« La collection " Histoires d’une nation " a débuté il y a 5 ans avec pour ambition de renouveler aux heures de grande écoute les récits historiques et patrimoniaux qui racontent la France à un moment où la question du récit national et de l’identité est revenue au centre du débat public.
Pour renouveler cette histoire de la France contemporaine, il nous fallait restaurer et transmettre les mémoires individuelles, donner la parole à celles et ceux que l’on entend peu. La collection a ainsi choisi d’innover par son traitement formel en faisant de chacun les héritiers d’histoires familiales qui viennent raconter ensemble la "grande" histoire.
Histoires de celles et ceux venus d’ailleurs avec notre premier opus, histoires de nos paysans, et aujourd’hui nos histoires d’écoles…, autant de récits et d’émotions pour raconter comment nous faisons, hier comme aujourd’hui, nation.
Pour faire émerger sur le service public ce qui nous est commun et nous rassemble. »
Catherine Alvaresse
S’il est une expérience commune à tous, c’est d’avoir passé notre enfance sur les bancs de l’école. Parfois nous l’avons aimée, parfois nous l’avons détestée. Au final, chaque génération partage un ensemble de connaissances qu’elle a acquis au cours de ces années scolaires et des images qui restent à tout jamais.
L’école est le premier lieu où nous sentons que nous faisons partie d’une histoire commune, celle d’une nation. Et, de fait, bâtir une école publique, ouverte à tous, est intimement liée à la construction de la République française. Depuis 200 ans, de l’école du certif au lycée pour tous, les Français se sont lancés dans l’aventure du savoir. Ils tiennent à leur école publique, gratuite et laïque, et dans le même temps, ils ne cessent de vouloir la changer. Pour les élèves comme pour les profs, apprendre et enseigner reste une épreuve, pleine d’embûches, d’incompréhensions, de découvertes et toujours d'émotions.
Parce qu’en France l’école est intimement liée à la nation, elle est le lieu où les histoires de nos enfances se mêlent à la grande histoire, une histoire tumultueuse et passionnelle, une histoire française. Dans ce grand récit en deux parties, des témoins, connus et inconnus, des enseignants et des élèves confrontent leurs souvenirs à l’histoire de l’école, celle de la nation à hauteur d’enfants.
Première partie : Une affaire d’État (1830-1945)
Faire de tout enfant un élève est une idée assez neuve dans notre histoire française.
Tout commence au 19e siècle quand l’Etat décide d'éduquer les Français, ces paysans, ces ouvriers des faubourgs, qu’il voit comme des sauvages, toujours prêts à se révolter. À l’image de ces nouveaux ancêtres qu’on leur attribue alors, les Gaulois. Les manuels scolaires expliquent que ce sont des barbares fiers et querelleurs et qu'il a fallu les Romains pour les civiliser. Le message est clair : pour bâtir une nation, les Français doivent se discipliner et s’unir. C’est l’école qui va leur apprendre.
Laïcité, gratuité, obligation... les révolutionnaires de la Commune de Paris inventent les principes d’une école pour tous. Mais c’est Jules Ferry et la Troisième République qui lance la grande aventure de l’école de la République : celle des « hussards noirs », les instituteurs. Ils vont apprendre la République et l’amour de la patrie à leurs élèves, ceux de la communale. Les élèves de milieu plus aisé vivent leur enfance, dès 6 ans, dans un autre univers, celui du lycée.
Mais bientôt, l’horreur de la guerre va bousculer ces certitudes. Des enseignants cherchent à faire une école vraiment pour tous, où chaque enfant progresse. Le chemin est encore long, car les Français ne vont à l’école que jusqu’à 13 ans, et moins de la moitié obtient son certificat d’étude. Pourtant, au cœur même de la Seconde Guerre mondiale, alors que le régime du maréchal Pétain utilise l’école comme un outil de propagande et pourchasse des enfants, un nouveau projet s’invente dans la clandestinité. L’école de la Libération porte tous les espoirs des Français.
Seconde partie : Une école pour tous (1945-aujourd’hui)
L’école des années 50 est l’image même de la nostalgie, celle des encriers et de la belle orthographe. La plupart des Français y passent huit années, de 6 à 14 ans, puis ils partent travailler, souvent pour faire la même chose que leurs parents. Et si en matière d’éducation les idéaux de la Libération ont été enterrés, les Français rêvent d’un autre avenir pour leurs fils, leurs filles et veulent une école capable de changer le destin de leurs enfants. Pour moderniser le pays, le général de Gaulle instaure l’école obligatoire jusqu’à 16 ans, en même temps que la Cinquième République. Tout le monde va au collège. Et un nouvel âge de la vie s’instaure, c’est l’adolescence, et ces jeunes vont faire entendre leur voix en Mai 1968… Notre système scolaire actuel est achevé au milieu des années 70. Il accueille tout le monde, mais une bonne partie des élèves a bien du mal à suivre. Tant qu’il y a du travail, cela ne pose pas de problème, mais l’arrivée de la crise change la donne. Pour les nouvelles générations, les résultats à l’école définissent ce qu’ils sont et ce qu’ils vont devenir. En quelques décennies, la France passe de l’école du certif à 80 % d’une classe d’âge au bac. Leurs parents sont partagés entre leur attachement à l’école de la République et la nécessité de placer leur enfant parmi les meilleurs. Face aux tensions, aux divisons, le besoin d’une école qui permet à tous les élèves d’apprendre et de réussir devient urgent.
Note d'intention de Françoise Davisse et Carl Aderhold
Nous avons créé la collection « Histoires d’une Nation » avec le désir que chacun puisse regarder un documentaire d’histoire en se sentant partie prenante de l’Histoire. Et pour cela, nous avons voulu croiser les histoires personnelles, familiales, et l’Histoire commune. Car c’est ainsi que s’est construite la nation française.
