Chaîne des régions, ambassadrice du vivre ensemble et des initiatives locales, attachée à la promotion et à la conservation du patrimoine, France 3 accueille la huitième édition de l’un des rendez-vous les plus attendus, Le Village préféré des Français.
Stéphane Bern est reparti sur les routes de métropole et d’Outre-mer pour découvrir de nouvelles merveilles. Histoire, patrimoine, gastronomie, artisanat… les 14 villages sélectionnés rivalisent de charmes !
À l’instar des précédentes éditions, les Français ont été invités à élire leur village préféré. Après Cassel, en 2018, découvrez, en fin d’émission, qui de Terre-de-Haut, Souvigny, Mouthier-Haute-Pierre, Pont-Croix, Frazé, Erbalunga, Les Riceys, La Ferté-Milon, Bourron-Marlotte, Saint-Vaast-la-Houge, Mornac-sur-Seudre, Lauzerte, Cotignac ou Le Thoureil décrochera le titre.
Une émission
Présentée Par Stéphane Bern
Produite par Morgane Production
Réalisée par Julien Faustino, Guillaume Klein et Julien Jaunet
Durée 120 min
France Télévisions
Directeur des jeux, variétés
et divertissements
Nicolas Daniel
Directrice déléguée aux variétés
et divertissements
Alexandra Redde-Amiel
Unité de programmes variétés
et divertissements
Nathalie Denise
Brice Chappey
Nicolas Oliver
Les villages sélectionnés
Pour la huitième édition du Village préféré des Français, Stéphane Bern a repris son tour de France des régions. Explications.
Vous incarnez aujourd’hui celui qui se bat, contre vents et marées, pour la sauvegarde du patrimoine. Vous avez même acquis le surnom de « Monsieur Patrimoine ». Acceptez-vous qu’on fasse un parallèle entre vos actions et celles, en leur temps, de Prosper Mérimée et d’André Malraux ?
Stéphane Bern : Autrefois, on demandait à Mérimée et à Malraux de faire ce travail, et maintenant on s’adresse à un animateur télé. Les temps ont bien changé. Franchement, restons humble et modeste au regard de leur personnalité et de l’étendue de la tâche à accomplir. Quoi qu’il en soit, sachez que je m’y attelle avec beaucoup de sincérité et d’investissement.
Mais saviez-vous que cette idée de sauvegarde du patrimoine et le projet que j’ai mis en place sont nés avec Le Village préféré des Français ? C’est grâce à ce programme que j’ai pris conscience de l’importante de la préservation du patrimoine dans les territoires ruraux. Les villages de moins de deux mille habitants possèdent la moitié de notre patrimoine, et c’est souvent leur seule richesse. À l’exception de l’agriculture, quel autre domaine peut apporter du pouvoir d’achat aux habitants de ces communes ? La culture patrimoniale. La venue de visiteurs permet de faire fonctionner l’auberge, le restaurant et les commerces. C’est aussi une manière de redynamiser les centres-bourgs, d’éviter la désertification des campagnes et d’entretenir le bâti. Tout en préservant l’humain.
J’ai eu l’occasion de rencontrer dans les villages, sur les ronds-points, des gens qui ont le sentiment d’être mis au ban de la société, abandonnés par l’État. Ce n’est pas sans me rappeler cette chanson de Gauvain Sers, Les Oubliés. Or, à ma petite échelle, j’ai constaté par exemple combien l’acquisition et la restauration du collège royal et militaire de Thiron-Gardais avaient pu avoir un impact positif sur la vie du territoire.
Le Village préféré des Français participe à sa manière à la valorisation de nos terroirs, à la sauvegarde de notre patrimoine.
S. B. : Pour l’émission, nous faisons un tour de France des villages. Et, à chaque fois, je suis fasciné par la variété et la richesse des paysages et des habitations. Il n’existe pas en Europe un autre pays qui possède une telle diversité. Nous avons la mer, la montagne, la campagne. Les villages du Nord avec leur beffroi, les mas du Sud, les longères de l’Ouest, les maisons normandes ou alsaciennes à pans de bois et colombages. Que la France est belle ! Ce n’est pas Le bonheur est dans le pré, mais « le bonheur est dans le village ». Dans les communes, la solidarité, la convivialité et le vivre ensemble ne sont pas de vains mots.
