Guadeloupe La 1ère vous propose un documentaire inédit qui brosse le portrait d'un paysan guadeloupéen visionnaire, ardent militant syndical et politique, Siméon René. Décédé en 2010, l'homme a passé sa vie au cœur des vallées des Grands Fonds, en Guadeloupe, à défendre une agriculture paysanne familiale et rurale pour nourrir le corps et l’esprit d’un peuple en respectant la terre.
Une partie de ses douze enfants vivent sur la terre familiale de Guiampo, mais seuls ses aînés, Tony et Suzy, maintiennent encore une modeste activité agricole traditionnelle. Malgré l’attachement viscéral à cette terre qui les a vus naître, leurs frères et sœurs se sont tournés vers d’autres métiers.
Aujourd’hui, dans la famille, un espoir est en train de naître. La jeune Thalia, 17 ans, n’a qu’un seul objectif : prendre la relève de son grand-père, son héros. Les graines que Siméon et sa femme Georges ont semées dans leur famille ont germé : quels sont les combats et les rêves de cette nouvelle génération ?
Les Grands Fonds est une région vallonnée située sur l'île de la Grande-Terre, en Guadeloupe. Les paysages sont saisissants et verdoyants. Ils demeurent le potager de « l'île papillon », propice à la culture des fruits et des légumes. La richesse et la diversité de son écosystème font de cette région un site unique au monde. Sur un chemin se trouve une stèle en dalle de tuf surmontée d’un buste en bronze à l’effigie d’un homme. Une petite plaque dorée est fixée avec cette inscription : « Siméon RENÉ 1921-2010 L’homme qui parlait à la terre de Guiampo ». Une histoire singulière et puissante se cache derrière ce buste en bronze que nous conte la réalisatrice Guy Gabon dans ce documentaire inédit.
L’histoire de Siméon, c’est l’histoire d’un enfant de la campagne des Grands Fonds qui, très jeune, partage son temps entre les travaux agricoles, pour aider ses parents aux champs, et l’école. Le jeune homme fréquente l’École Normale pour devenir instituteur et rencontre Georges qui deviendra sa femme en 1951. Le couple aura douze enfants qu’ils élèvent dans le partage des valeurs paysannes, humaines, familiales et militantes. Siméon fait son entrée au comité central du Parti Communiste Guadeloupéen lors du congrès de décembre 1964. En parallèle, il rejoint le comité de rédaction de L’Etincelle (journal local du PCG) en tant que secrétaire administratif. Ses fonctions de dirigeant l’amènent à Moscou, où il suit des études supérieures de sciences sociales. De retour au pays, Siméon démissionne de l’Éducation nationale et installe chez lui un tableau, une table et des bancs, et crée une classe alternative pour les enfants des environs qui rencontrent des difficultés avec « le moule de l’école de la République », ainsi que pour les paysans qui ne savent ni lire ni écrire.
Ce lien à la terre est le fondement de sa pensée, son engagement, sa philosophie de vie. C’est l’héritage laissé à ses enfants. La plupart vivent sur les terres de Guiampo, mais seuls les aînés perpétuent des pratiques agricoles héritées de leurs parents. Mais pour combien de temps encore ?
La réalisatrice filme les traces d’une mémoire qui s’efface, celle des combats et des rêves de Siméon dont il ne restera bientôt plus que la statue. Le contexte de crise qui s’est aggravé avec la pandémie démontre à quel point le modèle agricole mondialisé a mis en lumière notre fragilité, notre vulnérabilité et notre dépendance à l’exportation pour nous nourrir. Siméon l’avait pressenti, et son rêve de souveraineté alimentaire n’était pas une utopie. Son combat n’aura pas été vain. Sa petite-fille, née sur cette terre, poursuit le chemin tracé par ses grands-parents. Thalia ne s’imagine pas vivre ailleurs. Elle porte avec fierté l'héritage de son grand-père et le perpétue avec son regard d’aujourd’hui. La jeune femme souhaite devenir éleveuse et vétérinaire rurale sur la terre de Guiampo pour façonner à son tour les paysages de son enfance. Ses combats sont plus écologiques que politiques. Ils sont aussi ceux de l’affirmation des femmes dans le monde agricole.
Le film montre l'engagement d’une nouvelle génération consciente de l’urgence de préserver et transmettre la terre des Grands Fonds en s'inspirant de l'agriculture paysanne du passé.
Le film a remporté le Prix Hors les murs du Festival Monde en vues en 2022.
52 min
Documentaire
Réalisation et écriture
Guy Gabon
Production déléguée
Real Productions
Wips Production
Coproduction
Canal + Antilles - Canal + Guyane - Vosges TV - Pictanovo avec le soutien de la Région Hauts-de-France
Avec le soutien de la
Région Guadeloupe en partenariat avec le CNC
Avec la participation de
France Télévisions
Guadeloupe La 1ère
Avec le soutien de
Bip TV, de la Procirep - Société des Producteurs et de l’Angoa Avec la participation du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée.
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Luc de Saint-Sernin
2022