Dans un collège d'Alsace, certains élèves de quatrième refusent d’assister au cours de piscine en prétextant des raisons religieuses. La réalisatrice Clarisse Feletin nous plonge dans la gestion de cette crise qui place l’équipe enseignante sur une ligne de crête, deux ans après l’assassinat de Samuel Paty. La vie du collège en est bouleversée comme celle de la communauté turque de la ville à laquelle certains élèves appartiennent.
En parallèle, à Paris, au ministère de l’Éducation nationale, les membres du Conseil des Sages en charge de la laïcité ouvrent leur porte, pour la première fois, à une caméra alors qu’ils tentent d’apporter des réponses aux enseignants et à leurs directions désorientées.
De quels soutiens l’équipe enseignante dispose-t-elle pour faire respecter la laïcité dans son établissement ?
Note d’intention de la réalisatrice, Clarisse Feletin :
L’idée de mon film m’est venu, il y a deux ans, en écoutant le débat public sur la laïcité, qui la présentait comme un principe fixe, rigide, qui plus est instrumentalisé par différents groupes d’opinion. Je suis partie en exploration dans des lieux emblématiques de notre société où se crée au quotidien la laïcité : en entreprise, à l’école, à l’hôpital, à l’armée... Tout simplement pour savoir comment chaque institution traduit ce principe républicain en rapport avec sa mission propre : produire, enseigner, soigner, protéger.
Il m’a fallu aussi remonter à ses origines, à la loi du 9 décembre 1905.
Au fil de mes rencontres, j’ai réalisé combien ce principe, « la liberté de conscience dans le respect de l’ordre public », pouvait s’interpréter de manière variée.
Derrière certaines « atteintes à la laïcité », se dissimulait des problèmes d’un autre ordre.
Ainsi ai-je constaté que le ministère de l’Éducation nationale ne se rendait pas toujours compte de l’importance de créer des relations avec les associations et les communautés dans les zones de forte mixité sociale. Le manque de communication qui en découlait était source de malentendus et d’incompréhension et pouvait fragiliser les professeurs.
Pourtant, prise comme une boîte à outil et un repère du vivre-ensemble, j’ai pu découvrir combien ce même principe de laïcité pouvait aider à désamorcer ces conflits en amenant les personnes ou groupes concernés à communiquer ensemble.
Le Conseil des Sages de l’Éducation nationale m’a ouvert ses portes alors qu'il travaillait sur un rapport concernant « L'évitement des cours d'éducation physique et sportive et le recours à des certificats médicaux non justifiés ». C’est ainsi que j’ai été mise en contact avec le principal du collège de Thann qui venait de saisir le Conseil des Sages suite à plusieurs refus d'élèves d’assister au cours de piscine pour motif religieux. Toute l’équipe enseignante jusqu’au principal donnait l’impression d’être démunie face à cette forme d’atteinte au principe de laïcité.
Puis la magie du documentaire a fait que je me suis installée au bon moment, au bon endroit, pour suivre cette affaire.
#Infrarouge
Présenté par
Marie Drucker
La fabrique de la laïcité
49 min
Un film de
Clarisse Feletin
Produit par
Point du Jour – Les Films du Balibari
Luc Martin-Gousset
Avec la participation de
France Télévisions
Pôle documentaires société et géopolitique de
France Télévisions
Renaud Allilaire
Sophie Chegaray
Julie de Mareuil
Directrice de l'unité documentaires
Catherine Alvaresse
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