Pour la première fois, un documentaire retrace l'histoire et le destin de Pōmare IV (1813-1877). Cette reine tahitienne, souvent comparée à son homologue contemporaine la reine Victoria, a régné pendant plus d'un demi-siècle, au milieu du XIXe, dans une période de guerre coloniale et d'épidémies. Ce film met en avant un pan d’histoire de Tahiti mal connu. Quelle fut la vie de cette reine ? Comment une Polynésienne de treize ans s'est-elle retrouvée sur le trône ?
Ce documentaire retrace l’histoire d’une reine de France, illustre de son vivant, dont le nom résonnait dans tout Paris alors qu’elle régnait à 18 000 km de là. De son royaume situé dans le Pacifique Sud, elle mit en péril l’entente entre la France et l'Angleterre, les deux grandes puissances impériales qui tentaient de s'implanter dans l'océan Pacifique.
Si son nom demeure célèbre, la vie mouvementée de la reine Pōmare ne nous est guère connue. Pourtant, Pōmare IV imprimera sa marque sur son époque et sur l’histoire de Tahiti. La jeune Aïmata aurait bien poursuivi le cours insouciant d’une jeunesse vouée au plaisir et à la liberté, mais l'histoire en a décidé autrement. Le 11 janvier 1827, à 13 ans, la princesse hérite de la couronne de Tahiti qui ne lui était pas destinée, mais qu’elle est désormais seule à pouvoir coiffer.
La reine est très jeune, et peu formée à l'exercice du pouvoir. Ses premières années de règne sont compliquées, sur fond de guerre d'influence entre Français et Britannique. Du puritanisme exporté par les missionnaires anglais aux ravages de la guerre franco-tahitienne, Pōmare IV conservera, malgré des difficultés liées à l'affaiblissement du pouvoir, son trône jusqu'à sa mort en septembre 1877, à l'âge de 64 ans.
Le documentaire permet, par ailleurs, de découvrir les vestiges de sa maison située à Papeete. Une ancienne demeure de style colonial au parquet grinçant, à la façade bâchée, et dont le gardien évoque avec nostalgie et émotion le passé de cette figure de l'histoire de son territoire.
Pour témoigner de l’héritage de la reine Pōmare IV dans de multiples sphères, plusieurs personnalités polynésiennes ont accepté de témoigner. La danseuse Marguerite Lai, l'anthropologue Simone Grand, l’activiste et descendant des Pōmare Joinville Pōmare, ainsi que l'ethnologue Alexandre Juster
52 min
Documentaire
Réalisation
Fabrice Gardel
Alexia Kingler
Production
Galaxie
Avec la participation de
France Télévisions
Direction de la stratégie éditoriale transverse du pôle Outre-mer
Rémi Festa
Gabrielle Lorne
Directeur de la stratégie éditoriale du pôle Outre-mer
Luc de Saint-Sernin
3 questions aux réalisateurs Fabrice Gardel et Alexia Kingler
Comment avez-vous eu l’idée de travailler sur cette personnalité ?
Nous travaillons depuis des années avec le pôle Outre-mer de France Télévisions (Aimé Césaire & moi, René Maran : le premier Goncourt noir). Il nous semblait d’une part que l’on parle trop peu de la Polynésie et, d’autre part, la vie de cette reine est à la fois extrêmement romanesque et permet de revisiter une histoire coloniale violente, brutale et méconnue. Il nous fallait la raconter, en évitant tout regard surplombant.
Qu’est-ce qui vous a intéressés dans la vie de cette reine ?
Ayant réalisé un portrait d’Albert Camus, la notion de nuance est pour nous essentielle. La reine Pōmare est justement un personnage ambivalent, contradictoire. Elle a fait ce qu’elle a pu pour défendre les traditions locales, elle a incontestablement été une figure de stabilité durant 50 ans à Tahiti mais elle a aussi un côté rebelle, légèrement diva. Cette complexité nous paraît intéressante dans une époque manichéenne.
Qu’est-ce qui vous a le plus séduits dans le tournage à Tahiti ?
Notre parti pris était de donner la parole aux Polynésien.ne.s, et nous n’avons cessé de rencontrer des personnalités fortes et inspirantes, à l’image de Pōmare IV. Des femmes comme Marguerite Lai ou Simone Grand qui sont tout à la fois des puits de science et de sacrés caractères. Leur énergie est formidable ! Et cela participe à rendre un film vivant qui puisse parler à tous, en métropole comme en Polynésie.
Propos recueillis par la production