Le cinéma de Marie-Josèphe

Née le 5 novembre 1929 à Saint-Fons dans la banlieue de Lyon, d'un père martiniquais et d'une mère bretonne, Marguerite Marie-Josèphe Yoyotte grandit à Paris. Élève comédienne à l'Ecole de la rue Blanche, elle participe en 1958 au tournage du court-métrage Des hommes et des montagnes, de son ami Jean-Jacques Languepin. A cette occasion, la jeune femme s'intéresse au montage qui immédiatement la fascine. Dès lors, à 22 ans, elle se forme au métier, devient assistante monteuse, monteuse puis chef-monteuse.

En 1958, elle réalise le montage du film Moi, un noir de l'ethnologue Jean Rouch. Le succès d’estime remporté par le film, au montage hors norme pour l’époque, lui ouvre des portes. François Truffaut fait appel à elle pour le montage des 400 Coups. Suivront en 1960 le montage du Testament d’Orphée de Jean Cocteau, Le Signe du lion d'Eric Rohmer, La Guerre des bouton d’Yves Robert. Sollicitée par de nombreux réalisateurs, elle enchaîne les montages pour Melville, Pierre Richard, Pascal Thomas et bien d'autres. En 1977, elle obtient le César du meilleur montage pour Police Python 357 d’Alain Corneau, qu'elle retrouvera, quelques années plus tard, sur les tournages de Tous les matins du monde et Le Deuxième Souffle.

Dans les années 80, Marie-Josèphe Yoyotte collabore avec Claude Pinoteau sur La Boum, La Gifle, La Neige et le Feu. Jean-Paul Rappeneau l'appelle sur Le Sauvage et Tout feu, tout flamme. Son travail sur le film de Jean-Jacques Beineix Diva, dont l'esthétique fait basculer le cinéma français dans une nouvelle modernité, est salué. Ce n'est qu'en 1981 qu'elle découvrit la Martinique de son père, à l'occasion des repérages du film Rue Cases-Nègres d'Euzhan Palcy, César du meilleur premier film, quatre fois primé à Venise.

La profession lui décerne à nouveau le César pour le meilleur montage en 1997 pour Microcosmos : le peuple de l'herbe de Claude Nurisdany et Marie Pérennou et en 2002 pour Le Peuple migrateur de Jacques Perrin, Jacques Cluzaud et Michel Debats. Elle s'illustre en télévision notamment auprès de Josée Dayan sur les séries Les Misérables, Le Comte de Monte Cristo et Balzac.

Après avoir marqué de son empreinte pendant plus d'un demi-siècle le cinéma français, Marie-Josèphe Yoyotte prend sa retraite en 2007. Son dernier film est le remake du film de Jean-Pierre Melville, Le Deuxième Souffle dans sa version signée Alain Corneau. Elle disparaît le 17 juillet 2017, à 88 ans.

Ce documentaire de Jil Servant nous emmène à la rencontre d'une personnalité marquante qui, tout au long de sa carrière, a su se réinventer pour traduire la pensée des grands noms du cinéma français.