Voyez-vous, avec cette émission, j’ai le sentiment d’être à ma place, avec ce que j’aime faire. C’est-à-dire me rendre dans les territoires ruraux, aller au contact des gens. Ils sont notre richesse. J’aime rappeler que le lieu crée du lien. Et je suis content de voir que Le Village préféré arrive sur France 3, la chaîne de la solidarité des territoires et des régions. Car, dans chaque émission, nous mettons en valeur non seulement le patrimoine bâti, mais aussi le patrimoine naturel, humain et culinaire... Ce tout auquel, génération après génération, nous sommes si attachés.
Pour certains, défendre le patrimoine ou le bien-vivre dans les villages est un combat d’arrière-garde. Ils ne perçoivent pas que, en redynamisant l’économie des territoires, on offre du pouvoir d’achat aux gens. Des maires me disent : « Grâce à vous, des familles se sont installées, des classes ont été rouvertes ! »
Aviez-vous conscience de l’impact et de l’engouement que susciterait cette émission lors de sa création ?
S. B. : Je l’espérais. Avec Le Village préféré des Français, nous ne sommes pas là pour dire « voici le plus beau village de France », mais pour mettre en avant une préférence. Et cela crée une émulation, une motivation, en tout cas de l’identité régionale. Les Alsaciens, les Bretons, les Corses se battent, mais c’est bon enfant. C’est comme un concours Miss France des villages. Et finalement, ils sont tous beaux, comme toutes les miss sont belles. Et ce que je mesure à travers l’engouement du public depuis l’annonce de cette nouvelle sélection, c’est qu’ils ont tous gagné. Peu importe la place qu’ils occuperont au classement final. Et ce n’est pas pour me lancer des fleurs, mais c’est la seule émission de télévision qui, chaque année, fait l’objet d’une édition philatélique. C’est quand même incroyable.
Qui a été à l’origine de cette initiative ?
S. B. : C’est moi. J’avais évoqué cette idée au cours d’un dîner avec les patrons de La Poste et de la philatélie française. Et, depuis, il y a eu le timbre à l’effigie de Rochefort-en-Terre, puis celui de Kaysersberg et enfin celui de Cassel. Ce timbre, c’est comme une récompense. Évidemment, la presse nationale est un formidable levier pour ces villages, mais pensez que ce timbre, lui, va voyager dans le monde entier.
Quels souvenirs conservez-vous de cette huitième édition ?
S. B. : Bien que je connaisse la majorité de ces villages, je ne cesse de découvrir des choses et d’avoir des coups de cœur. À chaque fois, ça me fait le même effet, j’y viens pour les pierres, pour les paysages et je tombe sous le charme des gens. Je finis par penser que leur vraie richesse réside dans leurs habitants. Ils ont le sens de l’hospitalité. Avec cette émission, je me sens l’âme de Pierre Bonte, mon grand devancier, pour qui j’éprouve un profond respect.
Pour revenir à ces différents villages, ils sont absolument charmants, je les adore. Prenons l’exemple de Souvigny, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. J’ai eu un coup de cœur alors que j’y tournais des séquences pour un Secrets d’histoire consacré à Anne de France, que vous découvrirez cet été. J’ai tout de suite appelé la production en leur disant qu’il fallait absolument le sélectionner, qu’il était trop joli, que c’était incroyable. Frazé, lui, se trouve à sept kilomètres de chez moi, dans la région Centre-Val de Loire. Quand il a fallu choisir les villages, j’ai refusé de me prononcer, mais la production comme la chaîne m’ont demandé d’assumer le fait de connaître et d’aimer ce village. Le seul que je ne connaisse vraiment pas, c’est Terre-de-Haut, sur l’île des Saintes. Je n’ai pas eu la chance de pouvoir m’y rendre, mais le ministre de la Culture, qui l’a visité, m’a envoyé des photos en me disant que c’était sublime.
