Communiqué de presse
- Partagez 'Produits en France, envoyés à l’étranger : qui se fait du blé avec nos aliments? ' sur Facebook
- Partagez 'Produits en France, envoyés à l’étranger : qui se fait du blé avec nos aliments? ' sur X
- Partagez 'Produits en France, envoyés à l’étranger : qui se fait du blé avec nos aliments? ' sur LinkedIn
- Partagez 'Produits en France, envoyés à l’étranger : qui se fait du blé avec nos aliments? ' par email
Révélations sur ce que nous produisons sur notre sol pour l’envoyer à l’autre bout de la planète. Nous devons importer la majorité des fruits et légumes que nous mangeons, alors que nous exportons des produits agricoles dans le monde entier. Pénuries d’un côté, surproductions de l’autre. Quels aliments exportons-nous exactement ? Et comment relocaliser notre agriculture ?
Édito de Hugo Clément
Je suis toujours frappé en faisant mes courses par le fait qu’il n’est pas facile d’acheter des produits frais français. En regardant de plus près, j’ai découvert qu’on importe effectivement 70% de nos fruits et près de 30% de nos légumes ! Les productions maraîchères ont chuté en France, si bien que notre souveraineté alimentaire est menacée. Cela m’a rappelé la pénurie de moutarde de l'année dernière. Si on a pu se retrouver à court de graines à cause d’aléas climatiques à l’autre bout de la planète, cela peut aussi arriver pour d’autres produits qu’on importe. Pourquoi ne produit-on plus chez nous ce que l’on consomme tous les jours ? Que produit-on alors, et surtout pour qui ?
Au cours de notre enquête, nous avons découvert que l’agriculture française, sur le même modèle que celui de l’industrie, s’est spécialisée à outrance dans ce qu’il y a de plus rentable. La filière céréalière par exemple, a gagné des milliards d’euros l’année dernière. On entend toujours qu’il y a de moins en moins d’éleveurs et de vaches laitières en France mais on produit toujours autant de lait, qu’on exporte en partie à l’étranger ! Et on envoie aussi un million et demi de bovins vivants dans le monde chaque année.
Nous ne sommes pas les seuls à avoir fait ces choix stratégiques : chaque pays s’est spécialisé dans une agriculture particulière. Mais, maintenant que l’on prend en considération la pollution liée au transport et l’utilisation massive de pesticide, cela pose un réel problème. C’est très préoccupant dans un monde où les tensions internationales s’intensifient et d’autant plus difficile à comprendre qu’il y a une vraie prise de conscience chez de très nombreux paysans. Ils veulent sortir du modèle productiviste et cultiver ce que l’on consomme localement. J’ai été inspiré par leur volonté et leur énergie pour changer la donne. Ceux que nous avons rencontrés ont par exemple décidé de replanter des graines de moutarde, de la luzerne ou du houblon à la place du blé. Ils font le choix courageux et salutaire de relocaliser notre agriculture.
Des séquences exceptionnelles
Des chevaux vivants sont envoyés par avion au Japon pour finir… en sushis !
Vous connaissez le boeuf de Kobé, mais connaissez-vous les sushis de chevaux ? C’est un peu le même principe, une viande d’exception consommée à prix d’or en Japon. Sauf que cette viande vient souvent… de France ! Des chevaux de trait sont envoyés vivants au Japon par gros porteurs. Un vol de 16h très éprouvant pour les animaux selon Judith, notre militante qui se bat pour que cesse cette pratique.
Le houblon de nos bières artisanales est importé… des États-Unis !
Incroyable : les brasseries locales se développent à vitesse grand V en France. Il y en a plus de 2 000 aujourd’hui alors qu’il y en avait à peine une centaine il y a vingt ans. Pourtant, leur houblon vient souvent des Etats-Unis ! Pourquoi ? Parce que la production s’est effondrée en France, alors que notre climat est tout à fait adapté à sa culture.
