Hugo Clément nous révèle les failles de nos prévisions météo. Les vigilances rouges sont parfois déclenchées à la fin des orages et non pas avant. Météo France a de moins en moins de moyens, alors que les orages sont de plus en plus intenses. Nous découvrons des scientifiques qui analysent le phénomène impressionnant des laves torrentielles et des militants qui se battent pour changer l’urbanisme et sauver des vies. Un Français sur quatre est menacé par les inondations.
Édito de Hugo Clément
Nous avons tous remarqué que les orages deviennent de plus en plus violents en France, en particulier sur le bassin méditerranéen. Les inondations sont de plus en plus impressionnantes. J’ai notamment été particulièrement choqué par la catastrophe de la vallée de la Vésubie en 2020. En retournant sur place, j’ai voulu savoir si nous avions pris conscience de l’intensification de ces phénomènes extrêmes, et si on avait commencé à s’adapter à ces changements du climat. En me penchant sur les alertes météo, je suis tombé des nues : alors que ces tempêtes sont de plus en plus difficiles à anticiper, Météo-France a fermé plus de deux tiers de ses centres de surveillance en dix ans. Les effectifs ont aussi drastiquement été réduits.
Alors, des passionnés de météo mettent toute leur énergie pour prévenir les populations et pallier le manque d’informations. À Nîmes par exemple, un spécialiste nous avait prédit un orage très puissant. Il s’étonnait que Météo-France ne déclenche pas la vigilance rouge « pluie-inondations ». Nous l’avons suivi pendant un épisode effectivement extrêmement violent avec des inondations très impressionnantes. La vigilance rouge est finalement arrivée quand l’orage est passé. J’ai aussi rencontré des victimes d’un quartier dévasté à Trèbes où six personnes ont perdu la vie : là non plus, la vigilance rouge n’a pas été déclenchée avant le phénomène.
J’ai été surpris de découvrir que l'on construit encore sur des zones inondables. Même dans des endroits où il y a déjà eu des morts à cause d'inondations, les promoteurs immobiliers continuent de développer des projets !
Nous savons tous que pour pour retenir l’eau de pluie les jours d'orage, le plus efficace est d’avoir des arbres et des haies en amont des zones inondables, pour que l’eau s’infiltre dans le sol au lieu de ruisseler jusqu’aux cours d’eau. Pourtant, nous continuons de bétonner et d’imperméabiliser le sol dans les régions où les orages font le plus de dégâts.
Les constructeurs promettent de compenser la bétonisation en ajoutant des bassins de rétention. Grâce à des combattants locaux, j’ai découvert que ces bassins sont souvent mal entretenus et quasiment pas contrôlés. Ces combattants tentent de faire plier les promoteurs et ils n’hésitent pas à planter eux-mêmes des haies. Aujourd’hui, un Français sur quatre est concerné par le risque d'inondations. Nous ne pourrons pas gagner contre ces phénomènes de plus en plus extrêmes. Il faut donc absolument adapter nos systèmes d’alertes, nos constructions et nos aménagements urbains pour limiter les dégâts à l'avenir.
Des séquences fortes
La vigilance rouge déclenchée à la fin d’orages très violents : comment est-ce possible ?
Nous avons suivi un spécialiste météo : il nous promettait un orage diluvien à Nîmes. Météo-France avait lancé une vigilance orange pluie-inondation mais pas de vigilance rouge. Nous avons pourtant vécu avec lui un phénomène extrêmement soudain et violent avec des inondations ! La vigilance rouge a fini par tomber vers 2 heures du matin, quand le gros de l’orage était déjà passé.
Les Français qui font eux-mêmes leurs propres prévisions
Saviez-vous qu’il existe en France 800 stations météo montées par les bénévoles de l’association InfoClimat ? Ou que des communes financent elles-mêmes la surveillance de leurs cours d’eau ? Il y a pourtant un service de l'État dédié mais il ne contrôle pas l’intégralité des cours d’eau à risque. Alors, chacun se débrouille comme il peut.
Une première en France : la police municipale en véhicule amphibie
La commune de Mandelieu-la-Napoule, frappée trois fois ces dernières années par des inondations monstres, a investi dans des véhicules amphibies ! Conçus par et pour l’armée suédoise, ils permettent d’aller porter secours aux sinistrés dans les cas extrêmes. Une première en France !
Laves torrentielles : les scientifiques se penchent sur ce phénomène imprévisible
© ViralHog/François Voeffray
Les images sont extrêmement impressionnantes : c’est une sorte de coulée de boue solide qui dévale les pentes à cause d’orages très localisés en montagne. Les scientifiques se penchent sur ce phénomène pour adapter les ponts et les barrages et éviter des catastrophes.
Bassins de rétention : la bonne excuse pour continuer à bétonner
On aurait pu penser que dans les zones déjà inondées par le passé, on arrêterait de bétonner pour laisser le sol absorber la pluie… mais non ! On continue de construire et donc d’aggraver encore le ruissellement vers les cours d’eau. Pour avoir le droit de bétonner, il faut désormais construire un bassin de rétention. Il retient les eaux de pluie pendant les orages pour faire s’écouler l’eau lentement dans la nature ensuite. Mais cette technique ne remplace pas l’efficacité d’un sol naturel. En plus, ces bassins sont souvent très mal contrôlés et mal entretenus.
Des combattants
Loïc Spadafora
Traumatisé enfant par un orage particulièrement violent dans son Sud natal, ce passionné de météo consacre sa vie à alerter les citoyens des épisodes météo extrêmes. Loïc dénonce les coupes budgétaires à Météo-France et se bat pour une meilleure information des populations avant les orages les plus dangereux.
Francine Bégou-Piérini
« Je n’ai QUE 83 ans ! » C’est ainsi que se présente cette militante acharnée contre la bétonisation de Biot (Alpes-Maritimes). Victime d’une inondation en 2015, elle tient tête aux promoteurs immobiliers autour de chez elle avec une énergie incroyable pour qu’ils renoncent à imperméabiliser les sols.
Serge Zaka
Chasseur d’orages, Serge s'investit à 100 % dans l’association InfoClimat pour rendre les informations météo accessibles au plus grand nombre. Ce chercheur en agrométéorologie aux allures de cow-boy se démène pour collecter un maximum de données et documenter l’évolution de la météo.
Éric Daniel-Lacombe
C’est LE grand spécialiste de l’urbanisme en zone inondable ! Éric a créé un quartier entièrement résistant aux inondations à Romorantin (Loir-et-Cher). Depuis, il invente de nouveaux aménagements dans la vallée de la Vésubie et ailleurs pour protéger les habitants des tempêtes à venir.
Présentation
Hugo Clément
Production
Winter Productions
Production
Régis Lamanna-Rodat
Hugo Clément
Rédaction en chef
Pierre Grange
Réalisation
Mathilde Bouttemy
Unité documentaire
Catherine Alvaresse
Antonio Grigolini
Xavier Grimault
Benoît Raio de San Lazaro
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