1891. Le peintre Paul Gauguin - incarné par Vincent Cassel - est déjà bien connu dans les milieux artistiques parisiens, mais il est fatigué du monde dit civilisé et de ses conventions politiques, morales et artistiques.
Laissant derrière lui sa femme et ses enfants, il s'aventure seul à l'autre bout du monde, à Tahiti, rongé par un désir de pureté originelle, et prêt à tout sacrifier pour sa quête.
Pauvre et solitaire, Gauguin s'enfonce dans la jungle tahitienne, où il rencontre les Maoris et Tehura, sa muse, qui inspireront ses œuvres d'art les plus emblématiques.
Avec Vincent Cassel, Pernille Bergendorff, Ian McCamy, Tuheï Adams...
Réalisation Edouard Deluc • Production Move Movie • Origine France • Genre Film Biographique • Année 2017
Diaporama
Interview de Vincent Cassel
Quand êtes-vous venu à ce projet ?
Assez rapidement. J'ai lu le synopsis et j'ai rencontré Edouard Deluc. Je ne le connaissais pas avant, mais j'ai découvert un homme jeune, dynamique et investi - et très ouvert sur les détails de sa vie. Ils ont rejoint mes aspirations, en particulier mon goût pour les endroits lointains, c'est-à-dire cette volonté de bloquer le monde pour se concentrer sur ce que l'on veut vraiment faire. Ayant fait "Bienvenue en Argentine", Edouard a ressenti la même attirance pour l'Argentine que j'ai ressentie pour le Brésil. Elevé au Pérou, Gauguin le vagabond a toujours été attiré par le lointain ; Tahiti, comme un retour aux origines. Une quête de nouvelles sensations. Une fantaisie de l'Eden. Là, j'avais un point d'identification.
Considérez-vous le film comme un biopic ou un biopic fictionnalisé ?
Biopic vrai ou faux, il a peu d'importance et, à tous égards, je me méfie du genre. Depuis Mesrine, de Jean-François Richet, on m'a demandé de faire tant de portraits : Montand, Salvador Dali et d'autres que je ne citerai pas. Mais je n'aime pas l'imitation, ni la performance. Avec Gauguin, il n'y avait pas d'images déjà filmées auxquelles se conformer, tout pouvait être inventé. Le projet d'Edouard s'inscrivait dans la durée, nous avons commencé à travailler en amont, ensemble. Ce qui m'a semblé essentiel, c'était de supprimer les éléments qui avaient besoin d'une référence pour être compris. Nous nous sommes mis d'accord sur l'essentiel : le spectateur ne doit pas regarder "une rediffusion du jeu". L'action doit être en direct. Ce principe a donné au film sa forme ultime : laconique, à la fois pure et lyrique.
Que saviez-vous de Gauguin ?
Franchement ? Pas grand-chose. Je connaissais un peu son travail à Tahiti, mais je sentais qu'il était une personne troublée, et cela me reliait à moi. Avec les conseils d'Edouard, j'ai commencé par lire Noa Noa, la base du film. Ensuite, je suis allé voir des expositions et j'ai rencontré les conservateurs du musée d'Orsay, qui m'ont expliqué en quoi il était révolutionnaire. J'ai aussi travaillé avec un professeur de peinture. Je ne voulais pas avoir l'air d'un idiot sur le plateau, en ajoutant des couleurs sans savoir comment. Nous nous sommes rapidement lancés dans cette pratique et j'ai commencé à peindre, ce dont je n'avais jamais cru être capable. Je me suis toujours considéré comme un mauvais illustrateur, même si certaines de mes peintures ont un certain attrait, non ? (rires) Au début de chaque tournage, je fais toujours une esquisse du personnage que je vais jouer. Curieusement, celle que j'ai faite de Gauguin reflète assez bien ce qu'il est en fin de compte.
Ce rôle vous laisse-t-il quelque chose de particulier ?
Tous les rôles le font toujours. Mais si le film doit occuper une place particulière pour moi, c'est d'abord à cause de l'aventure qu'il a été, et de la rencontre avec la Polynésie où j'ai eu l'impression d'être dans Avatar, en extase. Edouard le souligne très bien : la nature dicte sa loi, les lieux et les gens vous hantent. Avec Gauguin, j'ai aussi appris à apprécier la peinture, et c'est quelque chose.