Concert d'ouverture 2022

Cela fait deux ans que Pierre Bleuse a repris les rênes du Festival de Prades que Pablo Casals avait créé en 1950 à quelques kilomètres d’une Espagne alors encore franquiste qu’il avait dû quitter précipitamment dans les années 30. Prades fut longtemps le festival de musique de chambre le plus important d’Europe, et, Pablo Casals oblige, le répertoire pour violoncelle y avait une place importante. Depuis 2021, le chef d’orchestre Pierre Bleuse, futur directeur de l’Ensemble Intercontemporain, a insufflé un souffle nouveau en décidant d’ouvrir le Festival aux répertoires symphoniques et pour se faire redonner vie à l’orchestre du Festival. Ainsi, de toute l’Europe, de jeunes musiciens européens ont convergé vers la petite cité catalane pour constituer une phalange sur le modèle du Mahler Chamber Orchestra.

Le concert d’ouverture fait donc le lien entre le passé prestigieux du Festival et ces nouvelles ambitions symphoniques : Violoncelle et grand orchestre sont au programme sous les arches de l’Abbaye Saint-Michel de Cuxa.
 

Programme

DVOŘÁK • Concerto pour violoncelle n°2 en si mineur, Op. 104 P.I.
Bis PABLO CASALS Chant des oiseaux
TCHAÏKOVSKY • Symphonie n°5 en mi mineur, Op. 64
Bis MANUEL PONCE Estrellita
 

L’écrin du concert n’est pas neutre. L’Abbaye impose la retenue, au silence – après tout, des moines occupent toujours l’abbaye et veille à ce que la musique n’y entre pas par effraction. Tout commence par le violoncelle avec le Concerto pour violoncelle de Dvorak interprété par Daniel Müller-Schott. Le violoncelliste allemand est rare en France. Le dialogue qu’il installe avec Pierre Bleuse et l’orchestre accompagne la lumière du couchant qui éclaire la rossasse du chœur.

En bis, Daniel Müller-Schott offre Chant des oiseaux, la courte pièce que Pablo Casals aimait à donner à Saint-Michel de Cuxa. En seconde partie, l’Abbaye adopte un ton plus slave avec la fameuse Symphonie n°5 en mi mineur de Tchaïkovski. Le bonheur collectif qui règne dans l’orchestre apporte une fraicheur à cette partition si connue et parfois figée dans une emphase proche de l’artifice. Les musiciens sont heureux d’être là et leur engagement se voit. Sans nul doute, le Festival de Prades est en train de s’imposer comme l’un des grands rendez-vous musicaux de l’été – et ce concert d’ouverture en témoigne.