Il est donc important d’entretenir et de sauvegarder notre patrimoine.
S. B. : Absolument. Et j’invite les maires à le faire, même si, j’en conviens, ils sont pris entre deux feux. D’un côté, ils font face à des habitants désireux de plus de confort et de modernité, qui sont prêts à vivre dans des lotissements, et, de l’autre, ils tentent de conserver et d’entretenir l’âme de leur village tout en le rendant attractif aux yeux des touristes. N’oublions pas que le tourisme est une formidable manne financière. Nous sommes le premier pays au monde avec 90 millions de visiteurs par an. Les touristes viennent pour nos trésors, nos villages, nos rivages, nos montagnes, nos campagnes. Mais qu’aura-t-on à leur proposer demain, alors qu’on espère attirer 100 millions de touristes, si nous cessons d’entretenir et de conserver notre patrimoine ?
Propos recueillis par Clotilde Ruel
En juin 2018, une commune de 2 400 âmes décrochait le titre tant convoité de « village préféré des Français ». Niché dans la « cordillère des Flandres », Cassel offrait sa première récompense aux Hauts-de-France. À travers Fabrice Duhoo, adjoint à l’essor économique et à la culture et délégué communautaire de Cassel, c’est la fierté des édiles, d’un village, d’une communauté, d’un département (le Nord) et d’une région qui s’exprime.
« À l’annonce des résultats par Stéphane Bern, ce fut l’euphorie. Les gens criaient, applaudissaient, chantaient, dansaient. Nous avons eu l’impression de vivre une Coupe du monde à Cassel. »
Fabrice Duhoo se remémore la stratégie mise en place pour capter un maximum de votes et la mobilisation dépassant largement les frontières du bourg. De la mairie à l’office de tourisme, des associations aux commerçants, des Casseliens aux habitants des Hauts-de-France, tous ont apporté leur pierre à l’édifice. Il se souvient aussi, avec joie, de la liesse populaire sur la Grand-Place et des jours qui suivirent où plus rien n’était tout à fait comme avant. « Il y a eu des touristes toute l’année à Cassel, et c’est d’ailleurs durant les mois où il y avait habituellement moins de fréquentation qu’on a triplé, voire quadruplé, le nombre de sollicitations à l’office de tourisme. Sur les cinq bureaux d’information touristique que compte la communauté de communes de Flandre intérieure, celui de Cassel enregistre les deux tiers des sollicitations. Pour répondre aux besoins et à l’afflux des touristes, le bureau a été ouvert sept jours sur sept, et deux conseillers en séjour ont été embauchés pour étoffer l’équipe. »
Une commune authentique et conviviale
Parmi les monts de Flandres, celui de Cassel culmine à 176 mètres. « Si vous habitez en haute montagne, cela semble dérisoire, précise-t-il. Il n’en demeure pas moins qu’avec cette hauteur nous dépassons tous les autres. » De là-haut, il est donc possible d’apercevoir la côte, au-delà de la plaine. C’est aussi le seul mont a être réellement habité par une cité, et ce depuis la préhistoire. « Il existe ici de multiples sources qui permettaient, en se protégeant derrière des fortifications, de tenir un siège durant plusieurs mois. » Village authentique et convivial, Cassel a toujours pu compter sur son bâti, ses façades, son moulin, ses géants, ses paysages naturels, ses estaminets labellisés, son restaurant étoilé ou encore ses produits de terroir pour attirer les visiteurs.
Comme le rappelle l’élu, tous les professionnels du tourisme (restaurateurs, hébergeurs, commerçants…) ont joué le jeu. « Nous travaillons actuellement sur la signalétique et les enseignes de commerce et réfléchissons à une application de géolocalisation qui permettrait de fidéliser les touristes sur la commune et celles environnantes. » Avec l’aide des associations locales, le village a créé des animations. « Sans elles, nous ne pourrions pas nous en sortir. » Et, depuis la consécration, tous les lieux de restauration (estaminets, baraques à frites, pizzerias, restaurants gastronomiques et restaurant étoilé) affichent régulièrement complet.
