Résumé
Ils sont douze lycéens à se retrouver chaque vendredi à l'heure du déjeuner, entre deux cours, dans la salle de Guillaume Lafond, leur professeur. Il les accompagne depuis la seconde, avec esprit, humour et rigueur, dans les études de Grec, Latin et Français, au Lycée Charlemagne, un des plus prestigieux de la capitale.
Ces douze lycéens ne se réunissent pas pour un cours, mais pour une activité extra-scolaire à laquelle ils participent depuis deux ans : Noé, Paola, Léonore, Théa, Anissa, Nine, Miléva, Max, Pernelle, Ju, Lili, Noémie, Alicia, Agathe, constituent le comité d'organisation du concours d'éloquence qui a lieu au mois de mai.
Tout est parti d'une idée de Guillaume Lafond en 2021 : lancer un concours d’éloquence. Le concours de l'année dernière est resté marqué dans les mémoires pour son degré d'exigence. Guillaume a insufflé beaucoup d'enthousiasme pour l'organisation de cette seconde édition. Admiratif de l'esprit et de l'inventivité de ses élèves, il comprend et stimule leur désir de réflexion sur le monde qui les entoure en insufflant cette émulation autour de l’éloquence. Il leur fournit les outils pour acquérir l’autonomie de travail, la liberté de pensée et la responsabilité que cela engage, pour que ce concours amène à de brillantes prises de parole.
On assiste au cheminement de leur réflexion autour de l’art oratoire et du pouvoir de la parole. Au fur et à mesure, les élèves en maîtrisent la technicité pour s’en affranchir dans le même temps, et discourir avec brio.
Chaque membre du comité du concours d’éloquence est très impliqué dans l’organisation de l’événement. Les tâches à accomplir sont nombreuses, et le défi, encore plus difficile à relever pour ces élèves de Terminale, en pleine préparation de leur baccalauréat.
C'est la fin d'un cycle important : une étape essentielle de formation, et le passage à l'âge adulte.
Notes d'intention
Gianluca Matarrese
Ce projet de film représente pour moi l'occasion d'explorer deux sujets qui m'ont toujours passionné : l'adolescence et la parole.
Je suis profondément fasciné par l'univers de la jeunesse, des adultes en devenir. C'est pour cette raison que j'associe ma profession de réalisateur à ma passion de la transmission. J'enseigne régulièrement en école (collèges, lycées et universités) l'histoire du cinéma et la création audiovisuelle (écriture scénaristique et réalisation). Avec Guillaume Lafond, nous avions animé des ateliers de cinéma durant deux ans, au sein du collège où ce dernier enseignait les lettres. Cette expérience a abouti à la réalisation de deux films courts qui ont voyagé dans des festivals (prix du meilleur court-métrage au Festival de Turin, Newport Beach Film Festival) et qui ont permis à des jeunes de toucher aux métiers de l'audiovisuel ; certains en ont fait d'ailleurs leur vocation en poursuivant des études dans cette voie.
En analysant mon parcours personnel, je pense à ma propre phase de construction, à l'école, aux professeurs qui par leur parole virtuose m'ont fait aimer une matière ; ils étaient animés par une véritable vocation, une passion, un feu de transmission.
C'est ce que je ressens chez Guillaume quand je l'observe travailler : je trouve cet enseignant émouvant, courageux, nécessaire. Je me dis toujours que ses jeunes élèves ont une vraie chance, un privilège unique. Après avoir assisté au concours d'éloquence l'année dernière, j'ai été touché par la finesse de la pensée de ces adolescents et leur appétit de savoir : j'ai eu tout de suite envie de questionner les circonstances lumineuses dans lesquelles ces jeunes évoluent. J'ai eu le désir de capturer le chemin de formation qu'ils ont emprunté.
À travers la parabole de ces adolescents en activité, je fais écho à ma formation intellectuelle et à mon histoire. J'ai eu les moyens de me former, j'en ai profité : j'ai aimé étudier, et ai travaillé avec enthousiasme. La maîtrise de la parole a été déterminante dans ma réussite.
Guillaume Lafond
Enseignant au collège, puis au lycée à Paris, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de travailler sur des projets de films, avec des adolescents, et en collaboration avec Gianluca Matarrese : leur parole a une fraicheur et une intégrité qui en dit parfois long sur notre société.
Professeur de Lettres classiques au lycée Charlemagne, j'enseigne aujourd'hui à mes élèves l'art oratoire et j'encadre un concours d'éloquence qui m'a montré combien la parole des adolescents est riche quand elle est érudite et à la fois très libre.
Cette parole des jeunes, j'ai pensé qu'on ne l'entendait pas assez et qu'on la dénigrait souvent, comme si on doutait désormais, à l'heure des réseaux sociaux, de la qualité de leur éloquence ; elle est pourtant incroyablement enthousiasmante et subtile.
Via ce concours et son organisation, j'ai eu envie de faire un film sur ces adolescents qu'on qualifie d'élite parce qu'ils sont dans des lycées qui sélectionnent, mais qui ne savent plus s'il faut être fier de ce parcours ou s'il faut s'en cacher.
Le sujet du concours et d’une certaine manière, celui du film, soulève un dilemme. Un dilemme qui confronte les ambitions de ces futurs étudiants, au soupçon qui vise cette jeunesse privilégiée : élite en formation ou apprentis délinquants de la parole ? La maitrise de l'éloquence, « privilège » des élites et moteur d'élévation, entre dans une ère de soupçons et celui qui l'acquiert devient un ennemi...
Le documentaire montre une adolescence politisée qui remet en question sa formation intellectuelle, le pouvoir de la rhétorique et décrypte la parole des puissants, tout en apprenant les techniques de l'orateur.
#INFRAROUGE
Présentation
Marie Drucker
Un film de
Gianluca Matarrese
Écrit par
Gianluca Matarrese et Guillaume Lafond
Produit par
Hind Saïh
Production
Bellota Films
Avec la participation de
France Télévisions
Pôle documentaires société et géopolitique de France Télévisions
Catherine Alvaresse
Antonio Grigolini
Renaud Allilaire
Julie de Mareuil
Sophie Chegaray
A voir sur
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