Des années d’après-guerre à nos jours, des pionnières paysannes et agricultrices vont mener un long combat de l’ombre pour passer de l’invisibilité sociale, d’un métier subi, à la reconnaissance pleine et entière de leur statut. C’est l’histoire de cette lutte que raconte le documentaire Moi, agricultrice, à voir jeudi 23 février.
Trop longtemps considérées « sans profession », sous la tutelle juridique et économique de leurs époux, ces militantes de la première heure, essentiellement des Pays de la Loire et de Bretagne, livrent le récit intime d’une conquête restée dans l’oubli de l’histoire de l’émancipation des femmes, en écho aux bouleversements de la société française et aux luttes féministes restées célèbres. Cette bataille, elles l’ont d’abord menée de l’intérieur, à la sueur de leurs fronts, dans leurs étables et leurs champs, pour prouver leur identité professionnelle, en s’opposant à l’ordre patriarcal et à un certain machisme du milieu paysan.
En Loire-Atlantique, Marie-Paule Méchineau, étudiante à Nantes en plein mai 68, s’engage dans le syndicalisme, le mouvement des Paysans Travailleurs qui deviendra plus tard la Confédération Paysanne, et défend pendant une trentaine d’années la cause des femmes de la terre.
En Vendée, trois paysannes avant-gardistes, Monique Préau et sa belle-soeur Bernadette ainsi que Marie-Hélène Tanguy créent les conditions de leur propre indépendance sans attendre la première loi de reconnaissance des exploitantes agricoles entrée en vigueur en 1988.
En Anjou, Nadège Herbel, vigneronne bio, seule à la tête de son domaine, incarne la nouvelle génération héritière de cette lente marche vers l’égalité des droits, déterminée à garantir les acquis gagnés de haute lutte par ses aînées.
Car pour les nouvelles pousses de l’agriculture, trop souvent le combat continue pour prouver leur légitimité et convaincre les banques quand elles veulent valoriser leur production. Un paradoxe alors que depuis 2017, le patron du puissant syndicat agricole, la FNSEA, est une femme, Christiane Lambert. Cheffe d’une exploitation porcine avec son mari dans le Maine-et-Loire, la plus influente et la plus célèbre agricultrice de France a gravi un à un les échelons du syndicalisme et veut briser le plafond de verre pour que ces femmes prennent de plus en plus de postes à responsabilité dans les organisations professionnelles.
Retracée sous la forme d’une quête personnelle, cette chronique historique, complétée par des archives filmées et des photos rares, illustre un féminisme invisible et pointe une injustice sociale dont les très faibles retraites des agricultrices sont aujourd’hui le reflet. Alors même que toutes ces travailleuses de la terre ont pleinement contribué à faire de l’agriculture une richesse nationale.
Disponible en replay sur france.tv
Cette soirée se poursuit avec la diffusion d'un second film :
L'espoir des forêts
Un film de Yves Enterich
Une coproduction France Télévisions et Seppia
Les forêts vosgiennes sont considérablement touchées par le réchauffement climatique et la crise du scolyte. Comment mieux valoriser le bois et protéger nos forêts, indispensables pour aider la planète à stocker du carbone ? Face à ce défi, les forestiers et l'ensemble de la filière bois se mobilisent pour mieux utiliser l'épicéa, et inclure dans la construction une plus grande part de feuillus. Conscients de l’urgence d’agir, ces professionnels du bois de la région trouvent des solutions locales pour résoudre ce problème global et penser l’avenir de nos forêts.
Un programme à revoir sur france.tv
Moi, agricultrice
Un documentaire de 52'
Réalisation :
Delphine Prunault
Coproduction :
Galaxie Presse - France Télévisions - France 3 Pays de la Loire
Délégué aux antennes
et aux contenus :
Nicolas Ricoud
► Diffusion :
Jeudi 23 février 2023 à 22.50
sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté
► À (re)voir
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