Documentaire Archipels
La terre comme un poing
Le 22 juin 1962, 113 passagers et membres d’équipage périssent à Deshaies en Guadeloupe lors du crash d'un Boeing 707 de la compagnie Air France. La présence de personnalités autonomistes à bord alimente la thèse d'un attentat. Le documentaire propose de (re)plonger au cœur d'une affaire qui a défrayé la chronique et de plonger dans une époque, celle de la naissance du mouvement autonomiste aux Antilles et en Guyane.
Les autorités concluent à un accident dû à une erreur de pilotage et classent aussitôt le rapport d’enquête Secret défense. La rumeur de l’attentat politique grandit. À bord de l’avion se trouvaient trois leaders autonomistes : le Guadeloupéen Albert Béville et le Martiniquais Georges Tropos, le député guyanais Justin Catayée. Quelques jours auparavant, ce dernier réclamait un statut spécial d’autonomie pour son territoire devant l'Assemblée nationale, à Paris.
Des familles de victimes et des associations se mobilisent pour tenter de connaître la vérité et obtenir justice. Il faudra plus de cinquante ans pour que le voile se lève enfin sur cette mystérieuse affaire. Mauvaise météo ? Problème technique ? Complot ?
Le réalisateur guadeloupéen Franck Salin revient sur l’histoire du crash et s’appuie sur de nombreuses archives et des témoignages, ainsi que sur une reconstitution d'une partie de la vie des militants. La terre comme un poing est une enquête, mais aussi un hommage aux victimes, jusqu'au titre du film, extrait du dernier poème écrit par Albert Béville, « Belle image ».
70 min
Ecrit et réalisé par
Franck Salin
Production
Beau Comme une Image
Avec la participation de
France Télévisions
Produit par
Frédéric Tyrode Saint-Louis
2022
Note d'intention du producteur, Frédéric Tyrode Saint-Louis
C’est à la fin de l’été 2021 que Franck Salin, dont j’ai produit trois de ses films : Citoyens bois d’ébène, Camarade Jean et Des faucilles dans les veines, a commencé à me parler de son projet La terre comme un poing relatif au crash du vol Air France 117.
J’avais entendu parler de cette tragédie aérienne, quand la commission Stora avait rendu son rapport en 2016, sous l’égide du ministère des Outre-mer (Georges Pau Langevin). Les conclusions du rapport d’enquête mettaient un « point final » à la rumeur que le crash de l’avion d’AirFrance le 22 juin 62 à Deshaies en Guadeloupe avait comme origine un attentat commandité par l’État Français.
J’ai rapidement donné mon accord à Franck Salin pour produire ce nouveau film, car je trouvais son approche particulièrement intéressante.
À travers ce film, Franck Salin entend raconter le combat des familles et des proches des victimes, qui pendant 54 ans (1962-2016) se sont battus pour connaître la vérité. Vérité que l’État français a sciemment cherché à masquer, en refusant à plusieurs reprises la divulgation du rapport d’enquête qui avait été conduit juste après l’accident, rapport d’enquête classé Secret défense…
Ainsi je ne fus pas surpris de découvrir qu’au travers du film « La terre comme un poing, le crash du vol AirFrance 117, accident ou crime d’état ? » Franck Salin entendait étudier, analyser l’émergence des mouvements indépendantistes dans les départements d’Outre-mer qui, au début des années 60, se cristallisent autour du front Antillo-guyanais pour l’autonomie (FAGA).
L'approche originale et particulièrement inédite, de montrer de façon parallèle la situation économique et sociale de la Guadeloupe, de la Guyane et de la Martinique à la fin des années 50 et au début des années 60 ; les itinéraires de Justin Catayée, Albert Béville et Georges Tropos. Ces trois hommes représentaient les aspirations d’une grande partie de la population de ces trois départements français.
Il est important, soixante ans après le crash de Deshaies, de revenir sur cette histoire, d’expliquer pourquoi la rumeur d’un attentat commis par l’État français a persisté aussi longtemps et comment, après une enquête de plus de deux ans s’appuyant sur le rapport « interdit » de 1962, les causes de l’accident ont pu être établies de façon fermes et définitives.
Frédéric Tyrode Saint-Louis