780 bovins abattus après un aller-retour à Alger : enquête sur une filière d’exportation
Nous avons suivi de près un cargo bétaillère qui transportait 780 bovins vivants depuis la France jusqu’en Algérie. A cause d’un problème sanitaire, l'Algérie a refusé la cargaison. Les animaux sont donc revenus en France où les autorités ont décidé de les envoyer à l’abattoir.
Le commerce des bovins vivants dégage un excédent commercial d’un milliard d’euros par an en France.
La France exporte de la poudre de lait en Afrique et plombe l’économie locale
Une partie de notre lait part notamment au Sénégal sous forme de poudre. Nous découvrons que sur place, il est moins cher que le lait produit localement. Les agriculteurs se battent contre cette concurrence qu’ils jugent déloyale. Les laiteries ferment alors qu’il y a suffisamment de vaches dans le pays pour être autosuffisants.
Des cultures bio contaminées par les pesticides des céréaliers
Epandage de pesticides sur un champ de colza en Normandie
Tous les ans, les agriculteurs intensifs de blé épandent à l’automne un pesticide très particulier, le prosulfocarbe. Une matière extrêmement volatile qui peut voyager sur plusieurs kilomètres. Si bien que les agriculteurs bio de la région voient leurs champs contaminés. C’est ce qui est arrivé à Pierre Gégu qui a déjà perdu toute une moisson. Nous l’avons suivi en train de récolter volontairement son sarrasin alors qu’il n’est pas encore mûr, parce qu’il a entendu que ses voisins agriculteurs commençaient à épandre.
La grande bataille pour le retour de la souveraineté alimentaire
Étienne Brault se bat près de Poitiers pour relocaliser l'agriculture
La plupart des agriculteurs en sont conscients : la France perd sa souveraineté alimentaire. Il est urgent de relocaliser nos productions. Nous avons suivi un cultivateur qui se bat pour planter des graines de moutarde en France et éviter une pénurie comme l’année dernière. Un autre paysan a décidé de transformer son champ de blé en culture de houblon, tandis qu’un dernier s’est mis à cultiver du soja pour éviter les importations. Un vent d’espoir qu’il faut maintenant généraliser.
Des combattants
Judith Dei Rossi
À 24 ans à peine, Judith ne recule devant rien pour dénoncer les conditions de transport catastrophiques des animaux d’élevage exportés. Cette jeune femme à l’engagement communicatif nous embarque jusqu’à Sète pour enquêter sur une mystérieuse cargaison de taurillons. Ce qu’elle découvre est à peine croyable.
Jean-Bernard Lozier
Alors qu’il est lui-même cultivateur de blé, ce paysan de l’Eure ose se battre contre l’agriculture intensive et parler des pratiques peu reluisantes de sa filière. Jean-Bernard n’hésite pas à dénoncer que son blé est exporté… Sans qu’il sache où il finira sa route ! Le céréalier nous convainc qu’il est possible de sortir de l’agriculture productiviste.
Léo Le Ster
Ce militant pugnace tient à dénoncer une situation ubuesque : en France, on importe des volailles d’un côté alors qu’on en exporte de l’autre ! Cet expert passionnant nous révèle que beaucoup de nos poulets sont même élevés spécialement pour être consommés en Arabie Saoudite, où la clientèle recherche de plus petits animaux à manger. Il réclame un changement des conditions d’élevage.
Étienne Brault
Étienne travaillait dans le BTP avant de tout plaquer pour reprendre la ferme familiale. A la place des champs de blé, ce bon vivant amateur de bière a décidé de planter… du houblon ! Une culture délaissée en France et pourtant parfaitement adaptée à notre climat. En plus, les brasseries locales en ont cruellement besoin.
Présentation
Hugo Clément
Production
Winter Productions
Avec la participation de
France Télévisions
Production
Régis Lamanna-Rodat
Hugo Clément
Rédaction en chef
Pierre Grange
Réalisation
Nina Montané
Unité documentaire
Catherine Alvaresse
Xavier Grimault
Benoît Raio de San Lazaro
Disponible en visionnage sur
france.tvpreview
À (re)voir sur france.tv