Chaque année en hiver, on assiste à une débauche de moyens sur nos côtes pour cacher une triste réalité : le sable de nos plages disparaît, petit à petit. Il faut en rapporter des dizaines de milliers de tonnes, par bateau ou par camion, pour assurer l’été suivant. Dans un tour de France des stations balnéaires, Hugo Clément nous fait découvrir que les plages ne sont pas seulement un terrain de jeu pour les vacances. Ce sont surtout des sites naturels, vivants : ils servent d’airbag entre la terre et la mer et doivent absolument être protégés.
Édito de Hugo Clément
Au Pays basque où je vis, tout le monde peut vous en parler : des petites plages de sable fin disparaissent année après année. Pour y remédier, j’ai découvert que le bateau que je voyais régulièrement au large des plages d’Anglet est en fait une barge qui dépose du sable à quelques centaines de mètres des côtes, au fond de l’eau, pour alimenter la plage. En me baladant en famille au bord de l’océan, j’étais loin d’imaginer la débauche de moyens en France pour ajouter du sable sur les plages où nous aimons tant passer du temps. Des grands travaux sont prévus par les mairies pour essayer de sauver les sites touristiques.
Pendant cette enquête, j’ai complètement changé de point de vue sur la plage : pour moi, c’était un espace naturel. J’étais loin de m’imaginer que l’homme le façonnait à ce point-là. On a toujours l’impression que les plages sont des espaces minéraux, un peu vides, alors qu’il y a énormément de vie, d’animaux, de végétaux, dont certains en voie de disparition. Cet écosystème permet au sable de s’adapter naturellement au niveau de la mer. À l’heure de l’augmentation des phénomènes climatiques extrêmes, nous avons plus que jamais besoin de plages fortes et naturelles. Quand elles ne sont pas “nettoyées” par la main de l’homme, quand les algues restent sur le sable et que le littoral n’est pas bétonné, elles sont nos meilleures alliées pour protéger nos terres. Ce n’est pas seulement un terrain de jeu, c’est aussi un écosystème qui agit comme un pare-choc contre les assauts des mers et des océans.
Je vous emmène dans un tour de France de nos plages, avant l’arrivée des touristes. Ensemble, nous allons redécouvrir ces espaces naturels qui abritent une biodiversité insoupçonnée, des vers marins au plus grand lézard d’Europe. J’ai été inspiré par les combattants qui se battent, le long de nos côtes, pour renforcer les dunes, ré-ensauvager les espaces aménagés et protéger les animaux menacés.
Des séquences exceptionnelles
Biscarrosse : quand les camions et les tractopelles débarquent
Près de 80 000 mètres cubes de sable étalés en moyenne chaque année sur 7 kilomètres de plage… C’est la triste réalité de la commune de Biscarrosse, où des engins de chantier transvasent du sable des plages sauvages vers les espaces plus fréquentés chaque hiver. Des travaux impressionnants, pour plus de 300 000 euros par an, pour maintenir, tant bien que mal, la plage qui recule de deux mètres par an à cet endroit.
D’où viennent les galets de Nice ?
Vous pensiez que les galets de la plage de Nice étaient apportés par la houle de la Méditerranée ? Pas tout à fait… Chaque année, près de 5 000 mètres cubes de cailloux sont acheminés sur le rivage. Tous les Niçois sont habitués à voir le ballet des camions et les tractopelles qui préparent la plage avant l’arrivée des transats. Mais d’où viennent ces pierres ? Nous avons remonté la filière pour découvrir qu’ils sont prélevés dans des rivières sauvages ou extraits de carrières dans l’arrière-pays.
Sète : des boudins en plastique au fond de la mer pour sauver la plage
C’est une innovation de la ville de Sète : de longs boudins en plastique sont installés au fond de l’eau, au large de la plage. Ils sont remplis de sable et servent à casser la houle. Les vagues sont donc moins fortes, les tempêtes moins dévastatrices, et le sable disparaît un peu moins vite. Coût de l’opération ? 6,8 millions d’euros !
Insolite : nos plages abritent le plus grand lézard d’Europe… et il est menacé
Le lézard ocellé, tout droit sorti d’une autre ère, est le plus grand lézard d’Europe. Personne ne le voit jamais, et pourtant il vit sur nos plages ! Ce petit reptile fait partie de la liste rouge des espèces menacées, mais après l’avoir bien cherché, nous sommes tombés sur cet animal magnifique, aux reflets verts et bleus. Des combattants se battent pour préserver son habitat et lui permettre de cohabiter harmonieusement avec les promeneurs.
Les larmes de sirènes : ces billes de plastique qui envahissent tout notre littoral
Elles ont la couleur du sable, la taille du sable… mais ce n’est pas du sable ! Ces petites billes au si joli nom sont en vérité des petites billes de plastique. Aucune partie du littoral français n’est épargnée. L’Etat a même porté plainte contre les fabricants de ces billes à la base de la fabrication de tous nos objets en plastique. L’industrie laisse s’échapper des billes en permanence, ce qui obligent les riverains à nettoyer inlassablement les abords des usines pétrochimiques.
Espoir : l’emblématique bâtiment du Signal a été remplacé… par une dune !
L’hiver dernier, tout le monde se souvient des images impressionnantes de cet immeuble détruit par les engins de chantier, face à l’océan. Le Signal, le symbole de l’érosion en France, a été supprimé. Ce qu’on sait moins en revanche, c’est qu’à la place, une dune a été créée pour que la plage devienne à nouveau sauvage et reprenne son rôle naturel : un pare-choc entre l’océan et la terre.
Des combattants
Eric Chaumillon
Longs cheveux, teint hâlé et lunettes teintées… Eric Chaumillon n’est pas (que) surfeur, c’est LE scientifique spécialiste des plages en France. Basé à La Rochelle, Eric nous emmène sur les plus beaux rivages de France et nous convainc : il faut redonner à nos plages leur rôle naturel pour lutter contre le réchauffement climatique.
Cristina Barreau
Cristina Barreau, de l’association Surfrider, lutte inlassablement contre les microbilles de plastique surnommées “larmes de sirène”. Tel David contre Goliath, cette infatigable combattante traque les responsables, nettoie les plages, et nous alerte sur cette pollution insidieuse et dévastatrice pour nos plages.
Présentation
Hugo Clément
Production
Winter Productions
Production
Régis Lamanna-Rodat
Hugo Clément
Rédaction en chef
Pierre Grange
Réalisation
Victor Peressetchensky
Unité documentaire
Catherine Alvaresse
Antonio Grigolini
Xavier Grimault
Benoît Raio de San Lazaro
A voir sur
francetv.preview
Disponible sur