Résumé
Le 11 septembre 1942, près de 600 juifs du nord de la France sont raflés et réunis dans une gare de marchandises à Lille.
Durant cette journée tragique, près de 40 personnes, en majorité des enfants, seront sauvés par des cheminots et des civils héroïques.
Ce film est le récit d'un des plus grands sauvetages de juifs en partance pour Auschwitz connu en Europe.
Avec les témoignages de ces enfants d'alors ayant échappé à la déportation : Fella et Eric Adamski, Maurice Baran-Marszak, Julien Cogez, Georgette Douce, Rose-Marie Dubos, Henriette Lerner, Oscar Stulzaft et Hélène Zupnik.
Genèse du film
C’est en 2019 que la réalisatrice Catherine Bernstein a découvert l’histoire de la rafle lilloise du 11 septembre 1942 à travers l’ouvrage Sauvons les enfants de Grégory Célerse.
Fascinée par ce sauvetage inédit et son déroulement, elle rencontre l’auteur qui lui raconte comment il a découvert par hasard cette histoire en 2013. Il n’avait jusqu’alors jamais entendu parler de cette histoire qui s’est déroulée dans sa ville.
Le 11 septembre 1942, près de 600 juifs du nord de la France sont raflés et réunis dans la gare de triage de Lille-Fives. C’est alors que de façon totalement improvisée et à leurs risques et périls, des cheminots et des riverains vont du matin jusqu’au soir contourner l’étroite surveillance des soldats allemands pour petit à petit faire sortir de la gare puis mettre en sûreté une quarantaine de personnes, dont la plupart sont des enfants.
Confronté à cette histoire incroyable et totalement tombée dans l’oubli, Grégory Célerse décide de partir à la recherche des enfants qui ont été sauvés ce jour-là et qui pour la plupart ne connaissaient pas leur propre histoire. Il ressort de cartons poussiéreux des documents jaunis par le temps. Petit à petit, telles les pièces d’un puzzle, il met au jour une histoire humaine beaucoup plus vaste.
Ensemble, Catherine Bernstein et Grégory Célerse ont décidé de faire un film documentaire pour raconter cette histoire extraordinaire.
Mais, pour la réalisatrice, se pose rapidement la question de la conception filmique : comment, avec qui et avec quoi évoquer une histoire complètement oubliée depuis soixante-dix ans ?
Il ne restait que peu d’éléments pour reconstituer les événements : quelques rares enfants sauvés, qui étaient assez grands à l’époque, pour avoir gardé des souvenirs de cette journée tragique et des documents rédigés juste après guerre par certains de ceux qui avaient participé à ce sauvetage mais qui avaient disparu depuis longtemps.
Quant à la gare de triage de Lille-Fives, elle n’existait plus. Elle avait été bombardée, à peine deux mois après les événements, en novembre 1942, et aucune photographie des lieux de cette époque n’a été retrouvée.
Catherine Bernstein choisit alors de mettre en scène un narrateur qui va, grâce à ses recherches, reconstituer les événements qui se sont déroulés le 11 septembre 1942 dans la gare de triage de Lille-Fives. Pour ce faire, il va rencontrer les rares témoins directs et plonger dans les témoignages écrits laissés par les sauveteurs.
Quant à la gare, grâce aux plans conservés et découverts dans les archives départementales et au témoignage de la fille du sous-chef de gare, Mme Dubosc, elle va être reconstituée sous nos yeux tout au long du film en maquette de train.
Petit à petit, la maquette avec ses petits personnages et ses trains miniatures va prendre vie et nous restituer ces histoires individuelles pour les replacer au sein d’une grande histoire collective : celle de gens courageux qui ont sauvé des vies, celle d’un bébé, celle d’un enfant, celle d’un homme ou celle d’une femme. Une vie et puis une autre… et encore beaucoup d’autres.
Ce film retrace un événement oublié faisant partie de la Shoah. Il fait appel aux survivants comme aux disparus et mobilise l’esprit de résilience et de résistance : résilience pour ces enfants qui ont vu disparaître leurs parents, résistance pour ces civils qui ont sauvé ces enfants dans un geste d'humanité et de liberté. Ce film rare retrace la chronologie de cette journée si singulière, son déroulement précis et presque incroyable, nous permettant de comprendre ce qui s'est réellement passé mais aussi le courage dont ont fait preuve ces héros de l'ombre pour secourir les enfants au péril de leur vie.
Catherine Bernstein
Après des débuts dans le cinéma comme assistante, Catherine Bernstein se tourne vers la réalisation de documentaires où elle se distingue en 2005 avec Assassinat d'une modiste, un film très personnel sur la spoliation des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ses thèmes de travail récurrents sont la Shoah et le nazisme. Parmi ses documentaires récents : La SNCF sous l’Occupation, sélectionné au Fipadoc Panorama en 2020, Fritz Bauer, un procureur contre le nazisme, primé au Festival de Rijeka en Croatie en 2019, Le libraire, Étoile de la SCAM 2016, Prix du Jury au festival du documentaire et du film animé de Bulgarie 2017, T4 Un médecin sous le nazisme, Prix du Public au festival de Luchon 2016.
Grégory Célerse
Il a publié :
Sauvons les enfants – Une histoire du Comité lillois de secours aux juifs (2016, éd. Les Lumières de Lille),
La traque des résistants nordistes (2011, éd. Les Lumières de Lille),
Histoire de la Gestapo, Bruxelles Lille Paris Saint-Quentin (2013, éd. Les Lumières de Lille),
Fromelles, la bataille oubliée (2016, éd. Les Lumières de Lille).
Il est coauteur en 2014 des Fantômes de l’histoire, 52 minutes réalisé par Jean-Marc Descamps, produit par les Films d’Ici 2 et diffusé sur France 3.
La ligne bleue
Sauvons les enfants
62 min
2021
Un film inédit de
Catherine Bernstein et
Grégory Célerse
Réalisation
Catherine Bernstein
D’après le livre Sauvons les enfants
de Grégory Célerse
paru aux éditions
Les Lumières de Lille
Production
Kuiv Productions
Michel Rotman et Marie-Hélène Ranc
Avec la participation de
France Télévisions
Histoire TV
Pôle histoire et culture
Emmanuel Migeot
Louis Castro
Directrice des documentaires
de France Télévisions
Catherine Alvaresse