Horizons : Guadeloupe, le choix d'aimer

Lundi 13 février 2023 à 20.05

À l'occasion de la Saint-Valentin, découvrez quatre couples guadeloupéens qui parlent d'amour. Un regard, une caresse, des actes de tendresse échangés dans l'intimité, comme au milieu d’une foule, certains diront que c’est notamment là que se logent les preuves d’amour. À la fois universels et si personnels, ces gestes, ces mots sont des « petits riens » pour celles et ceux qui expriment et montrent facilement leurs sentiments. D’autres auront plus de pudeur, voire de difficultés à le faire. En Guadeloupe, l’affection, en public, doit souvent être sans effusion. Sur une île traumatisée par l’esclavage et la domination de l’homme par l’homme, s’engager dans une histoire d’amour peut se révéler ambitieux. Comment s’aime-t-on ? Comment une société insulaire, « en vase clos », influence la façon d’être en couple ? Réponses dans le documentaire.

Après avoir grandi avec deux parents violents et avoir échappé de peu à la prison pour délinquance, Michel s’est juré de rompre cette spirale. Confiant en l’avenir, il s’est marié il y a quatre ans avec Esthécy, qui a connu une jeunesse éprouvante dans un quartier très sensible de Pointe-à-Pitre. Michel, qui s'est construit seul et sans autre modèle que la violence, explique être passé par une « longue mutation ». Aujourd’hui, il essaie de créer un nouveau modèle, être un mari et un père attentif et aimant.

Nita et Fritz ont rencontré beaucoup d’oppositions au sein de leurs familles. Celle de Nita notamment, reprochant à Fritz les dix ans qui les séparent, sa situation financière instable et la couleur de sa peau jugée trop noire. Dévastée par l’abandon de son père et traumatisée par son beau-père qu’elle haïssait, Nita a longtemps transféré cette image négative sur toute la gent masculine. Elle a trouvé en Fritz un homme constant qui l’aime et l’épaule.

Christy et Arnaud préparent l’arrivée de leur premier enfant. Christy est restée longtemps célibataire, échaudée par les expériences décevantes des femmes de sa famille. Pour elle, tous les hommes étaient des coureurs malhonnêtes. La jeune femme avait peur de l’amour au point de le fuir. Aujourd’hui enceinte de cinq mois, elle s’investit pleinement dans sa relation avec Arnaud. Le couple partage les mêmes valeurs.

Enfin, Elmire et Francis se connaissent depuis quarante ans et sont mariés depuis vingt-cinq ans. Ils ont pris le temps de construire leur relation avant même de se dire « en couple ensemble ». Leur amour et les attentions qu’ils se portent sont une source d’inspiration pour leurs enfants, à qui ils espèrent transmettre, par l’exemple, que l’amour peut être synonyme d’unité et de tendresse.

Comment se départir des préjugés de « l’homme antillais, infidèle impénitent » et de « la femme antillaise autoritaire, joviale en public mais glaciale en privé » ? Comment transmettre à ses enfants sa vision du couple ? Et plus largement, comment s’aimer alors que rien n’est jamais acquis ? Ces couples partagent leur quotidien fait d’attentions et de choix et livrent leurs histoires personnelles. Les défis qu’ils ont relevés et relèvent encore interrogent en creux la société guadeloupéenne et la construction sociale du couple au fil des années.