Des actions légitimées par ce prix
Et la plaque ? « Tout le monde nous l’a réclamée. » Inaugurée par Monsieur le Maire, elle trône sur la Grand-Place. Après les résultats, un effort particulier pour le fleurissement de la cité a été décidé ; dans le même esprit, sept panneaux « Village préféré des Français 2018 » ont été installés aux différentes entrées du village, sous le nom de la commune.
La mairie fourmille de projets, mais elle se donne le temps d’y réfléchir afin ne pas commettre d’erreurs et de trouver le bon équilibre entre le bien-être et la satisfaction de ses administrés et les attentes des touristes. « Nous sommes une commune de 2 400 habitants et nous disposons seulement des moyens financiers d’une commune de cette taille. Et certains projets ne peuvent pas être financés par nous seuls, ils nécessitent de bénéficier de financements intercommunaux, départementaux, régionaux ou de partenariats public-privé. Parmi ces projets structurants figurent l’aire pour les camping-cars, l’augmentation en deux temps du nombre de places de stationnement pour ne pas dénaturer le paysage, la réhabilitation d’une chapelle de jésuites, l’accueil d’un village des artisans et métiers d’art. » Cassel peut se prévaloir de compter déjà un atelier-boutique, avec quatre meilleurs ouvriers de France, un artisan sculpteur sur bois et un tapissier d’ameublement. Le village mène aussi une réflexion autour du cheminement piétonnier et cycliste, imaginant même de créer des points de détente, afin d’accueillir au mieux les cyclistes de passage. Si certains projets avaient été initiés avant l’élection, il est certain pourtant que ce prix a permis certaines avancées…
Clotilde Ruel
Un timbre à l’effigie de Cassel
C’est une tradition, chaque année, La Poste édite un timbre de collection à l’effigie du village préféré des Français. Cassel, qui a été élu en 2018, se verra remettre le sien pendant l’émission, et celui-ci sera en vente dès le lendemain.
Les villages gagnants 2012-2018
Impact touristique
Depuis sept ans, cette émission a trouvé une place à part dans le paysage audiovisuel français, au point d’être devenue une référence pour de nombreux villages sur tout le territoire. Ce programme a en effet un véritable impact touristique – immédiat mais aussi pérenne – sur les villages gagnants et ceux sélectionnés.
L’afflux de curieux est d’abord local. Ils viennent de la région et de celles avoisinantes. Nombreux sont d’ailleurs ceux qui découvrent ou redécouvrent un patrimoine à quelques kilomètres de leur domicile.
Les premiers villages touchés par la médiatisation sont les grands gagnants des émissions. Ploumanac’h (village préféré des Français 2015) témoigne de ce coup de projecteur national. Le bourg breton a accueilli 160 000 visiteurs en 2015, soit 20 % de plus qu’en 2014.
On constate que ces retombées positives profitent également aux villages moins bien classés. À Vouvant (8e lors de l’édition 2014), au cœur des Pays de la Loire, l’office de tourisme a vu dès l'été sa fréquentation augmenter de 30 %. Et cette hausse a progressé de 5 % en 2015.
Un afflux touristique, c’est bien. Quand il s’ancre dans le temps, c’est mieux ! À Eguisheim, en Alsace (village préféré des Français 2013), celui-ci se maintient à 700 000 visiteurs par an, alors qu’il était de 500 000 avant la diffusion.
Une augmentation significative du nombre de touristes engendre un bouleversement économique qui se traduit différemment selon les villages. Les commerces de Rochefort-en-Terre (gagnant 2016) ont enregistré une hausse significative de leur chiffre d’affaires – au minimum 30 % –, et certains hôteliers refusent même des réservations. Les communes aux alentours profitent donc elles aussi des retombées économiques et médiatiques. L’office de tourisme a par ailleurs créé un emploi à plein temps pour faire face à cette nouvelle affluence !