Anaïs s'en va aimer
Presque dix ans après son film Anaïs s’en va-t'en guerre, Marion Gervais renoue avec l’agricultrice bretonne. Cette fois, Anaïs n’est plus seule car elle est amoureuse. Elle a rencontré Seydou au Sénégal. Ils se sont épousés, là-bas.
La dure loi des frontières compliquant tout, ils vont devoir relever les manches et se battre pour que leur amour triomphe malgré l’administration française et les titres de séjour. Mais il faut aussi faire l’apprentissage de la vie à deux et apprivoiser le mal du pays. Tout en continuant de travailler sans relâche dans les champs.
Note d'intention
Neuf ans sont passés depuis la sortie d’Anaïs s’en va-t-en guerre.
Je me souviens de notre première rencontre durant l’hiver 2012, au milieu d’un champ, où elle vivait dans sa petite caravane sans eau ni électricité.
Du haut de ses 22 ans, solaire et révoltée, elle rêvait de devenir agricultrice et de faire pousser ses fleurs. Depuis, je n’ai jamais cessé de l’observer grandir, s’accomplir, travailler sans relâche ou se révolter contre les absurdités du monde. Son esprit acéré et sincère ne s’est pas asséché avec le temps. Au contraire. La maturité lui donne plus d’épaisseur, sans rien entacher de sa rage ni de sa joie de vivre.
J’aime la femme qu’elle est devenue. Entière, déterminée et toujours en accord avec elle-même.
À l’époque de notre rencontre, elle pouvait à peine se payer une pizza. Aujourd’hui qu’elle gagne un petit smic, elle a pu s’acheter une voiture qui roule, un tracteur pour retourner la terre et refaire la toiture de sa ferme. Elle a réussi à construire une vie qui lui ressemble. Une vie simple, en harmonie avec la nature, faite de travail et de solitude.
J’aime aussi notre amitié. Solide, et complétée d’une bonne dose d’admiration mutuelle.
Je regarde sa capacité à être heureuse avec peu, sa joie de vivre lumineuse, son indignation active face aux injustices. Anaïs est une bouffée d’oxygène.
Sa façon d’être nous ramène à l’essentiel.
Ses colères comme sa joie sont de la dynamite. Elles interrogent et éveillent.
J’ai aimé qu’elle reste à bonne distance de l’engouement médiatique suscité par la sortie de notre film, envoyant promener les journalistes qui s’invitaient dans son champ, lorsqu’ils ne prenaient pas en compte son emploi du temps fait de récoltes, de semis ou de sachets à faire ; elle n’était pas à leur disposition. J’ai aimé la voir continuer à mener une existence simple, à la mesure de ses envies et sans chichi. Le brouhaha n’avait aucune prise sur elle car elle avait trouvé sa juste place.
J’ai parfois tremblé lorsque je l’ai vue se laisser aspirer par la solitude, à force de travail harassant, douze heures par jour. Des jours et des nuits s’enchaînant sans le moindre espace de temps libre.
Elle-même a traversé des périodes de grands doutes, « j’ai réussi mon installation, je gagne un petit smic mais je fais quoi de cette liberté, seule dans mes champs comme une imbécile ? C’est quoi être libre ? »
Quelques années s’étaient donc écoulées sans jamais avoir eu envie de re-filmer Anaïs, jusqu’à ce qu’elle se confie à moi, à son retour du Sénégal : elle était partie y rejoindre une amie, elle y était tombée follement amoureuse de Seydou. Un jeune homme de son âge, Sénégalais de Casamance, elle l’avait épousé là-bas, il était à Dakar noyé par les formalités demandées pour la rejoindre.
Alors, j’ai décidé de reprendre ma caméra et de filmer Anaïs traversant une grande étape de sa vie : l’amour. Un amour pas simple, évidemment.
Après avoir réussi à réaliser son rêve en installant sa ferme et en vivant de son travail, une nouvelle bataille l’attend. Elle doit repartir au front et se colleter avec l’administration française, les préjugés, l’intolérance, le racisme. Il lui faudra aussi faire triompher son amour pour Seydou, la nouvelle grande histoire de sa vie.
Anaïs sait ce qu’elle veut. Il y a longtemps, elle m’avait dit dans un grand éclat de rire : « Je veux vivre d’amour et d’eau chaude. »
Suivi de
La terre de Christian
« C’est l’histoire d’un homme au milieu d’un paysage… »
Christian, paysan, incarne l’héritage d’une ferme familiale à Blye dans le Jura, isolée sur une terre nimbée de brumes. Le côté obsolète de sa pratique et son obstination à ne pas rentrer dans les critères d’une agriculture productiviste pourraient lui permettre paradoxalement d’accéder au statut de héros contemporain.
Mais Christian est empêché avec cette terre qui glisse sans arrêt sous ses pieds, il doit lutter seul contre tout : l’usure et la trahison du matériel, l'imprévisibilité des bêtes. Depuis la mort de son père, Georges, Christian est seul pour s’occuper de 70 bêtes et 68 hectares de terre, sous le regard inquiet de sa mère, Colette. Il court après le temps et rien ne va plus. La ferme est placée sous la surveillance du service de la protection animale et environnementale de la préfecture du Jura, qui constate les anomalies, jusqu’à ce que l’exploitation soit menacée de suspension.
Deux frères, Jordan et Dylan, qui souhaitent s’installer comme jeunes agriculteurs, aident Christian à remettre la ferme d’aplomb. Mais ce soutien ponctuel ne saurait suffire…
En observateur complice, le réalisateur raconte de manière minimaliste les événements et filme Christian se débattre sur sa terre, documentant ce qui semble le dernier chapitre d’une ferme familiale du Jura.
Documentaire - 52 min - Auteur-réalisateur Jean-Louis Vuillermoz - Production Point du Jour, Les Films du Balibari - Avec la participation de France 3 Bourgogne-Franche-Comté
L'HEURE D
Une collection de
14 documentaires inédits
diffusés tout l'été sur France 3
Documentaire inédit
Anaïs s'en va aimer
52 min
Réalisation
Marion Gervais
Production
Squawk Production
Avec la participation de
France 3 Bretagne
Unité documentaire France Télévisions
Catherine Alvaresse
Antonio Grigolini
Renaud Allilaire
Julie de Mareuil