AU BOUT DU CONTE
Film

Au bout du conte

Dimanche 23 août 2020 à 19h30 - SUR POLYNÉSIE LA 1ÈRE

Entre stylisation et satire sociale, Au bout du conte est un film choral réalisé par Agnès Jaoui, qui brode autour de l'imaginaire des contes de fées tout abordant le thème du désordre amoureux. Diffusion ce dimanche 23 août à 19h30 sur Polynésie la 1ère.

Il était une fois une jeune fille qui croyait au grand amour, aux signes, et au destin ; une femme qui rêvait d’être comédienne et désespérait d’y arriver un jour ; un jeune homme qui croyait en son talent de compositeur mais ne croyait pas beaucoup en lui.

Il était une fois une petite fille qui croyait en Dieu. Il était une fois un homme qui ne croyait en rien jusqu’au jour où une voyante lui donna la date de sa mort et que, à son corps défendant, il se mit à y croire.

 

Avec :

Agathe Bonitzer (Laura), Arthur Dupont (Sandro),

Valérie Crouzet (Eléonore), Jean-Pierre Bacri (Pierre),

Dominique Valadié (Jacqueline), Benjamin Biolay (Maxime),

Agnès Jaoui (Marianne), Laurent Poitrenaux (Eric)...

 

Réalisatrice Agnès Jaoui

Co-production Les Films A4, France 2 Cinéma, Memento Films Production, La Cinéfacture, Hérodiade

Avec la participation de Canal +, Ciné +, France Télévisions, Memento Films Distribution, Memento Films International

Année 2013

Genre Comédie

Durée 112 minutes

Entretien avec Agnès Jaoui

Quel est le point de départ de Au bout du conte ?

Avec Jean-Pierre Bacri, on travaille toujours de la même façon : on prend un thème, et on creuse. On a voulu réfléchir à la croyance, à partir du conte. On s’est amusé à traiter toutes les formes de foi et de croyances : la rumeur, les superstitions, et aussi ce qui reste des contes de fées dans la tête des gens, malgré eux. Il semble qu’on ne puisse pas faire autrement que de croire en quelque chose. On voulait parler de la nécessité ET de l’absurdité de la croyance. Et l’amour, au fond, c’est la crédulité la mieux partagée, c’est le conte de fées que chacun, ou presque, peut vivre au quotidien. Alors on a imaginé des personnages qui avaient des référents empruntés au conte. On a ainsi très vite écrit l’histoire de Sandro et Laura avec cette idée que Cendrillon, cette fois-ci, était un homme. Et puis les personnages se sont multipliés.

 

C’est la première fois que vous mettez en scène des enfants…

Tant qu’on voyait ça de loin, on n’arrivait pas à écrire sur les enfants, on ne se sentait pas assez concernés, ni aptes. Mais on a vieilli, eu, ou côtoyé des enfants, il fallait donc qu’il y en ait dans nos films. Cela nous paraissait logique. On voulait aussi aborder la défaillance des parents, notamment à travers le personnage de Pierre.

 

Peut-on dire que le monde d’aujourd’hui, où les inégalités se creusent énormément, appelle le conte, comme un mensonge apaisant ?

Oui, on peut le dire. Les publicités à la télévision, les émissions ou les journaux people : ce sont des contes. On essaye de nous faire croire que la vie des riches est un conte de fées. Il y a aussi le loto, où l’on peut gagner des millions d'un coup, et ces émissions où l’on refait en un coup de baguette magique le look ou l’appartement des gens, et où l’on rend riche et célèbre un inconnu. Par ailleurs, les contes traduisent la peur des adultes, et nous vivons une époque particulièrement anxiogène et culpabilisante, la crise et la fin du monde sont omniprésentes. A chaque fois que tu allumes la TV ou la radio, tu entends que la Bourse va s’écrouler, que la planète va exploser, et qu'en plus, c’est de ta faute… Du coup, on croit à tout et n’importe quoi. On est bien obligé de se raccrocher à quelque chose quand on pense qu’on va mourir dans la seconde qui suit.

 

Comment s’est élaboré le scénario ?

L’une des inspirations d'Au bout du conte est Into the woods de Stephen Sondheim, un compositeur dont Resnais est fan et qu’il m’avait fait découvrir. C’est une comédie musicale merveilleuse où plusieurs personnages de contes se croisent dans un bois.

 

Pourquoi vos films sont-ils toujours des films de troupe ?

Au départ, cette envie est partie de notre expérience du théâtre, où on n’avait pas envie que des acteurs s’ennuient des heures dans les coulisses avant de dire leur réplique. Et c’est devenu comme une seconde nature. Maintenant, quand on écrit des histoires, on n’arrive pas à faire autrement que d’écrire plein de personnages. J'aime aussi avoir des visages peu connus au cinéma, je trouve que cela sert mieux l’histoire. Et si cela permet de les faire connaître, il n’y a que des avantages.

 

Propos recueillis par Claire Vassé