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Documentaire

Les Sorcières de Sarcelles

Samedi 4 février 2023 à 21:05

Novembre 2021. Les élèves de seconde du lycée de la Tourelle, à Sarcelles, écoutent attentivement Bertrand Chauvet, professeur de théâtre assisté de Fatou Injai. Pendant l'année scolaire, ils vont préparer une représentation publique de son adaptation théâtrale du roman de la célèbre écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé Moi, Tituba sorcière… Noire de Salem. La finalité du projet : une représentation devant Maryse Condé elle-même.
Rejouer les pages les plus sombres de notre histoire, celles du colonialisme, de l'esclavage et du puritanisme, dans une ville aujourd'hui marquée par le multiculturalisme, l'exclusion socio-économique et le retour du fait religieux. Et dans le même temps, apprendre à se connaître et à s'affirmer, à penser le monde et à révéler ses propres histoires. Tourné en immersion dans cette troupe d'apprentis comédiens, Les Sorcières de Sarcelles fonctionne comme le roman d'initiation auquel il rend hommage, avec ses personnages, son intrigue et son arène.

Notamment revisité par le dramaturge Arthur Miller en 1953, le procès des sorcières de Salem est sans doute le plus célèbre et le plus édifiant de tous les procès en sorcellerie qui ont marqué les siècles passés. Il commence en mars 1692 par l’arrestation d’une vieille femme malade, d’une mendiante et d’une esclave prénommée Tituba. L’année suivante, la vieille femme malade meurt dans son cachot, la mendiante est exécutée, et l’esclave vendue pour le prix de sa pension, de ses chaînes et de ses fers. Mais à qui ? Pour aller où ?

« Le racisme, conscient ou inconscient, des historiens est tel qu’aucun ne s’en soucie », souligne Maryse Condé à la fin de Moi, Tituba sorcière… Noire de Salem, paru en 1986. « Selon Ann Petry, une romancière noire américaine qui se passionna elle aussi pour ce personnage, elle fut achetée par un tisserand et finit ses jours à Boston. (...) Je lui ai offert quant à moi une fin de mon choix. » C’est-à-dire un retour à La Barbade, où Tituba est née du viol d’une esclave par un marin anglais à bord d’un vaisseau négrier. Très jeune orpheline, elle est chassée de sa plantation et recueillie par une vieille femme guérisseuse qui l’initie aux pouvoirs surnaturels. Puis retombe en esclavage en épousant un homme « jamais très brave, jamais très fort ni honnête, mais aimant ». C’est ce mariage qui l’entraîne à Salem, au service d’un pasteur. Loin de se contenter de retracer le parcours de la victime oubliée d’un procès historique, le roman de Maryse Condé Moi, Tituba sorcière… Noire de Salem donne corps et voix à une héroïne aux prises avec sa condition de femme, de Noire et d’esclave. Son héroïne s’adresse directement à nous, elle nous parle de notre passé, mais aussi de notre présent, de notre avenir.

En participant à un atelier théâtral autour de ce personnage, les adolescents, par définition en pleine construction individuelle, peuvent s’essayer à la construction collective tout en menant une réflexion sur la tolérance et en déployant une poétique qui leur est propre. L’objectif est en effet de rejouer une page de l’Histoire tout en s’appropriant la langue de Maryse Condé. Un écho d’autant plus fort à Sarcelles, ville souvent citée pour son multiculturalisme, mais qui souffre d’une réputation difficile et d’un taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne nationale. Les plus jeunes de ses habitants ont parfois le sentiment d’être voués à l’incompréhension, à l’exclusion, à la stigmatisation, à l’invisibilisation. Et faire exister Tituba sur la scène, c’est au contraire conquérir le droit d’être soi-même, oser accéder à la lumière, rompre avec la fatalité. Comme elle, les élèves du lycée de la Tourelle vont mûrir, se transformer et tenter de s’émanciper au fil du récit.

52 min

Documentaire inédit

Ecriture et réalisation
Camille Hamet
Serena Robin

Production
Day for Night (Jan Vasak)

Avec la participation de 
France Télévisions 

Direction de la stratégie éditoriale transverse du pôle Outre-mer
Rémi Festa
Fabienne Brichet

Directeur de la stratégie éditoriale du pôle Outre-mer
Luc de Saint-Sernin

2022

AINSLEY_Les Sorcières de Sarcelles_Crédits D4N

AINSLEY

FATIMA_Les Sorcières de Sarcelles_Crédits D4N

FATIMA

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LAETICIA & BERTRAND

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contact presse

Christine Mkadara
Responsable de Communication Mayotte La 1ère