De 1950 à 1990, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni ont lâché des centaines de bombes nucléaires sur les îles du Pacifique. Au prix du sacrifice des populations locales. Chaque pays joue la montre et espère la disparition silencieuse des victimes de la première génération. Mais l’atome laisse plus de traces que prévu. Des anomalies génétiques et des pathologies apparaissent chez les nouvelles générations. Celles-ci répliquent et prennent leur destin en main.
« Est-ce que j’aurais transmis la maladie à ma fille ? » Cette question, Raphaël se la pose depuis que le pédopsychiatre a détecté chez sa fille une anomalie génétique à l’origine de son trouble envahissant du développement.
La maladie de sa fille est une histoire de famille. Elle remonte au grand-père, ancien travailleur du centre d’expérimentation du Pacifique. De 1966 à 1996, la France a fait exploser 193 bombes en Polynésie française, des bombes qui feront d’elle l’une des plus grandes puissances nucléaires au monde. Mais, depuis, les maladies pleuvent sur les Polynésiens. En 2018, Christian Sueur, un pédopsychiatre, publie un rapport résumant ses dix années de travail dans ces îles du bout du monde. Ce qu’il relève est inquiétant : le nucléaire est le point de départ d’une série de maladies sur plusieurs générations. À 100 kilomètres des lieux des tirs, sur l’île de Tureia, les militaires ont laissé quelques traces de leur passage mais les bombes, elles, ont légué un héritage : des maladies qui touchent les survivants et leurs descendants. Beaucoup ont choisi la voie de la résilience, d’autres ont fait le choix du combat pour faire reconnaître le lien entre leurs pathologies et les essais nucléaires. Mensonges, mépris, manipulations...
L’État français a longtemps nié les effets de la bombe sur ces populations, avant de finir par mettre en place un processus d’indemnisation pour les vétérans. Ces indemnisations sont aléatoires et souvent freinées par un système complexe. Car comment reconnaître ces pathologies qui touchent désormais les descendants ?
C’est le combat d’une nouvelle génération en lutte dans toute l’Océanie.
À Tahiti, Hina, atteinte d’une leucémie, s’accroche à la vie poussée par ce désir de comprendre sa maladie et connaître son héritage. Via sa fondation, elle aide les malades et les Polynésiens à se réapproprier leur histoire du nucléaire. À des dizaines de milliers de kilomètres de là, au nord de l’Océanie, une autre jeune femme mène aussi cette bataille. Ariana a 25 ans, ses grands-parents sont des survivants du nucléaire. Si la France est l’un des derniers pays à être entrés dans la course folle au nucléaire, les États-Unis ont ouvert le bal dès 1946 aux îles Marshall. Population évacuée, apparition de maladies et malformations, les dégâts collatéraux des essais nucléaires sont importants et immuables. Un processus d'indemnisation est en place depuis les années 1980 mais les Marshallais poursuivent le combat de la (re)connaissance.
Quand s’arrêteront les effets des bombardements ? Quel est l’avenir pour les nouvelles générations ? Les grands pays du nucléaire sont-ils prêts à payer ? Poussés par leur conviction et aidés par des personnalités politiques et scientifiques, les enfants et les petits-enfants de l’atome répliquent contre ces grandes nations.
Documentaire
Les oubliés de l'atome
56 min
Un film de
Suliane Favennec
Production
Little Big Story
Valérie Montmartin
Coproduction
Archipel Productions
Avec la participation du
Fonds Images de la Diversité - Agence Nationale de la Cohésion des Territoires - Centre national du Cinéma et de l'Image animée
Cette œuvre a bénéficié du soutien de la Polynésie française
Avec la participation de
France Télévisions
Unité documentaires de France Télévisions
Catherine Alvaresse
Antonio Grigolini
Renaud Allilaire
Julie Grivaux
Ce programme est disponible
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