Résumé
Lucie, Adam, Daouda, Ryan et Maéva sont élèves au collège de la Grange aux Belles à Paris. Ils vivent une adolescence comme les autres, ou presque : aveugles ou mal-voyants, ils sont encadrés par le dispositif ULIS (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire), qui leur permet de suivre une scolarité classique, parfaitement intégrés. Pour certains, la cécité est un événement encore récent, douloureux parfois. Pour d’autres, elle a toujours été là. Si leur quotidien est celui de tous les jeunes de leur âge, parsemé de rires, d’amitiés intenses et de premiers émois, ils ont appris à contourner les obstacles que le handicap place sur leur chemin. Nous les suivons dans leurs luttes, leurs petites et grandes victoires. Leur complicité leur permet de traverser les épreuves, et de penser leur avenir : sur le long chemin de l’acceptation, ils nous partagent leur féroce appétit de vivre "comme les autres".
Note d'intention de Julie Bertuccelli, réalisatrice
"Perdre la vue. Perdre son regard. Mon cauchemar, moi qui me suis construite en femme d’image, faisant partager ma vision du monde via le cinéma. Je m’imagine parfois sans vue, je me plonge dans cet univers aveugle où tous les sens doivent compenser le manque. Je touche du doigt les barrières qui se dressent aux non-voyant.e.s. Le vertige me saisit.
Pour préparer ce documentaire, je suis retournée au collège de la Grange-aux-Belles dans le 10e arrondissement de Paris, où j’avais filmé La Cour de Babel il y a 10 ans. C’est l’un des rares collèges parisiens à disposer d’un dispositif dédié aux enfants en situation de déficience visuelle pour les intégrer complètement en classe avec tous les autres collégiens. Ce dispositif est plus proche et à l’écoute de leurs problématiques spécifiques, et fait tout ce qu’il faut pour que l’ensemble des collégiens et du corps enseignant soit initié, adapté et attentif à ces élèves qui traversent ces épreuves particulières, éprouvantes et épuisantes, dans leur apprentissage.
L’idée de ce documentaire est de s’intéresser à l’adolescence de ces jeunes en situation de handicap, en montrant leur présent aussi intense, sensible et émouvant que celui de tout autre jeune. Leur quotidien se nourrit de ce petit plus qu’apporte le handicap : il faut sans cesse trouver des solutions dans un monde qui n’a pas anticipé leur existence, développer des trésors d’imagination pour s’adapter, attraper partout les informations qui permettent d’avoir accès aux éléments visuels, résister aux humiliations, et apprendre à en rire. La pitié, le rejet,
la peur qu’ils inspirent leur sont familières. Ils savent qu’il faudra repousser les préjugés qui les attendent. Ainsi, et malgré eux, ils sont des combattants, les héros d’une épopée quotidienne. Ce n’est pas un hasard si Homère était aveugle. En partageant le quotidien d’un groupe d’adolescent.es, nous partageons leurs espoirs et leurs craintes : la promesse d’une vie future et l’appréhension de l’avenir. Comment, à cet âge particulier d’initiation, de construction, de fantasme et d’introduction au monde des adultes, un handicap comme celui-là (et comme beaucoup d’autres) induit des inégalités et des injustices que la société peine à régler ?
Note d'intention d'Anne-Sarah Kertudo, co-autrice du documentaire
"Il faut que les gens vous voient, qu’ils découvrent votre quotidien, qu’ils comprennent que vous êtes des jeunes filles et garçons comme les autres, normaux, simplement que vous voyez peu ou pas du tout. Il faut que ces gens réalisent que vous avez besoin d’eux parfois pour vous guider dans la rue, besoin d’un coup de main au supermarché. Les voyants ont besoin de vous pour avoir moins peur de la différence et de ce qu’ils ne connaissent pas. Ce film, il servira à ça."
Voilà les paroles que j’ai adressées aux jeunes filles et garçons de la classe Ulis du collège de la Grange aux Belles lorsqu’il s’est agi de leur présenter le projet. Je les connaissais déjà car l’association Droit Pluriel que je dirige avait créé avec eux un podcast sur les droits des jeunes en situation de handicap.
Ils ont pris un peu de temps pour réfléchir et ils ont dit oui. En tant que co-autrice du documentaire, je les remercie de leur confiance. Je les remercie aussi pour leur courage et leur générosité. Enfin, en tant que femme aveugle, je leur dis merci parce qu’ils agissent concrètement pour l’inclusion et l’égalité.
Un documentaire diffusé dans le cadre d'une soirée spéciale autour de la thématique de la déficience visuelle : CP en cliquant sur le lien
Après la diffusion du documentaire, en plateau, Marie Drucker reçoit Anne-Sarah Kertudo, co-autrice du documentaire et fondatrice de l'association "Droit Pluriel".
#INFRAROUGE
Présentation
Marie Drucker
Durée
67 min
Un film réalisé par
Julie Bertuccelli
Ecrit par
Julie Bertuccelli et Anne-Sarah Kertudo
Produit par
Cinétévé
Fabienne Servan Schreiber
Estelle Mauriac
Avec la participation de
France Télévisions
Pôle documentaire
Catherine Alvaresse
Antonio Grigolini
Renaud Allilaire
Sophie Chegaray
Julie de Mareuil
Documentaire disponible
en audiodescription.
À voir sur
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