À Mayotte, dans un contexte économique et politique particulièrement tendu, trois femmes se battent pour sortir de la précarité. Pour y arriver, elles ont décidé de créer leur entreprise en demandant un micro-crédit. Asmine, qui se débrouille seule depuis ses 15 ans, souhaite ouvrir un salon de beauté ; Albertine, une jeune Malgache qui a quitté son pays voilà quatre ans, a choisi de créer un snack, et Fatima veut construire des serres pour protéger ses plantations sans pesticides. Ensemble, elles incarnent une génération de femmes qui assument leur désir d’émancipation.
Mayotte, 101e département français, est tristement connu pour sa situation de crise économique et sociale. La sous-bancarisation de la population mahoraise est en grande partie inhérente aux caractéristiques socio-démographiques de l'île. Et le taux d’accès aux crédits professionnels n’est que de 12 %. Ainsi, les difficultés d'accès au crédit entretiennent le processus d'exclusion sociale. Face à cette impasse, le micro-crédit se présente comme une solution, offrant des possibilités de prêts à des populations qui ne peuvent bénéficier de l'offre de crédit classique proposée par les banques.
À Mayotte, les femmes, immigrées ou natives de l'île, représentent près des deux tiers des bénéficiaires des micro-crédits, contre 45 % sur la France entière. Ce sont souvent des femmes célibataires, en situation de parent isolé qui, par nécessité, sont contraintes de se créer un pouvoir économique, en devenant cheffes d’entreprise. Très peu sont formées à la gestion et à la comptabilité. Elles sont même peu nombreuses à parler français. Le micro-crédit est leur seule solution. Et si 90 % des bénéficiaires de micro-crédit vivent sous le seuil de pauvreté au moment de contracter le prêt, ils ne sont plus que 4 % après trois ans d’activité. En contractant ce crédit, elles s'engagent donc dans un apprentissage, prennent confiance en elles, gagnent en indépendance et se donnent la perspective d'une autre vie.
À travers le parcours emblématique de trois habitantes de l'archipel, le film rend visibles ces femmes audacieuses et tenaces.
Fatima, du haut de ses 52 ans, représente cette génération qui n’a pu aller à l’école, qui ne maîtrise pas le français mais qui a su se réinventer pour ses huit enfants, pour qu’eux puissent suivre une scolarité. A l’image d’Asmine, 25 ans, un BTS en poche, qui a décidé de lancer sa petite entreprise. Mais l’envers du décor est moins joyeux : abandonnée par ses parents, Asmine a dû gérer sa vie seule dès ses 15 ans. Albertine, elle, raconte l’immigration malgache, ceux qui rejoignent l’archipel pour une vie meilleure.
Nous suivons leur quotidien fait de labeurs, de contraintes, de peurs, mais aussi d’inventivité et de joies : la découverte – intimidante – du micro-crédit et du langage de l’entrepreneuriat pour Albertine, l’enthousiasme et les déconvenues du démarrage pour Asmine, et enfin la fierté et la transmission pour Fatima.
Le documentaire s’inscrit dans leur présent et dans leur réalité de femme et de mère. Il met en lumière les Mahoraises, celles qui dirigent aujourd'hui plus de la moitié des sociétés du département. Grâce à elles, à leur enthousiasme, à leur persévérance, la construction et le développement de Mayotte se poursuivent.
Inédit
52 min
Réalisation
Anne Fonteneau
Production
Crestar Productions
La Clairière Ouest
Avec la participation de
France Télévisions
et TV5 Monde
Et le soutien du
Centre National du Cinéma et de l'image animée
Responsable de programmes
Aurélie Hamelin-Mansion
Direction de la stratégie éditoriale du pôle Outre-mer
Rémi Festa
Christelle Lefrançois
Directeur de la stratégie éditoriale du pôle Outre-mer
Laurent Corteel
2023