Martinique la 1ère vous propose une soirée spéciale dédiée à l'illustre pianiste et jazzman, Mario Canonge. Au programme : un documentaire inédit "Mario Canonge, une vie de musique", écrit par Mariette Monpierre et Eric Basset, qui relate l’histoire du pianiste virtuose Martiniquais, suivi du concert "Mario Canonge Trio au Comptoir de Fontenay-sous-Bois"
Documentaire Mario Canonge "une vie de musique"
Si on pense aujourd'hui piano, Jazz, Martinique, le nom qui s''impose immédiatement, est celui de Mario Canonge. En 40 ans de carrière, Mario Canonge s'est imposé comme une référence incontournable du Jazz Créole, et même au-delà, du Jazz tout court, rejoignant de fait les emblématiques pianistes Martiniquais qui chacun, pour leur génération, ont marqué durablement les esprits et ont laissé leur trace dans l'histoire de ces musiques.
Il s'agit bien sûr d'abord de Marius Cultier, à qui, d'ailleurs Mario a consacré un album hommage en compagnie de Ralph Thamar en 1996, puis de Paulo Rosine, qui fut le leader emblématique de Malavoi. Mario Canonge s'inscrit clairement dans cette lignée, et va ensuite passer le relais à une nouvelle génération, qui est en train de s'imposer et dont les chefs de files sont : Grégory Privat ou Maher Beauroy. Il y a là matière à constater que la Martinique, terre de musique, est aussi une terre de pianistes.
Nous nous sommes intéressés d'autant plus à cette histoire, car il est frappant de constater qu'en Martinique comme en Guadeloupe, il n'y a aucune école de musique publique, ni aucun conservatoire......
Nous parlerons également de l'époque, car elle joue indéniablement son rôle dans la destinée de Mario Canonge. Le début des années 80 est une période fondamentale pour l'histoire de la musique Antillaise. Kassav' invente une nouvelle musique : le Zouk, et Malavoi remet au goût du jour la musique traditionnelle de Saint-Pierre (Biguine et Mazurka), qui avait été largement oubliée depuis l'éruption de la Montagne-Pelée.
Jusque-là, l'univers sonore des Antilles françaises était dominé par la chanson Française, la musique latine et le Kompa Haïtien. Il s'agit là d'une véritable révolution, la Martinique et la Guadeloupe découvrent
ou redécouvrent qu'elles ont des musiques qui leur sont propres et qui peuvent faire le tour du monde. Car le succès de ces deux groupes, Kassv' et Malavoi, dépasse très vite et très largement les Antilles, permettant ainsi à d'autres artistes de s'engouffrer dans la brèche.
Quand Mario Canonge arrive en Métropole, il n'a pas pour objectif de devenir musicien professionnel. Il vient faire des études supérieures comme les autres jeunes guadeloupéens ou martiniquais puisqu’il n'y a pas d'université aux Antilles.
L’étudiant va se transformer en peu de temps, en musicien hors pair...
« J’ai commencé le piano en Martinique où j’ai grandi, et à mon époque il n’y avait pas vraiment d’école de musique, j’ai commencé sur un très vieux piano chez ma grand-mère, ensuite, j’ai pris quelque cours avec le curé de la paroisse voisine et en échange, je devais jouer de l’orgue à l’église. Au bout de quelques mois, il m’a dirigé vers un vrai professeur et j’ai aussi beaucoup fréquenté les musiciens de l’époque : ceux qui faisait la musique qui m’attirait, comme le jazz et la salsa que j’écoutais beaucoup. En matière de musique latine, j’ai eu la chance de voir sur scène en
Martinique, tous les grands noms de la « Fania All-Stars ». Comme le jazz, la salsa m’attirait beaucoup, car c’est une musique riche aussi bien dans les rythmes qu’en matière d’harmonies. Ensuite à 19 ans, je suis parti à Paris pour préparer un diplôme de musicologie : le diplôme c’était surtout pour rassurer ma mère, parce que très vite, j’ai su que je serais un musicien professionnel étant donné que
parallèlement à mes études, je jouais beaucoup dans les clubs. » (Mario Canonge)
« Lorsque je suis arrivé à Paris, je ne jouais pas du tout de musique antillaise. Je jouais beaucoup de jazz avant d’être connu et aussi de la musique latine. J'ai même fait partie d’un groupe de salsa : « La Manigua », qui a fait les beaux jours de la Chapelle des Lombards, nous avons enregistré un disque. Je suis arrivé au zouk par les séances de studios. Au début des années 80, il y avait beaucoup de
séances d’enregistrements, beaucoup de disques sortaient, on a commencé à m’appeler et c’est parti comme ça. Grâce à ces séances j’ai rencontré beaucoup de musiciens antillais, notamment Michel Alibo avec qui, quelques années plus tard, j’ai monté le groupe Sakiyo en compagnie de Tony Chasseur, Serge Ponsar et Jean-Paul Pognon. A l’époque, il y avait Kassav' qui faisait des choses intéressantes dans le zouk et qui marchait bien, et nous aussi, nous voulions faire des choses intéressantes dans le zouk, tout en essayant d’être différent ».
(Mario Canonge)
52 min
Écrit par
Mariette Monpierre et Éric Basset
Réalisation
Mariette Monpierre
Production
Zycopolis Productions
Avec la participation de
France Télévisions/Martinique la 1ère
2023
A 20h55 : Mario Canonge Trio en concert au Comptoir de Fontenay-sous-Bois
La vigueur du jazz antillais n’est plus à démontrer. Encore faut-il préciser de quoi il est question. S’il s’agit de trouver de grands musiciens originaires de la Martinique ou de la Guadeloupe, pas de difficulté et, à l’évidence, le pianiste Mario Canonge est l’un d’eux. Pour le reste, le jazz antillais est un principe d’ouverture: à chacun sa manière d’aborder l’idiome nord-américain et de le métisser (ou non) avec des influences latines, africaines, classiques, hip-hop etc.
Chez Mario Canonge, cette pratique paraît tellement ancrée qu’il devient impossible de séparer les différents éléments constitutifs de sa musique et de tracer leurs origines. À quoi bon, d’ailleurs ? En quelques décennies, le pianiste a tout expérimenté. Il a joué du jazz-rock au sein d’Ultramarine, accompagné des grands noms du jazz et de la variété, il a encore exploré les musiques latines, le zouk, la mazurka antillaise et la biguine. Ce qui impressionne aujourd’hui dans son jeu, c’est d’abord l’élégance rythmique, ensuite un goût très sûr dans l’improvisation mélodique.
Pour ce concert capté le 14 janvier 2023 au Comptoir, à Fontenay-sous-Bois, Mario Canonge est magnifiquement soutenu par deux musicens hors pair : Michel Alibo, contrebassiste qui a accompagné de nombreuses stars africaines et antillaises (il fut par ailleurs l’un des membres fondateurs du groupe de Fusion Sixun) et par Arnaud Dolmen, aujourd’hui, l’un des batteurs et percussionnistes français les plus en vue (il a été élu Révélation de l’année aux Victoires du Jazz 2022).
Ces trois musiciens ont déjà beaucoup joué ensemble, et l’on sait déjà que les intensités et les respirations, les angles et les rondeurs se multiplient entre ces trois colosses du groove avec un bonheur très communicatif. Du grand art pour ce trio de musiciens, pour le plus grand plaisir du public.
Réalisation : Patrick Savey . Production : Zycopolis Productions . Durée : 90 min . 2023