Lors du tournage de la première série Histoires d’une nation, dont le sujet était l’Histoire de ces habitants venus d’ailleurs, tous les témoins ont sans que nous le demandions évoqués leur expérience scolaire : ce moment où, enfant, nous entrons dans un espace commun, où nous est enseigné ce que la nation a décidé de dire à ses enfants, la première image qui nous est renvoyé de la société dans laquelle nous entrons, mais aussi de la place qu’elle propose à chacun.
Ces films vivent sur le petit écran, mais aussi en dehors lors de projections et de débats publics. « Histoires d’une nation » a été projeté dans une quinzaine de lycées, en collaboration avec la délégation interministérielle de prévention de la radicalisation. Les lycéens ont fortement réagi face à ces films qui mêlent expériences personnelles, auxquels ils peuvent s’identifier, et regard différent sur l’Histoire de France, non pas vu d’en haut, mais en reliant les événements et les choix politiques à leurs conséquences sur la vie des citoyens. Là encore, la question du rôle de l’école revenait très souvent. Parler de la nation, de son histoire, de ses histoires, ne se fait pas sans évoquer ce lieu où chacun est passé, ce lieu de construction d’une identité commune. Et pourtant, l’Histoire de l’école reste réservée d’un côté à des spécialistes, de l’autre, bien souvent, à des imageries d’Epinal, sur les hussards noirs, les « ancêtres les Gaulois » et Jules Ferry.
« Histoires d’une Nation » sur l’école s’imposait donc à nous, pour mettre en récit des histoires singulières qui toutes s’intègrent dans un élément déterminant de la construction de la Nation : l’école.
Bien sûr, lorsque nous parlons « d’école », il ne s’agit pas que de l’école primaire. D’autant, et c’est que nous racontons dès le départ, les lycées ont d’abord commencé dès 6 ans, et pour comprendre ce qu’ils sont maintenant, les problématiques auxquelles ils se heurtent comme l’importance qu’ils revêtent, rien de tel que de redécouvrir leurs transformations, au fil des générations d’élèves, de ce lieu de l’élite à celui de toute une classe d’âge. Cette aventure scolaire française est indissociable de l’Histoire de ce pays, dans le cœur des gens parce que c’est la leur, mais aussi parce qu’elle est une manière de la raconter en partant de la vie des jeunes de chaque époque.
Enfin, les événements de ces dernières années nous motivent. Sans cesse, l'actualité demande de reparler de ce que la Nation attend de son école, et donc de redonner vie à l’histoire de ce projet, aux générations d’enseignants qui se sont succédé, aux interrogations, aux grands débats, aux choix qui ont construit le système scolaire français. Et de donner place dans cette histoire, aux élèves. La pandémie, ensuite, qui a révélé l’importance non seulement d’apprendre, mais aussi le rôle des établissements scolaires, la nécessité impérieuse de service public.
Liste des intervenants
Ariane ASCARIDE – Comédienne
Ramzy BEDIA – Acteur
Philippe CONTICINI – Maître pâtissier
Michel CYMES – Médecin
Jean-Pierre DAROUSSIN – Comédien
Nagui FAM – Présentateur
Frank GASTAMBIDE – Comédien, réalisateur
Sophie Marie LARROUY – Artiste-humoriste
Michel Edouard LECLERC – Chef d’entreprise
Daniel PENNAC – Ecrivain
Edwy PLENEL – Journaliste
Kery James – Artiste
Martin FOURCADE – Champion olympique de biathlon
Anne ANGLES – Professeure d’histoire
Estelle BRENEOL – Professeure en lycée professionnel
Nathalie BROUX – Professeur de lycée
René DUMBIA – Etudiant
Thierry DESJARDINS – Journaliste
Soufiane DJELLAL – Professeur de collège
Ahmed DRAME – Comédien
Bachir HADJADJ – Ingénieur
Etienne KLEIN – Physicien
Hélène RAUD – Professeure d’anglais
Yann RUFIEUX – Ingénieur du son
Margot ABBARA – Étudiante à l’université de Grenoble
Yamina BENCHENNI – Directrice de centre social
Jean-Paul DELAHAYE – Inspecteur général de l’Éducation nationale
Sarah GODARD – Educatrice spécialisée
Samuel JOSHUA – Professeur d’université
Jean-Philippe TADDEI – Conseiller pédagogique
Mohammed ZOUAG – Étudiant, René ALIBERT
Guy CIRLA – Instituteur
Yvette CHANTON - Institutrice
Alba FERNANDEZ – Psychologue
Claude LAFORGE – Professeure de collège
Annie et François PIOCHE – Institutrice
Inès HORTENSIA – Professeure
Sylvie DA ROCHA – Professeure de collège
Solène DAVID – Etudiante
Jérémy GALLOIS - Professeur de lycée professionnel
Louis RIDOLFI – Mineur-électromécanicien
Bernard SEIROLLE – Métallurgiste
René ALIBERT – Agriculteur
et Marie-Laure HILGERT – Professeure de collège
Marie-Martine Morel – DRH
2 x 60 min
Raconté par
Roschdy Zem
Réalisation
Stéphane Corréa
Auteurs
Françoise Davisse et Carl Aderhold
Conseillers historiques
Jean-Yves Rochex
Jean-François Condette
Musique originale
Baptiste Charvet
Production
Igor Ochronowicz
Clara Vuillermoz
Point du jour - Les films du balibari
Avec la participation de
France télévisions Histoire Tv
Avec le soutien de la région Ile de France et du CNC.