteur, dont l’activité est fluctuante d’une année sur l’autre, profite essentiellement au nord. Le sud, lui, manque d’infrastructures et d’emplois. Le gouvernement a décidé de remédier à ce problème de façon radicale. Il a conçu un projet immobilier grandiose, la « Perle de la Caraïbe ». Au menu : casino, hôtels, villas et appartements de luxe, centre commercial et, surtout, un hippodrome. Les caisses de l’État étant vides, la réalisation de ce colossal chantier serait confiée à un homme d’affaires asiatique et financé par la vente de passeports à des investisseurs étrangers. Ce programme, tout à fait légal, s’appelle la « citoyenneté par investissement ». Il est très en vogue dans les îles de la Caraïbe en manque de liquidités. Le principe est simple : moyennant finance, de riches étrangers peuvent devenir Saint-Luciens du jour au lendemain. À Sainte-Lucie, la colère gronde car le projet est loin de faire l’unanimité. Agriculteurs, écologistes ou simples citoyens craignent que ce « Dubaï-sur-Mer » change dramatiquement leur vie et la physionomie de leur île...